EVOQ Architecture a conçu avec des groupes de femmes de la communauté d’Ekuanitshit, sur la Côte-Nord, un bâtiment où elles pourront enseigner aux générations futures leurs savoirs ancestraux.
Le 24 août dernier se tenait la première pelletée de terre marquant le début de la construction du nouveau Pavillon Eshikatiut Tshukuminu Innu-Natukuna à Ekuanitshit, un projet qui était dans les cartons depuis environ six ans. Le bâtiment accueillera deux groupes de femmes de la communauté, qui œuvrent à la transmission de la culture traditionnelle innue. Le programme Eshikatiut Tshukuminu — qui signifie « Savoirs de nos grands-mères » — est centré sur l’artisanat (tannage de peaux, fabrication de mocassins, perlage, etc.). Le programme Innu-Natukuna — « Pharmacie traditionnelle » — est quant à lui axé sur la cueillette et la transformation de plantes du territoire en différents produits (remèdes, onguents, savons, etc.).
Un lieu de transmission culturelle
Les membres de ces deux organisations n’ont actuellement pas de lieu fixe pour enseigner leur art ou pour rencontrer des patients, les femmes se promenant plutôt d’un endroit à l’autre avec leur matériel. Le bâtiment de 330 mètres carrés viendra donc leur offrir un espace approprié pour leurs activités. « D’une manière plus globale et holistique, le pavillon permettra de créer un lieu de transmission culturelle qui est nécessaire pour la pérennité des savoirs traditionnels innus », souligne Emmanuelle Lauzier, architecte et chargée de projet chez EVOQ Architecture.
L’approche collaborative a été au cœur de la démarche de conception. De nombreuses rencontres ont eu lieu avec les femmes d’Ekuanitshit afin de bien comprendre leurs exigences. « Un des principes directeurs, via la cocréation, était de concevoir des espaces qui répondaient précisément aux besoins des deux groupes. Donc ce ne sont pas des espaces génériques », insiste Roxanne Gauthier, architecte associée et directrice exécutive de la firme. Les concepteurs voulaient aussi un bâtiment durable faisant une grande place au bois : ce matériau à l’aspect chaleureux sera utilisé pour la structure, les colonnes, les poutres et le platelage.
L'art innu à l'avant-plan
Une des particularités du projet réside dans l’intégration de l’art innu. Deux concours ont été organisés pour choisir les œuvres. Le premier était ouvert à l’ensemble de la communauté et l’œuvre sélectionnée sera intégrée au plancher de caoutchouc du hall d’entrée par le biais de découpes au laser qui reproduiront les couleurs et motifs de l’image gagnante. Le second concours était destiné à des artistes innus connus; l’œuvre gagnante sera dans ce cas-ci transposée par impression couleur sur une vitre qui sera ajoutée au mur rideau en façade du pavillon. En plus d’embellir les lieux, « ça agira aussi comme lanterne la nuit. On s’imagine que lorsque le soleil va se coucher, la lumière à l’intérieur du bâtiment va refléter l’œuvre comme un vitrail, mais du côté extérieur », explique Éric LeBlanc, architecte et chargé de projet chez EVOQ.
À la mi-septembre, l’entrepreneur était en cours de mobilisation. Un des défis avec lequel il devra composer est l’approvisionnement des matériaux et des équipements en temps opportun, compte tenu du fait que l’hiver arrive tôt et dure plus longtemps dans cette région du Québec. Si tout se déroule comme prévu, le bâtiment, dont le coût de construction devrait se situer entre 4,5 et 5 M$, sera livré à l’automne 2024.
- Maître d’œuvre : Conseil des Innus de Ekuanitshit
- Architecte : EVOQ Architecture
- Entrepreneur général : Les constructions Mackenzie
- Génie civil, structure, mécanique et électrique : Ashini Consultants
Cet article est paru dans l’édition du 5 octobre 2023 du journal Constructo. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous.