Assurer la relève est une préoccupation importante pour les entreprises en quête de pérennité. Les entreprises Lévisiennes en savent quelque chose : elles en sont rendues à la troisième génération de la famille Bergeron à leur tête. Recette d’une transition gagnante selon une entreprise familiale de père en fils.
Fondée en 1967 par les frères Jean-Marc, René et Napoléon Bergeron, l’entreprise spécialisée en fabrication et pose d’enrobés bitumineux, communément appelés asphalte, œuvre dans les secteurs municipal, commercial et résidentiel. Elle connaît aujourd’hui une troisième génération de Bergeron aux commandes, aujourd’hui entre les mains de Pierre-Luc, Carl et Joey Bergeron.
« Pour l’histoire, raconte Carl Bergeron, Jean-Guy, notre président actuel et fier représentant de la deuxième génération à la barre des Entreprises, est le fils de Jean-Marc. Joey, fils de Jean-Guy, est par conséquent le petit-fils de Jean-Marc. Quant à Pierre-Luc et moi, nous sommes les fils de Roger (aussi issu de la deuxième génération et aujourd’hui à la retraite), lui-même fils de René. Nous sommes donc les petits-fils de René. Mais pour simplifier tout ça, si on remonte à nos grands-pères, nous sommes des petits-cousins. »
ADN de la culture de l’entreprise familiale
Du fait de travailler en famille découle une relation de confiance qui n’existe pas ailleurs, une cohésion de groupe qui favorise la communication, ce qui est fort apprécié au sein de la fratrie. Chacun apporte sa pierre à l’édifice et en retire une grande fierté. Pour Carl, cela a toujours été une expérience positive. « Nous avons débuté dans l’entreprise vers l’âge de 15 ans dans le cadre d’emploi saison- nier, ce qui fait que la majorité de notre vie au travail s’est faite ici, relate-t-il. Cela fait partie de notre ADN, c’est sans contredit! »
Selon Carl, prendre les rênes de l’entreprise familiale s’est fait tout naturellement. « J’ai entrepris des études en comptabilité afin de poursuivre, en 2010, dans les bureaux pour ensuite prendre la relève. De fil en aiguille, j’ai commencé à aimer de plus en plus l’entreprise et la gestion et depuis, l’intérêt n’a jamais cessé de croître. » Même constat du côté de Pierre-Luc : « Tout s’est fait graduellement et de notre propre chef. Carl et moi sommes devenus actionnaires en 2018, avec des discussions pour la reprise de l’entreprise qui ont débuté environ deux ans auparavant. Tous deux nous occupons maintenant le poste de vice-président. Il importe de souligner que nos deux parents étaient aussi des administrateurs, ce qui a sûrement influencé nos choix. Pour ce qui est de Joey, c’est en devenir, mais il prendra la relève de son père en temps et lieu. »
Joey, qui poursuit ses études en génie et qui occupe présentement le poste de chargé de projet, a un parcours un peu différent puisqu’il a connu l’expérience de travailler à l’extérieur de l’entreprise familiale, dans une plus grosse usine. Il avoue toutefois préférer l’expérience familiale, et ce, particulièrement pour l’ambiance qui y règne. « Personne ne m’a mis de la pression pour que j’intègre les rangs, sinon moi-même, un petit peu. Et en fin de compte, ça a été une bonne chose. La décision de reprendre l’entreprise n’a pas influencé mon parcours académique, mais de voir autre chose fut sans aucun doute une expérience positive. »
Transmission de l’entreprise
Continuer l’œuvre des générations précédentes tout en faisant évoluer l’entreprise constitue très certainement un challenge important pour quiconque souhaite reprendre le flambeau familial. Comme le mentionne Carl Bergeron, Les Entreprises Lévisiennes sont une petite entreprise qui joue dans un gros marché, mais aussi une grosse entreprise dans un petit marché quand il s’agit du résidentiel. « Nous nous battons contre des multinationales, et le défi est de demeurer à la page sans faire des investissements considérables qui pourraient nous pénaliser au bout du compte. »
Même son de cloche du côté de Pierre-Luc : « Notre intérêt numéro un, c’est de garder la santé de l’entreprise. Nous voulons l’améliorer en matière de technologie, mais nous ne voulons pas la crasher non plus en faisant des folies ! »
Préparation et planification
Le travail au sein du giron familial constitue un avantage fort à condition de bien préparer le passage à la génération suivante. Mettre une stratégie sur le long terme afin d’anticiper l’avenir, élaborer un plan pour faciliter les étapes de la passation du flambeau et ne pas hésiter à se faire accompagner par des acteurs externes le plus tôt possible en vue d’être bien épaulé constituent les clés d’une transition réussie. Une entreprise qui passe d’un propriétaire à l’autre, même à l’intérieur du cercle familial, peut avoir des conséquences importantes, notamment sur le plan administratif, légal et fiscal. Un accompagnement approprié et une planification minutieuse seront tout indiqués, autant pour le cédant que pour les repreneurs. Et ça, les Bergeron l’ont bien compris.
« Nous avons vraiment été bien pris en charge par les différents professionnels, qu’il s’agisse des notaires, fiscalistes ou comptables, indique Carl Bergeron. On ne le dira jamais assez, mais il ne faut surtout pas hésiter à faire appel aux professionnels en amont, et ce, même si ça peut paraître onéreux, car en fin de compte, ça risque de coûter beaucoup plus cher si on ne fait pas les choses comme il se doit. »
La nouvelle génération de Bergeron n’a que de bons mots à l’égard de leurs prédécesseurs, et tous trois soutiennent que leur collaboration exceptionnelle a largement contribué à la réussite du processus de relève jusqu’à maintenant. « Jean-Guy, notamment, notre président actuel, est un excellent mentor, généreux dans les informations qu’il nous prodigue et pas du tout avare de son temps, souligne Carl. Il est toujours là pour répondre à nos questions et il n’est pas rare que nous nous retrouvions tous les quatre dans son bureau à parler de différentes choses pendant un bon laps de temps. »
Tous trois reconnaissent que l’ouverture d’esprit des propriétaires actuels a facilité le processus de transition de manière importante. Le respect mutuel et la communication ont aussi assuré une belle relève à l’entreprise. « Jean-Marc, René et Napoléon ont, à leur façon, amené l’entreprise à un certain niveau, puis Roger, Jean-Guy et Claude l’ont amené à un autre. C’était leur bébé et ils ont travaillé dur pour ça, constate Pierre-Luc. » Le travail de toute une vie, pourrait-on dire, dont la volonté de durer se relaye à une troisième génération de Bergeron.
- Élaborer une stratégie sur le long terme
- Établir un plan de succession solide et détaillé
- Ne pas hésiter à faire appel aux professionnels
- Une bonne communication pour favoriser une entente entre les membres de la famille et les collaborateurs
- Être transparent en divulguant toutes les informations pertinentes visant une meilleure compréhension de la stratégie de l’entreprise familiale
Cet article est tiré du Magazine – Les Leaders de la construction 2024. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !
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