Victoria sur le Parc : une tour résidentielle d’une envergure inégalée

En réalité, les tours d’habitation en copropriété se sont multipliées au centre-ville de Montréal ces dernières années, notamment dans le nouveau quartier Griffintown et le Mille carré doré. Mais aucune n’a l’envergure de la future tour Victoria sur le Parc, dont le promoteur revendique déjà le titre de la « plus haute tour résidentielle jamais construite à Montréal ». Culminant à 200 mètres du sol, l’immeuble sis au 700 Saint-Jacques atteindra la limite de hauteur d’édifice conformément à la réglementation de la Ville et du programme particulier d’urbanisme (PPU) du Quartier international en vigueur depuis l’an 2000. Visible à des kilomètres à la ronde, la tour de verre pointera le ciel montréalais avec ses facettes angulaires réfléchissantes lui donnant une allure futuriste. Pour la famille Broccolini, ce projet haut de gamme revêt d’autre part un caractère unique de par son emplacement privilégié au carrefour du Vieux-Montréal, du centre-ville et du quartier des affaires.

La tour d’habitation surmontera un podium commercial de dix étages qui offrira quelque 300 000 pieds carrés d’espace pour des bureaux, incluant un rez-de-chaussée réservé à des commerces de détail. La base plus étendue du podium occupera l’entièreté du terrain entre les rues Notre-Dame Ouest et Saint-Jacques. Un sous-sol de cinq étages fournira 400 places de stationnement pour accommoder les futurs résidents et les usagers du secteur commercial. Victoria sur le Parc comprendra également un passage menant au Montréal souterrain ainsi qu’à la station de métro Square-Victoria-OACI et à la future station du Réseau express métropolitain (REM).

En outre, un immense parc de 45 000 pieds carrés équivalant en superficie à la surface au sol occupée par la tour s’étendra entre les rues Notre-Dame Ouest et Saint-Jacques. Réalisé par la Banque Nationale, cet espace public formera un trait d’union entre le Victoria et le nouveau siège social de l’institution bancaire qui sera construit également par Broccolini sur le lot adjacent.

Une superstructure tout béton

Responsable du développement au groupe immobilier Broccolini, Adam Martelli mentionne que la superstructure du bâtiment sera érigée en béton armé conventionnel avec des murs de cisaillement également en béton armé : « Ceux-ci serviront de contreventements sismiques et éoliens. Seule une section du toit sera construite en acier ».

L’érection de cette structure présentera évidemment quelques défis techniques, notamment en raison de la hauteur du bâtiment, pour hisser et couler le béton des dalles et des colonnes structurales à l’aide de grues à tour et de pompes à béton. Broccolini recourra au système habituel de coffrage et d’étaiement. Il lui faudra aussi prendre des précautions pour ne pas endommager les infrastructures avoisinantes, en plus de devoir composer avec l’achalandage du secteur en ce qui a trait à la circulation.

La première étape des travaux se poursuivra jusqu’à la fin de l’été : « On creusera d’abord une tranchée dans le roc friable pour permettre la construction des murs de fondation en parois moulées de béton armé », précise M. Martelli. Peu utilisée à Montréal, cette technique consiste à construire deux petits muretsguides espacés de l’épaisseur des parois à mouler pour positionner les murs. Les parois sont ensuite creusées par section de quelques mètres de longueur à l’aide d’un trépanbenne monté sur une grue à câble. Au fur et à mesure de l’excavation des sections à la profondeur voulue, la tranchée est remplie de boue bentonitique pour stabiliser les parois.

On y installe ensuite des cages d’armature verticales et des colonnes de bétonnage. Au cours de cette opération, le béton coulé se substitue à la boue qui est progressivement pompée hors de la tranchée. Cette boue récupérée peut être recyclée et réutilisée dans les autres sections des murs de fondation, lesquels seront ancrés dans le roc plus tard. Bien que plus dispendieuse, cette méthode procure des bénéfices indéniables : « Elle assure une meilleure stabilité des sols environnants et permet de réaliser l’ouvrage dans une meilleure séquence des travaux. Elle a aussi comme avantage d’éviter le pompage d’eau quand la nappe phréatique est élevée », précise Jonathan Filiatreault, chargé de projet chez Construction Broccolini.

Une fois les murs de fondation coulés, il restera à décontaminer le sol en surface de l’emplacement du bâtiment, puis à excaver le sous-sol pour y construire les infrastructures et les cinq étages de stationnement. Cette opération devrait être terminée vers la fin de la présente année. Après quoi, le constructeur s’attaquera à la réalisation du podium de dix étages. Ce dernier fera d’ailleurs l’objet d’une certification LEED pour sa superstructure de béton et son enveloppe finie en pierre, en panneaux de béton préfabriqués et en revêtement métallique.

La construction de la tour elle-même devrait être complétée à l’automne ou à la fin de l’année 2023. D’ici là, le promoteur-constructeur aura beaucoup de pain sur la planche, puisqu’il s’affairera en même temps à la réalisation, dans le même secteur, d’une autre tour d’habitation de 35 étages, au 628 Saint-Jacques ainsi que du nouveau siège social de la Banque Nationale et de son parc public.