Construire plus rapidement grâce au modulaire préfabriqué

Fin août 2024, l’organisme gouvernemental a ainsi lancé un appel de qualification pour la conception-construction de 500 logements préfabriqués sur tout le territoire du Québec.

En prenant en compte la pénurie de main-d’oeuvre, la hausse du coût des matériaux et les pressions exercées par la croissance démographique, pas étonnant que les prévisions n’augurent rien de bon : la province pourrait connaître un déficit de 830 000 logements en 2030.

« La capacité du Québec de produire [de nouveaux logements] en mode traditionnel n’est pas suffisante pour subvenir à la demande », reconnaît Pascal Castonguay, directeur général de l’expertise à la SHQ.

Pour tenter d’inverser la tendance, l’organisme mise notamment sur la construction modulaire hautement préfabriquée. Confectionnées et assemblées en usine, les unités modulaires sont ensuite installées sur site et, après quelques finitions, elles sont prêtes à être habitées.

La solution préfabriquée

Si la pression sur le marché locatif est bien réelle, les pistes de solutions le sont aussi. Sébastien Olivier, directeur des communications et des relations externes à la SHQ, décrit « une industrie [de la construction au Québec] qui évolue vers la préfabrication ». Selon lui, l’industrie « possède, maîtrise et développe des technologies de pointe » adaptées aux besoins du préfabriqué, entre autres grâce au soutien de la SHQ.

L’automatisation et la robotisation en usine permettent une rapidité d’exécution en limitant les besoins en main-d’oeuvre, exemplifie Pascal Castonguay. « En ce moment, on fait la conception, et puis la réalisation… et on recommence pour des petits ajustements » d’un projet à un autre, poursuit-il. Une perte de temps, de ressources et de matériaux pouvant être évitée par « la répétabilité du même concept » qu’implique la construction modulaire hautement préfabriquée.

« Cela ne veut pas dire qu’on veut une uniformité complète », précise-t-il, ajoutant qu’« on a besoin de la créativité des architectes pour être répétable en usine, mais capable d’adapter la solution et d’avoir une esthétique et une qualité architecturale ». L’objectif : standardiser les modules, sans les priver d’identité.

Le processus de fabrication en usine implique la « mise en place d’outils de contrôle et de vérification faisant en sorte que le produit en bout de chaîne est uniforme, contrôlé et validé », assure Pascal Castonguay. Des outils « plus difficiles à appliquer dans un mode traditionnel », reconnaît-il.

Mais c’est principalement du fait de sa rapidité d’exécution que la construction modulaire hautement préfabriquée se démarque. La preuve? Les projets-pilotes menés jusqu’à présent par la SHQ.

Projets-pilotes

À la Jamésie, dans le Nord-du-Québec, c’est une soumission en mode préfabriqué qui remporte l’appel d’offres pour un projet de 12 logements. « Les prix se rapprochaient, mais les délais de fabrication ont fait toute la différence », soutient Pascal Castonguay. Le contrat est signé en octobre 2023 et livré en juin de l’année suivante.

Dans les municipalités de Maria et de Gaspé, la construction modulaire préfabriquée vient à la rescousse pour loger rapidement des infirmières et infirmiers recrutés à l’international. Les 16 unités d’habitation, réparties également entre les deux municipalités, sont complétées en huit mois, à partir de l’ouverture des contrats. « Les cuisines étaient là, le mobilier, les comptoirs… il n’y avait pas les tables et les chaises, mais tout ce qui était fixe est arrivé complètement assemblé », se réjouit le directeur général de l’expertise à la SHQ.

Le même exploit est en train de se dessiner à Jonquière, où 52 logements sont en phase d’être construits pour remplacer un HLM détruit par un incendie. Les modules sont fabriqués en usine et livrés sur site en seulement huit semaines, auxquelles il faut ajouter un délai de six mois pour les finitions intérieures et extérieures. « D’un bout à l’autre, à partir de la conception, le projet va durer 15 mois. »

Confortée dans son enthousiasme pour la construction modulaire hautement préfabriquée, la SHQ veut continuer à pousser la barre plus haut, explorant les modes collaboratifs. « Être à l’écoute, c’est ce qui ressort de ces trois projets pilotes. »

« Voir autrement » : le pari de la SHQ

Un appel de qualification a été lancé par le gouvernement du Canada et le gouvernement du Québec, fin août, par l’entremise de la SHQ. Les consortiums qui seront choisis pour la construction de 500 logements hautement préfabriqués seront ensuite accompagnés par la SHQ afin d’optimiser leurs solutions et de développer le modèle immobilier de référence. En janvier, un appel à projets a été lancé pour les promoteurs intéressés par ce type d’habitations. Suivra une période de maillage avec les consortiums sélectionnés, réunissant fabricants, professionnels, architectes, ingénieurs et entrepreneurs généraux.

« Les fabricants sont normalement en bout de course. Là, on vient plutôt les mettre au début : on s’assoit avec eux et on voit avec eux quelles sont leurs cibles » afin de déterminer comment les atteindre, soulève Pascal Castonguay. La SHQ a choisi de ne pas développer un catalogue d’habitations modulaires hautement préfabriquées, mais de concevoir chaque projet à partir du « catalogue de capacités que l’industrie a à nous offrir ».

En alliant préfabriqué et modes de réalisations collaboratifs, la SHQ sort vraiment des sentiers battus. Le regard tourné vers l’avenir, elle espère renouveler l’expérience si tout se passe bien dans la construction des 500 premières unités. Voire, continuer d’innover autrement : « Nous sommes ouverts à toutes initiatives pour répondre rapidement aux besoins », confirme Sébastien Olivier.