Capitale-Nationale : un terreau fertile pour l'industrie de la construction

17 juin 2024
Par Benoit Poirier

Avec sa localisation géographique plus qu’enviable et son activité effrénée alliée à son audace, son caractère paisible et son enthousiasme contagieux, la grande région de la Capitale-Nationale a de quoi séduire. Deux importants acteurs de l’industrie de la construction témoignent.

Le tout premier projet d’envergure de la deuxième plus importante entreprise de construction au Québec et qui oeuvrait alors sous la raison sociale d’Entreprise Bon Conseil, visait l’agrandissement de l’actuel Cégep de SainteFoy, comme le relate Marie-Claude Houle, présidente et chef de la direction d’EBC, qui rayonne à partir de L’Ancienne-Lorette depuis ses origines, en 1968. « Durant ces années-là, c’était le boom du développement au Québec. Surtout dans le secteur public. »

 

Les choses se sont rapidement précipitées. L’entreprise n’a pas tardé à se déplacer, notamment au Lac-Saint-Jean et dans le Bas-Saint-Laurent, pour la réalisation de projets surtout institutionnels. « Nous sommes toujours sortis de la région. Nous sommes maintenant une entreprise pancanadienne. Et nous avons toujours été diversifiés. Actuellement, nous sommes beaucoup dans les grands projets routiers, les grands axes urbains. »

 

Se sont entre autres succédé au fil des années plusieurs pavillons à l’Université Laval, le réaménagement complet de l’échangeur des autoroutes Robert-Bourrassa (A-740) et Charest (A-440), la réhabilitation et la reconstruction de quais au port de Québec, plusieurs barrages et centrales d’Hydro-Québec, le projet intégré SRB Pie-IX, à Montréal, le siège social de la CNESST, le Complexe pavillonnaire de recherche Valcartier, divers pavillons hospitaliers, résidences et écoles à travers le territoire québécois, tout comme plusieurs immeubles commerciaux d’envergure. Prochain jalon, le nouveau pont de l’île d’Orléans.

 

Pour sa part, Nova Construction évolue principalement dans les secteurs résidentiel, multirésidentiel et commercial, avec quelques escapades du côté des routes et du génie civil. L’entreprise familiale née en 1984 à Québec œuvre principalement dans la Capitale-Nationale, mais a également concrétisé des projets dans les régions de Charlevoix, du Bas-Saint-Laurent et de Gatineau. Quant aux projets majeurs qui ont donné à l’entreprise l’occasion de développer son expertise propre, son vice-président construction, Martino Néron, mentionne le Centre hospitalier de soins de longue durée (CHSLD) de Pont-Rouge, voilà une dizaine d’années, le premier projet au Québec pour lequel on a eu recours au principe de roue thermique pour l’assèchement d’une dalle. Aussi, la restauration du bâtiment et de la chapelle de la maison provinciale des Sœurs servantes du Saint-Cœur de Marie, à Beauport. Présence d’amiante, renforcement de la structure, recherche d’approvisionnement en bloc de chanvre : « Je n’ai jamais rencontré autant de problèmes dans un seul contrat ! Mais nos partenaires disent que c’est le plus beau que nous n’avons jamais réalisé. »

 

Après la livraison du WOW l’an dernier, le constructeur planche actuellement avec le promoteur Douville, Moffet et Associés sur un projet de 400 logements, à Lévis, pour 2025 et 2027. Tout est toutefois relatif, insiste Martino Néron, les mandats les plus onéreux ne sont pas toujours les plus formateurs. Il donne comme exemple un contrat modeste, mais combien complexe, réalisé au Centre d’optique, photonique et lasers de l’Université Laval, avec entre autres défis de devoir composer avec de la fibre optique et des chambres blanches.

 

En aparté, les deux acteurs de l’industrie soulignent la qualité de vie exceptionnelle qu’offre Québec et ses environs. À l’écart des perpétuels embouteillages, tout près de grandes institutions de la santé, éducatives, culturelles et aéroportuaires ainsi qu’à quelques minutes de multiples activités de plein air. « Pour nous, qui aimons les projets structurants, les projets d’envergure, nous avons accès à tout cela dans la région de Québec. C’est une fierté. Nous sommes capables de recruter de la bonne main d’œuvre, des gens qui sont heureux », se réjouit Marie-Claude Houle.

