L’industrie de la construction est souvent en retard lorsqu’il est question d’intégration de nouvelles technologies. Toutefois, l’arrivée récente de la modélisation des données d’un bâtiment (BIM) annonce également une utilisation prochaine de la réalité augmentée sur les chantiers.
Mais qu’est-ce que la réalité augmentée exactement? Et surtout, comment la différencier de la réalité virtuelle? Tout d’abord, la réalité virtuelle plonge l’utilisateur dans un environnement totalement immersif, habituellement avec l’aide d’un casque, où ce dernier peut interagir en temps réel avec les objets virtuels projetés dans la simulation[1].
De son côté, la réalité augmentée ajoute des informations virtuelles dans le monde réel par le biais d’un programme informatique, afin de permettre à l’utilisateur d’interagir avec son environnement. Les applications de réalité augmentée utilisent généralement un ordinateur, une tablette ou un téléphone intelligent dans lesquels les informations supplémentaires ont été ajoutées et peuvent être observées sur l’écran[2].
Selon les applications, une maquette 3D du bâtiment s’affiche automatiquement sur l’écran du téléphone intelligent ou de la tablette, ou bien des éléments du bâtiment apparaissent une fois que l’appareil pointe dans la bonne direction. Grâce à ce type d’outil informatique, un travailleur pourrait être en mesure de déterminer les éléments à installer à l’endroit exact où la tâche doit être effectuée. Par exemple, un mur porteur à construire ou la direction que doit suivre le câblage électrique apparaîtrait aux yeux du travailleur, et ce, avant même le début des travaux![3]
L’utilisation de la réalité augmentée peut faciliter la prise de décision par le partage de l’information plus rapide entre les différents intervenants qui pourront consulter la modélisation, mais également mener à la proposition de modifications au projet. L’utilisation de ces outils, contrairement au BIM qui nécessite des ordinateurs puissants et des spécialistes hautement qualifiés, devrait être plus conviviale[4].
Un avantage évident de cette technologie est la réduction des coûts et l’augmentation de l’efficacité des équipes sur les chantiers. Tout d’abord, les erreurs de conception peuvent être rectifiées plus facilement, et ce, dès le début du projet. Au moment de la construction, une interface visuelle claire pourra fournir des instructions aux équipes sur les chantiers[5].
Un casque de construction réinventé
Le développement de la réalité augmentée pourrait mener, dans les prochaines années, à la transformation de l’équipement le plus emblématique du travailleur : le casque de construction. Certains prototypes munis de caméra et d’appareil de détection permettent de transmettre les informations directement aux yeux de leur utilisateur.
Ces innovations technologiques ouvrent aussi la porte à l’arrivée imminente de la réalité mixte (ou réalité hybride) où les objets du monde réel et d’un monde virtuel peuvent coexister et interagir. Elle nécessite également l’utilisation d’un dispositif permettant de transmettre les informations directement aux yeux du travailleur[6].
On développe, en ce moment, à l’Université Concordia une technologie permettant de superposer des objets virtuels en 3D et du texte devant des objets réels[7]. De son côté, l’entreprise DAQRI travaille également sur un casque permettant d’apercevoir des éléments au travers les différentes structures d’un bâtiment[8].
Encore au stade de développement, ce type de casque est cher, plus d’une dizaine de milliers de dollars! Il se trouve donc loin de faire son apparition sur les chantiers à grande échelle. Il faut également se rappeler que les tentatives d’interagir avec des objets par l’utilisation de la réalité augmentée, comme les «google glass», se sont soldées par des échecs[9].
Toutefois, quelle que soit la forme qu’elle prendra, on peut prévoir que la réalité augmentée fera prochainement partie du quotidien des personnes œuvrant dans l’industrie de la construction. De la conception à la construction, les façons de faire se transformeront.
[1-2-4-6-7] Frédéric Monflier, «Réalité virtuelle et réalité augmentée : technologies de pointe au cœur de l’innovation à Montréal (partie 2)», En Ligne
[3] Pierre Thouverez, «La réalité virtuelle cimentera le bâtiment du futur, fondé sur la maquette numérique», 29 novembre 2017, En Ligne
[5-8-9] Zach Mortice, «Dans le BTP, la réalité augmentée joue les passe-muraille», 26 septembre 2017, En Ligne