La construction d’un bâtiment au moyen de conteneurs recyclés nécessite une certaine adaptation des entrepreneurs et de l’équipe participant à la réalisation d’un tel projet. Cependant, plusieurs avantages peuvent être tirés de cette pratique, dont la satisfaction d’acquérir de l’expérience en la matière.
C’est ce que retire Ludovick Gauvin, directeur du département de préfabrication de bâtiments techniques chez SM Construction, filiale du Groupe SM Tardif, de la réalisation de la conception-construction d’un centre d’entrainement pour pompiers, situé à Trois-Rivières. Le bâtiment, fait de dix conteneurs recyclés renforcés et dans lesquels on a fait des ouvertures, comporte quatre étages ainsi qu’une plateforme inclinable à l’aide d’un système hydraulique servant à la simulation d’entrée de bâtiment par le toit en cas d’incendie.
Des plans et devis, ayant principalement trait à l’architecture du bâtiment, ont permis à SM Construction de saisir les besoins et les demandes des pompiers qui utiliseraient le bâtiment. « Ils avaient déjà fait un bon travail de recherche, ils avaient vu certains projets dans le monde qui avaient déjà été faits, souligne Ludovick Gauvin. À cette étape, on connaissait leurs besoins et la quantité de conteneurs requise. Ce qui nous restait à faire, c’était la conception du côté structure et réussir à tout coordonner pour que la préfabrication fonctionne bien. »
C’est d’ailleurs pour les spécificités liées à la structure du bâtiment que SM Construction a fait appel à DaVinci Structures. Comme la structure n’en est pas une conventionnelle en acier, l’appel d’aide externe s’est avéré nécessaire pour sa conception.
Finalement, la préfabrication du bâtiment en usine a été effectuée au cours de l’automne 2020, tandis que son érection sur le terrain s’est faite entre les mois de janvier et de février suivants. « Ce qui est intéressant avec le préfabriqué, c’est qu’on a pu faire les travaux civils et la construction de la dalle en même temps qu’on travaillait sur le bâtiment en usine », soutient-il.
Hors des sentiers battus
La préfabrication comporte de nombreux avantages : la réduction des couts, la limitation des pertes en termes de ressources, le resserrement de l’échéancier ainsi que tous les bénéfices de travailler dans un milieu contrôlé. Mais les bâtiments préfabriqués et faits de conteneurs recyclés engendrent-ils aussi quelques défis ?
Oui, et le principal défi concernerait l’intégrité structurale des conteneurs : « Il faut bien comprendre le système structurel de conteneurs, pour ensuite les renforcer de façon simple, facile et efficace », déclare Vincent Gagné, président et directeur général de DaVinci Structures. Car le poids appliqué sur la structure et les ouvertures pratiquées sur ces derniers engendrent nécessairement un impact sur l’intégrité structurale des conteneurs. « On a aussi dû regarder l’aspect sismique en cas de tremblement de terre et la charge de vent pour s’assurer que les conteneurs y résistent et qu’ils se connectent ensemble pour transmettre les efforts jusqu’aux fondations », ajoute ce dernier.
Et comme la construction d’un bâtiment à l’aide de conteneurs recyclés constitue toujours une pratique qui sort de l’ordinaire, les cadres définissant les bonnes pratiques à adopter demeurent flous pour ce genre de constructions : « Il n’y a pas encore de choses précises du côté des normes en la matière. On a donc dû faire preuve de jugement et s’assurer qu’on respectait les codes sans avoir quelque chose de très précis à cet effet », soutient Ludovick Gauvin. « On n’a rien dans nos livres ou dans la théorie qui explique clairement comment gérer un bâtiment fait avec des conteneurs. On sort des sentiers battus.
On a dû faire des modèles, faire des simulations pour voir comment ça pouvait se comporter… il a fallu qu’on réfléchisse et qu’on fasse des analyses. Ça n’a pas été simple », renchérit Vincent Gagné. Finalement, comme pour tout autre ouvrage préfabriqué, l’obligation de bien prévoir tous les aspects du chantier constitue elle aussi un défi rencontré lors de la réalisation du projet. « On essaie d’en faire le plus possible en usine, explique l’expert en préfabrication de bâtiments. Tout a été pensé, du côté de l’électricité par exemple, avec des boites et des connecteurs pour faire le cheminement de l’électricité dans des endroits stratégiques, ce qui a facilité l’installation. »
Grâce à cette stratégie, uniquement deux électriciens et deux jours de travail auront été nécessaires pour la réalisation des travaux électriques sur le terrain. Bien que la construction du centre d’entrainement comptait quelques défis, c’est haut la main que SM Construction – avec l’aide indispensable de DaVinci Structures – les a relevés. « Ça a pris deux appels d’offres avant que le contrat ne soit octroyé, donc nous étions bien contents de réaliser ce projet qui impliquait de beaux casse-têtes, mais qui constitue une grande fierté pour nous », conclut Ludovick Gauvin.
Cet article est tiré du Supplément thématique – Bâtiment 2021. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !
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