Rien à signaler au chantier, le but visé

23 septembre 2016
Par Marie Gagnon

Entre signaler et n’avoir rien à signaler, il y a toute une marge. C’est au maître d’oeuvre qu’il revient de la combler en formant adéquatement ses travailleurs.

Pour assurer la sécurité des usagers de la route comme celle des travailleurs au chantier, le signaleur vit sous la menace constante de véhicules en mouvement. Exposé des journées entières au vent, au soleil et aux intempéries, il risque tantôt l’hypothermie, tantôt le coup de chaleur. Il peut aussi faire l’objet d’agressions verbales et physiques de la part de conducteurs impatients. Sans oublier le bruit incessant des véhicules qui, parfois, brouille sa vigilance.

 

Le rôle du signaleur est à tel point ingrat et dangereux qu’il a donné lieu à un renforcement des obligations et des responsabilités du maître d’oeuvre, notamment en matière de formation. Le 31 décembre 2015, de nouvelles exigences sont en effet venues bonifier les mesures prévues au Code de sécurité pour les travaux de construction(CSTC) quant à la sécurité des signaleurs et de tout travailleur oeuvrant sur un chantier où un véhicule automoteur est susceptible de le heurter.

 

Christian Fay, vice-président du groupe SMG témoigne de l’évolution de la profession de signaleur. - Photo de René-Claude Senécal

 

« Pour que le Code de sécurité soit modifié, il faut qu’il y ait eu pas mal d’accidents, note d’emblée le vice-président du Groupe SMG, Christian Fay. Il y a eu aussi une conscientisation et une mobilisation de la part des principaux acteurs, qui ont entrepris des actions en ce sens. Mais les pressions ne sont pas venues seulement de l’industrie, les signaleurs aussi ont exigé d’être mieux protégés, d’être mieux vus. »

 

Protéger ses signaleurs

Les modifications apportées au CSTC sont significatives. Entre autres, parce qu’elles réaffirment la responsabilité du maître d’oeuvre en matière de contrôle de la circulation et précisent les exigences de protection individuelle imposées aux signaleurs routiers et de chantier. Ces derniers ont ainsi troqué la veste jaune fluo contre un vêtement haute visibilité de couleur jaune-vert fluorescent, conforme à la norme CSA Z96. De leur côté, les signaleurs routiers portent désormais la même tenue complète fluorescente, sauf qu’elle est orange.

 

« On a vu apparaître aussi des nouvelles technologies qui rehaussent encore la visibilité du signaleur, souligne Christian Fay. Comme le panneau d’arrêt éclairé de diodes au pourtour, un équipement très efficace lorsque le site est particulièrement dangereux. Ou la barrière automatique actionnée à distance, qui permet de retirer le signaleur de la voie de circulation. Ces équipements ne sont pas obligatoires mais ils ont fait leurs preuves dans le cadre de projets-pilotes il y a quelques années. »

 

Une formation plus complète

Christian Fay estime que les obligations du maître d’oeuvre à l’égard des compétences de ses signaleurs ont également été rehaussées. L’entrepreneur doit maintenant veiller à ce que ses signaleurs aient suivi une formation en bonne et due forme et qu’ils détiennent une carte de compétence à cet effet. Christian Fay, qui possède une longue feuille de route au chapitre de la signalisation, dit d’ailleurs avoir participé à la refonte du cours Signaleur de chantiers routiers offert par l’Association québécoise des transports (AQTr).

 

Cette formation obligatoire, qui s’adresse autant au signaleur routier qu’au signaleur de chantier, est reconnue par l’ASP Construction. En plus de couvrir les exigences du Code, elle s’attarde aux aspects qui entourent la structure du chantier et aborde les risques associés à l’environnement et au positionnement du signaleur, de même que la nécessité de prévoir une porte de sortie en cas de danger. Elle insiste en outre sur les accessoires recommandés, comme les verres fumés ou la bouteille d’eau.

 

« Ce qu’il faut retenir, c’est qu’en vertu de la loi C-21 qui permet les poursuites criminelles contre les organisations, les dirigeants, mais aussi leurs agents, engagent leur responsabilité criminelle lorsqu’il y a manquement à la santé et la sécurité des travailleurs, insiste Christian Fay. Autrement dit, quiconque dans l’organisation, demande à un travailleur non formé de jouer les signaleurs s’expose à des poursuites au criminel en cas d’accident. »