Le chantier de la plus grande bioraffinerie du Canada accélère

10 septembre 2024
Par Benoit Poirier

Annoncé en 2020, le projet d'usine de carburant et de produits chimiques faits à partir de biomasse forestière et de matières résiduelles non recyclables, Recyclage Carbone Varennes (RCV), entre dans sa phase de construction clé.

La décontamination du site de la défunte Pétromont, qui avait cessé ses activités an janvier 2009, ayant été réalisée en amont et les travaux d'enfoncement des pieux, le coffrage, l'armature, le bétonnage et l'assemblage des structures métalliques étant soit terminés soit en cours, les équipes sur le chantier s'activent en vue de la réception des pièces maîtresses.

 

« Nous en sommes à 66 pour cent (%) d'avancement. Nous sommes rendus à la réception des modules, qui sont fabriqués en Asie, précise Stéphane Demers, président et directeur général de RCV. Il y en a 50 qui sont à Contrecœur sur un total de 72. Les grues sont mobilisées. Nous avons aussi des supers modules qui vont arriver en fin d'année à Bécancour. » Les premiers seront transportés par camions, les seconds sur des barges.

 

« L'électrolyseur, lui, est à 35 % d'avancement. C'est un projet plus conventionnel et c'est une technologie connue, d'Accelera by Cummins. Mais ce sera le plus gros électrolyseur en Amérique du Nord avec 90 mégawatts (MW), ajoute-t-il. »

 

Sont mobilisés sur le terrain des effectifs de Black & McDonald et de WSP, pour la bioraffinerie, ainsi que de Gastier, Tétra Tech et Kiewitt en ce qui a trait à l'électrolyseur. Les modules sont conçus et fabriqués par la japonaise Morimatsu.

 

« Nous étions en moyenne autour d'une centaine de personnes depuis les deux ou trois dernières années, selon les corps de métiers. Bientôt, nous allons employer de 500 à 600 personnes sur le site. Nous faisons beaucoup appel aux entreprises et à la main-d'œuvre québécoise, mis à part les modules, parce que nous n'avons pas cette expertise au Québec. Toutefois, ce sont des entrepreneurs locaux qui les installeront », indique Stéphane Demers.

 

Une première mondiale

Le projet est mené par Éthanol cellulosique Varennes. Ses partenaires, Shell, Suncor et Proman, y investissent 1,3 G$ avec le soutien financier des gouvernements fédéral et provincial. Mettant à profit un procédé thermochimique développé par Enerkem, les futures installations utiliseront comme matière première des déchets rejetés de centres de tri et des résidus forestiers qui, autrement, seraient dirigés vers des sites d'enfouissement ou incinérés.

 

« Dans le fond, on cherche le carbone, toute source de carbone qui a une contamination limitée. C'est sûr que la molécule que l'on brûle, qu'elle soit faite à partir d'un hydrocarbure ou de notre technologie, va avoir le même impact sur les gaz à effet de serre. Il n'y a pas de molécules, même vertes, qui ne dégagent rien. » Cependant, explique Stéphane Demers, l'avantage environnemental se trouve dans la façon de la produire. « Nous sommes loin du mazout lourd. »

 

L'objectif est donc de transformer chaque année 200 000 tonnes de matière première inutilisable en 125 millions de litres de méthanol « qui a quand même un indice carbone très faible comparativement à un méthanol qui vient d'hydrocarbures ». En raison du resserrement des réglementations visant l'industrie maritime, surtout en Europe, la demande pour un carburant moins polluant se fait de plus en plus pressante du côté des armateurs, rapporte-t-il.

Cet article est paru dans l’édition du 5 septembre 2024 du journal Constructo. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous.