Neuf, usagé ou location de machinerie : quelle option pour votre entreprise?

10 mai 2024
Par Benoit Poirier

Acheter de la machinerie neuve ou usagée ? Ou plutôt se tourner vers la location ? Chaque option a ses avantages et requiert des précautions. Tout dépend de sa situation, de ses coffres, de ses effectifs. Et du contexte.

Les conjonctures économiques semblent avoir un impact certain sur la décision d’acheter ou non un engin flambant neuf. Ce serait actuellement le cas. D’aucuns y pensent à deux fois. Mais pas tous. Car les prix, qui ont explosé de façon hallucinante ces dernières années, ne sont qu’une des variables de l’équation.

 

« Nous voyons qu’il y a quand même beaucoup de baisses au niveau du commercial, s’inquiète Annie Roy, directrice générale de l’Association des propriétaires de machinerie lourde du Québec (APMLQ). On sent vraiment qu’il y un essoufflement du côté des promoteurs. »

 

Jean-Yves Gauthier, président de Transport Camille Dionne, formule le même constat et exprime la même appréhension. « Au moins, nous, dans notre domaine de location, nous ne ciblons pas juste un secteur d’activité. Nous touchons les gros entrepreneurs, nous touchons les petits, le secteur forestier, le minier, les carrières. Mais ce que nous voyons présentement, ce sont vraiment les producteurs d’agrégats qui, eux, sont dans l’incertitude totale. »

 

Jean-Yves Gauthier, président de Transport Camille Dionne. Crédit : Normand Huberdeau

 

Certes, convient-il, plusieurs projets d’envergure mobiliseront encore cet été d’importantes équipes. Mais celles-ci sont souvent rattachées à un nombre limité d’entreprises spécialisées, dans la construction de routes, par exemple. Mais du côté des secteurs commercial et résidentiel, notamment, la donne est tout autre. « Moi, en tant qu’entrepreneur en location d’équipement, ce que je redoute le plus ce sont les faillites. Ça va se mettre à débouler. Je redoute ça énormément pour cet été. »

 

Bonheur d’occasion

Il y a les gros joueurs et les plus petits. Ce sont deux mondes. Dans le premier cas, la plupart ont leurs équipements, qu’ils renouvellent régulièrement. Surtout les entreprises qui ont des contrats à l’année. Pour certaines d’entre elles, cette politique est même en corrélation avec celle des ressources humaines.

 

« Comme il n’a pas le contrôle sur le salaire, pour gâter un peu son opérateur, l’entrepreneur va acheter un équipement neuf, à la fine pointe de la technologie. Un opérateur de qualité ne voudra pas embarquer dans une vieille bébelle », témoigne Jean-Yves Gauthier.

 

Annie Roy, directrice générale de l’Association des propriétaires de machinerie lourde du Québec. Crédit : Normand Huberdeau

 

« C’est un élément de rétention », ajoute Annie Roy. Celle-ci est par ailleurs d’avis que la pénurie de main-d’oeuvre, de mécaniciens en l’occurrence, favorise les équipements neufs. Il en va tout autrement du côté des entreprises de plus petite taille, qui opteront souvent pour une formule location- acquisition. Et, avec la fluctuation des taux d’intérêt, elles jetteront leur dévolu plutôt sur une machinerie quelque peu élimée. Parfois à la dernière minute.

 

« On peut attendre, parce que dans le marché il y a de l’usagé, il y a la location, il y a l’achat, la sous-location, la sous-traitance. Ce qui fait qu’il y a beaucoup d’options. Tu n’es pas obligé d’acheter avant de soumissionner », indique-t-elle.

 

L’efficacité avant tout

Que l’on fasse affaire avec une entreprise, un revendeur ou un particulier, voire lors d’un encan, il y a toujours un risque, convient la directrice générale de l’APMLQ. « Tu espères que l’équipement a été bien entretenu après chaque nombre d’heures, que le suivi a été bien fait. Mais si tu n’as pas d’équipe mécanique pour en prendre soin... Un véhicule plus âgé met de la pression sur les ressources humaines, c’est ce qu’il faut comprendre aussi. »

 

En ce qui a trait aux normes, qu’elles soient d’ordre mécanique ou environnemental, il s’agit moins d’un enjeu que celui lié à l’efficacité. Une machinerie neuve aura moins d’impact sur les GES, mais aura requis d’innombrables ressources matérielles, minérales et humaines pour sa conception, explique-t-elle. En revanche, on pourra se questionner sur la qualité de l’air à la sortie de l’échappement d’un véhicule vétéran. Mais celui-ci pourrait tout de même continuer à rendre de loyaux services, surtout s’il est entièrement payé; « C’est la plus belle qualité qu’un équipement peut avoir ». Tout est une question de rendement et de capacité à respecter les devis.

 

L’ESSAI ESTIVAL

Tout comme dans le cas d’un essai routier lors de l’achat d’une voiture, les deux spécialistes du domaine de la machinerie lourde suggèrent de se familiariser avec un équipement d’abord durant une période limitée. Si elle convient à l’entrepreneur, celui-ci ne perdra pas sa mise avec une option d’achat.

Cela peut être avantageux, soutient Annie Roy. « Dans le cas d’un équipement usagé, l’important est de se valider le plus possible avant de faire la transaction. De s’assurer que l’équipement est en bon état, de le faire inspecter correctement. Puis l’idéal, c’est de pouvoir louer et essayer la machine. Ç’a en dit beaucoup sur l’efficacité que t’es capable d’aller chercher. Parce que comme tout est fonction d’efficacité dans les opérations, c’est quand même important. En plus de la fiabilité. »