Ouvrir des marchés pour les résidus CRD

7 février 2014

Le 3RMCDQ ne cesse d’accentuer ses efforts pour favoriser la récupération des débris de construction au Québec. Au premier chef en contribuant au développement de filières d’écoulement pour ces matières résiduelles.

Par Rénald Fortier

 

Dans les années 90, la presque totalité des résidus issus du secteur de la construction, de la rénovation et de la démolition (CRD) prenait systématiquement le chemin de l’enfouissement au Québec. Mais force est de constater que le portrait de la situation a radicalement changé au fil des ans. De savoir que le secteur CRD affichait un taux de récupération de 74 % – plus de 3,2 millions de tonnes – en 2008, selon les données de Recyc-Québec, suffit vite à en prendre la mesure.

 

L’application de la Politique québécoise de gestion des matières résiduelles et l’introduction de redevances à l’enfouissement ont évidemment contribué largement à retourner la situation. Tout comme la multiplication des bâtiments écologiques en sol québécois, notamment ceux alignés sur le système d’évaluation LEED qui exige qu’au moins 50 % des déchets de construction soient récupérés.

 

Les efforts déployés par le Regroupement des récupérateurs et des recycleurs de matériaux de construction et de démolition du Québec, le 3RMCDQ, ne sont pas non plus étrangers à l’accroissement continu du volume de débris dévié de l’enfouissement, loin de là même.
C’est qu’en plus de sensibiliser les acteurs de l’industrie à l’importance de la récupération, du réemploi, du recyclage et de la valorisation des matériaux CRD, cet organisme n’a cessé depuis sa création en 1997 de travailler au développement de filières d’écoulement pour ces matières résiduelles.

 

À commencer par le béton, la brique et les enrobés bitumineux. Un dossier dans le cadre duquel le 3RMCDQ s’est adressé directement au Bureau de normalisation du Québec (BNQ) pour établir une norme permettant de classifier ces matériaux afin qu’ils puissent être utilisés, une fois recyclés, en remplacement de matériaux granulaires neufs. Une démarche qui, en bout de ligne, aura mené à l’élaboration de la norme NQ 2560-600 / 2002.

 

« Après ce succès, nous nous sommes attaqués à d’autres matières qui ne pouvaient être retournées sur le marché, notamment le bardeau d’asphalte et le gypse, indique le président de l’organisme, Gilles Bernardin. Avec pour résultats qu’il y a aujourd’hui des débouchés pour l’un et pour l’autre. Même que dans le cas du gypse, le développement de la filière a mené à la création d’une entreprise spécialisée dans la récupération et le recyclage de cette matière. »

 

Il faut dire que l’essor de la récupération est intimement lié au potentiel de commercialisation des matières à réemployer, à recycler ou à valoriser. Car c’est une chose de récupérer des débris CRD, mais ça en est une autre de pouvoir les écouler sur le marché. D’autant plus que le prix exigé par les récupérateurs doit nécessairement être inférieur au coût de l’enfouissement.

 

D’où l’importance, donc, de trouver des marchés stables qui soient suffisamment rentables compte tenu des coûts liés à la récupération et au conditionnement des matières résiduelles. « C’est le nerf de la guerre, indique le président du 3RMCDQ. Et c’est pourquoi nous ciblons les matières une à une en vue de leur paver la voie vers l’ouverture de marchés durables, parce que nous voulons nous assurer de mener chaque dossier à bien. »

 

Le matériau qui se trouve plus particulièrement au centre des préoccupations de l’organisme par les temps qui courent ? Le bois, dont l’enfouissement sera frappé d’une interdiction progressive à compter de 2014. Non pas parce qu’il s’agit d’une mauvaise mesure, loin de là, mais plutôt parce que l’écoulement de certaines catégories de bois risque de s’avérer problématique éventuellement.

 

En fait, le bannissement du bois est appelé à avoir un impact majeur sur la performance de récupération du secteur du bâtiment. D’une part, parce qu’il s’agit d’une matière qui est générée à fort volume et, d’autre part, parce que le fait de la diriger vers des centres de tri s’accompagnera d’un effet d’entraînement sur d’autres matières qui auraient autrement pris le chemin de l’enfouissement.

 

« Pour le bois de bonne qualité, celui qui sera sujet au bannissement au départ, il y a déjà des marchés en place, observe Gilles Bernardin. Il peut être réutilisé dans la fabrication de panneaux de particules, comme le fait Tafisa notamment, ou encore du côté de la valorisation énergétique. Ce sont plutôt d’autres catégories de bois, comme celles intégrant de la créosote ou de la colle, qui s’annoncent plus difficiles à écouler. »

 

Pour le président du 3RMCDQ, il ne fait pas de doute que les centres de tri ont la capacité de recevoir des volumes additionnels de bois. « De façon générale, il faudra cependant voir jusqu’à quel point il y aura un équilibre entre les volumes de bois disponibles et la capacité des marchés à les absorber. Nous allons certainement suivre l’évolution de la situation de très près et continuer à travailler pour que le bois récupéré puisse disposer de filières d’écoulement. »

 

Le dossier du bois n’est évidemment pas le seul sur lequel planche le 3RMCDQ, qui entend devenir encore plus proactif pour favoriser la récupération des résidus CRD. « Nous sommes maintenant près de 250 membres et les gens qui siègent à notre conseil d’administration sont très engagés, tout comme c’est le cas dans nos différents comités de travail, conclut Gilles Bernardin. Et ils ne ménagent pas les efforts pour faire avancer les choses dans l’industrie. »

 


Cet article est tiré du Supplément thématique – Environnement 2013. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !

 

 

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