Solution anticollision pour chantier multigrue

Un écran tactile, des capteurs de géolocalisation et un puissant calculateur. Trois ingrédients qui ont contribué à la sécurité du chantier du site Glen.

Par Marie Gagnon

On imagine facilement 14 grues à tour tournoyant dans un ballet incessant. On imagine moins le casse-tête que représentent la planification des travaux et la gestion de la prévention lorsqu'autant de grues vont et viennent sur un même chantier. Cette problématique, Norman Damiani, directeur Santé, Sécurité et Environnement de SNC-Lavalin, s’y est frotté dès la conception du projet du site Glen du Centre universitaire de santé McGill (CUSM).

« En santé et sécurité du travail, tout se joue habituellement lors de la planification des travaux, souligne le gestionnaire. On en était encore à l’élaboration des plans et devis lorsqu’on a constaté qu’il nous faudrait 14 grues à tour pour assurer l’avancement du chantier. On est soudainement devenus nerveux. S’il fallait qu’une grue se renverse ou qu’une charge se décroche, c’était la catastrophe assurée. »

Norman Damiani rappelle qu’en temps normal les grutiers usent d’un système de communication bidirectionnelle pour coordonner leurs activités. Une méthode qui a fait ses preuves, mais qui n’est pas à l’abri de l’erreur humaine ni des défaillances techniques. Avec ses sous-traitants, Coffrage Alliance et Coffrage Atlantique, Norman Damiani et l’équipe de projet de SNC-Lavalin se sont mis à la recherche d’une solution offrant la marge d’erreur la plus faible possible.

La solution, nommée ID4, est venue d’Europe. Développé par la firme AGS, l’ID4 est un système anticollision mis au point expressément pour les chantiers multigrues. Composée de capteurs de géolocalisation fixés aux flèches des mâts et reliés à un puissant ordinateur, cette solution d’avant-garde réduit, voire élimine, les risques de collisions quelle que soit la configuration du chantier.

Et son fonctionnement est tout simple. Grâce aux capteurs, l’ordinateur établit le positionnement des grues en temps réel. Lorsque, pour une raison ou une autre, une grue menace d’entrer dans le rayon d’action de sa voisine, l’ordinateur reçoit un signal et le système s’active en émettant une sonnerie. Si, en raison du bruit ambiant par exemple, l’opérateur ne réagit pas immédiatement, le système va stopper le mouvement, d’abord en décélérant l’engin pour ensuite l’immobiliser complètement.

Des résultats à la hauteur

Les résultats ont été à la hauteur des attentes de SNC-Lavalin et de Norman Damiani. « En période de pointe, alors que 12 grues s’activaient déjà sur le site, on comptait en moyenne 7 200 levages par semaine, mentionne-t-il. Malgré tout, on n’a rapporté aucun accident sérieux pendant toute la durée des travaux. Comme tout chantier, il y a eu quelques incidents sur le plan de la santé et sécurité, mais rien de significatif. On en est très fiers. »

Bien sûr, il aura fallu à Norman Damiani rallier tous les intervenants – sous-traitants, syndicats, grutiers – à l’utilisation de ce système novateur. Tous partageaient d’ailleurs la même crainte de voir les grues à tour entrer en collision. Partant, il n’a pas eu beaucoup d’efforts à déployer pour les convaincre, d’autant plus que la solution mise de l’avant avait fait déjà ses preuves outre-Atlantique.

« C’était la première fois que le système ID4 était utilisé au Canada, signale le porte-parole de SNC-Lavalin. Nous l’avons mis en route vers la fin de 2010, quand la deuxième grue à tour est arrivée au chantier. Ce n’est pas tant le nombre de grues qui importe que les risques liés à leurs rayons d’action et aux zones de chevauchement. »