Une nouvelle bibliothèque centrale verra le jour en 2024 dans la capitale fédérale. Les installations, issues d’un partenariat inédit entre la Ville d’Ottawa et Bibliothèque et Archives Canada (BAC), seront carboneutres. Un projet écologiquement responsable et résolument tourné vers l’avenir.
Bibliothèque et Archives Canada ainsi que la Bibliothèque publique d’Ottawa (BPO) partageront le nouveau bâtiment dont le cout est évalué à 192,4 millions de dollars. Celui-ci remplacera la bibliothèque centrale d’Ottawa et couvrira une superficie de plus de 18 580 mètres carrés. Plusieurs mesures y seront déployées afin que le bâtiment s’inscrive dans une perspective environnementale.
Objectif : carboneutralité
Depuis le tout début de sa conception, de nombreux efforts ont effectivement été entrepris afin d’assurer le caractère écologique des nouvelles installations. La conception initiale du bâtiment visait déjà le niveau Or de la norme LEED. Cette certification indépendante tient compte, entre autres, de l’efficacité énergétique, de l’utilisation des terres et de l’eau ainsi que de la durabilité des matériaux utilisés lors de la réalisation d’une nouvelle construction. Un effort supplémentaire a néanmoins été entrepris afin que le bâtiment devienne carboneutre.
La carboneutralité signifie qu’un bâtiment ne rejette aucun gaz à effet de serre ou qu’il compense ses émissions à l’aide de certaines mesures. À titre d’exemple, la plantation d’arbres ou l’utilisation de technologies qui captent le carbone rejeté avant qu’il ne soit relâché dans l’atmosphère peuvent permettre d’en neutraliser l’empreinte carbone.
Le revêtement extérieur de la bibliothèque et son isolation ont donc été revus afin de maximiser leur efficacité. L‘installation de fenêtres à triple vitrage permettra de consolider l’isolation du bâtiment. Des panneaux solaires encastrés dans sa façade et sur son toit ont aussi été ajoutés au projet, tandis que l’utilisation de matériaux plus durables a été priorisée. Finalement, l’aménagement d’un mur vert à l’intérieur du bâtiment s’additionne à ces mesures afin d’atteindre l’objectif zéro émission.
Cette initiative a pu être entreprise grâce à un financement supplémentaire du gouvernement fédéral. Cet investissement s’harmonise d’ailleurs avec les diverses mesures préconisées par le Gouvernement du Canada pour que les grands projets d’infrastructure garantissent un environnement de qualité aux générations futures et actuelles.
Un projet collaboratif
La conception du bâtiment a aussi été fortement influencée par la population ottavienne. La consultation publique constitue effectivement une étape très importante dans ce projet. De nombreuses séances ont donc été menées avec les citoyens afin de connaitre leurs attentes concernant ces nouvelles installations, et ce, avant la conception de plans préliminaires.
Les premières consultations publiques ont donc porté sur la forme de l’édifice, la disposition des salles et la façon d’y accéder : « Le désir que l’édifice reflète l’environnement naturel dans lequel il se trouve ressortait de toutes les consultations », note Mario Gasperetti, directeur du projet pour les biens immobiliers chez BAC. Un toit ondulé rappelant la rivière des Outaouais ainsi qu’un revêtement de pierres s’apparentant à l’escarpement LeBreton seront donc intégrés au bâtiment. Seront aussi intégrés, en outre, de nombreux puits de lumière et des installations en bois, d’autres éléments ressortant des délibérations publiques.
Plusieurs consultations ont également été menées avec des communautés algonquines, de Kitigan Zibi, au Québec, et de Pikwakanagan, en Ontario. « Le site se trouve sur un territoire algonquin non cédé, alors pour tous les partenaires, c’était important de consulter les communautés autochtones », souligne Mario Gasperetti. Les discussions avec les communautés algonquines ont donc mené à la conception d’un espace autochtone en forme de wigwam traditionnel ainsi que d’une entrée à l’est laissant pénétrer le soleil matinal. De plus, les panneaux informatifs seront trilingues, affichant en anglais, en français et en algonquin.
« Si on regarde le design et l’architecture de l’édifice, il n’y a pratiquement aucune partie qui n’a pas été influencée de façon substantielle par la population », remarque Mario Gasperetti. Par conséquent, selon lui, la construction du projet risque d’être complexe : « Le design est très novateur, donc, sans doute, la construction ne ressemblera pas à un projet de tour de bureaux traditionnelle ».
Un partenariat inédit
Selon Simon Dupuis, gestionnaire, conception et construction, du projet de la nouvelle bibliothèque centrale d’Ottawa, le partenariat entre les deux agences, bien qu’inédit, n’a pas été difficile à coordonner : « Il y a cinq ans environ, la BPO cherchait déjà un nouvel emplacement pour la bibliothèque centrale et a entrepris des démarches pour trouver un partenaire. BAC était elle aussi en train de chercher un nouvel espace. L’organisation a donc pris contact avec la Ville, et le tour était joué ».
« Je ne crois pas qu’un tel partenariat entre une agence fédérale et une agence municipale existe au Canada, et je n’en connais pas ailleurs dans le monde non plus, poursuit Simon Dupuis. Cependant, la Grande Bibliothèque de Montréal a un concept similaire, où une bibliothèque publique partage un bâtiment avec les archives provinciales », remarque-t-il.
Bibliothèque et Archives Canada y possèdera donc un centre de généalogie, plusieurs salles de lecture ainsi que des galeries. La Bibliothèque publique d’Ottawa, pour sa part, animera plusieurs salles de lecture, un espace de création numérique, un espace de jeu pour les enfants ainsi qu’un espace consacré aux langues, à la littérature et à des événements autochtones. La bibliothèque nationale et la bibliothèque municipale partageront un café, un vaste hall d’entrée, plusieurs salles multifonctionnelles et deux espaces d’exposition.
Les prochaines étapes
La décontamination du site, qui appartient à la Ville d’Ottawa, a commencé à l’automne 2020. Seulement l’équipe de conception a été sélectionnée à ce jour, composée des cabinets Diamond Schmitt Architects (DSA) et KWC Architects. Les différents appels d’offres en lien avec la construction du bâtiment devraient être publiés à partir du printemps à la suite d’un appel de préqualification des entrepreneurs généraux, en juin 2020. Le chantier devrait prendre vie au cours de l’été et s’échelonner sur une période de trois ans, pour une inauguration officielle en 2025.
« Pour nous, le plus grand défi est de répondre aux attentes des parties prenantes et du public », dit Mario Gasperetti, faisant mention de la Grande bibliothèque de Montréal et des bibliothèques de Calgary, de Vancouver et de Halifax, devenues des symboles de leurs villes respectives. « J’aimerais que cette bibliothèque devienne un exemple de collaboration, un symbole de tout ce qui a façonné le design, et une fierté pour tout le Canada. »
Cet article est tiré du Supplément thématique – Projets 2021. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !
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