 

De l’importance des bonnes relations

Le monde des affaires a certes évolué, ne serait-ce que d’être aujourd’hui joignable 24 heures sur 24. Mais un aspect ne change pas, plaide Martino Néron : « Le savoir-faire d’une entreprise est dans sa main-d’œuvre. » Comme un chef d’orchestre, il revient à l’entrepreneur général de bien la diriger et d’en prendre soin.

 

« C’est comme le ciment dans un mur de brique ; si tu n’as pas de liant, bien les briques ne tiennent pas. » Il en va de même pour les entrepreneurs spécialisés, ajoute-t-il : « Nous leur avons toujours accordé une attention particulière, parce que moi j’ai toujours dit que si on n’a pas les sous-traitants, on est mort. » Ainsi que pour la clientèle : « Pour la majorité des gens, le plus gros investissement demeure une résidence. C’est probablement le plus gros projet qu’ils n’auront jamais. Chaque projet est important. Il faut y prêter l’attention qu’il mérite. »

 

« Nous sommes très impliqués en ce qui a trait aux facteurs ESG. Nous sommes en train de bâtir notre programme de gestion. Nous avons des gens qui sont certifiés LEED et ENVISION. Nous nous informons, nous avons des comités, c’est très dynamique », indique la fille de Fernand Houle, fondateur avec son frère, Germain, d’EBC. Les grands donneurs d’ouvrage le demandent. La tendance est également au mode de construction collaboratif, observe-t-elle. « On sent que la SQI veut aller vers là. Et c’est vers là qu’il faut aller ! Pas pour tous les projets, mais pour plusieurs contrats qui sont difficiles à évaluer, pour lesquels il y a beaucoup de risques. Il faut vraiment faire un meilleur partage des risques entre les entreprises de construction et le client. On sent que ça veut bouger, mais c’est lent. Nous voudrions que ça aille plus vite. »

 

Conseils aux jeunes de tous âges

« Comme pour n’importe quelle région et quel que soit l’entrepreneur en construction, ça prend une bonne équipe de confiance, note Marie-Claude Houle. Ici, c’est un petit marché très compétitif. Les gens se connaissent. Donc ça prend quelqu’un qui va établir de bonnes relations avec ses fournisseurs, ses sous-traitants, qui va agir de façon responsable et éthique, qui va respecter les clients. »

 

Martino Néron prône quant à lui l’harmonie « malgré la chicane qui survient sur les chantiers, les conflits de personnalité. C’est la même chose dans les bureaux. Ce ne sont pas tous les employés qui s’adonnent. Il faut essayer de marier ensemble les gens qui ont le plus d’affinités. Par ailleurs, mon patron, qui est le fondateur – Marcel Parent, aujourd’hui âgé de 81 ans – dirait qu’il faut être visionnaire : "Si tu réfléchis comme les autres, tu vas aller moins loin que si tu réfléchis différemment". » Et lors d’une embauche ? Martino Néron préférera toujours « quelqu’un qui veut, quelqu’un qui en mange. Et je crois que des gens passionnés attirent les gens passionnés. »

 

LES LEADERS DE LA CAPITALE-NATIONALE

Selon notre plus récent palmarès des plus importantes entreprises de construction du Québec.

1

EBC

L’Ancienne-Lorette

Brossard, Montréal, Ottawa (On.), Timmins (On.), Mississauga (On.), Vancouver (C.-B.)

GLR inc., Northec Construction inc.

2

NOVA CONSTRUCTION C.P. INC.

Québec

Nova Construction M.P. inc.

3

GAROY CONSTRUCTION INC.

Québec

4

GUAY INC.

Québec

(24 succursales)

5

LE GROUPE S.M. TARDIF INC.

Québec

Mascouche

SM Construction inc., Pagui inc., Tardif Métal inc.

 


Cet article est tiré du Dossier régional – Capitale-Nationale 2024, accessible gratuitement ici.
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