La parole est donnée aux concepteurs du plus haut édifice à ossature de bois jamais construit. Idées et concepts qui sous-tendent cette première mondiale dans l’écoquartier de la Pointe-aux-Lièvres, à Québec.
Québec devrait accueillir, à plus ou moins brève échéance, le plus haut édifice à ossature de bois au monde. Mais la structure de 38 mètres risque d’être détrônée assez rapidement, puisque la course en hauteur est bel et bien commencée pour le bois. Melbourne et Londres ont chacun leur bâtiment en bois de 32 et 30 mètres respectivement. À Vancouver, un projet de 30 étages (environ 100 mètres) est imminent et une équipe distincte tente le même défi du côté de l’Autriche.
Actuellement en conception, l’édifice de la Pointe-aux- Lièvres, qui comptera au moins 10 étages, fera l’objet d’un dévoilement en janvier prochain. À ce moment, l’échéancier des travaux sera précisé. La société en commandite NEB, composée de Nordic Structures Bois, EBC et Gestion Yvan Blouin est à sélectionner les autres professionnels qui prendront part au projet.
Au menu de ce bâtiment de 9 500 mètres carrés figurent 80 unités d’habitation en copropriété et, peut-être, quelques locaux commerciaux au niveau de la rue. Chose certaine, « ce sera dynamique entre le rez-de-chaussée et la rue », précise l’architecte Yvan Blouin. Plusieurs espaces communs sont prévus, notamment une salle de réception entièrement équipée, une salle d’entraînement, un grand casier pour ranger vélos et embarcations, une piscine et, possiblement, un mini-appartement meublé, disponible en location pour les visiteurs.
À ce stade-ci, les coûts sont estimés à environ 25 millions de dollars. L’ossature de ce bâtiment aura une recette toute particulière. Elle sera uniquement constituée de bois, sans noyau de béton comme c’était le cas pour l’édifice Fondaction (six étages), construit en 2010. « La nouvelle méthode est en cours de validation structurale », indique Yvan Blouin. Les planchers et les murs porteurs seront composés de bois lamellé-croisé (CLT). Toutefois, l’ossature extérieure du bâtiment sera partitionnée entre des sections de CLT et de structures légères en bois. Cette méthode offrira davantage de flexibilité pour le positionnement et le dimensionnement des fenêtres. « Je veux démontrer qu’il n’y a pas de contrainte architecturale liée à l’utilisation d’une structure de bois, confie l’architecte. La fenestration sera abondante, autant que si c’était un autre type de structure. »
Au niveau réglementaire, comme le bâtiment s’élèvera sur plus de quatre niveaux hors sol – le Code national du bâtiment interdit les matériaux combustibles au-delà de quatre étages –, une demande de mesures différentes sera adressée à la Régie du bâtiment. Jean-Claude Baudry, directeur au développement des affaires pour Nordic Structures Bois devra, avec son équipe, faire la démonstration de la validité du concept. « Ce sera un bâtiment giclé, souligne-t-il, avec une résistance au feu de deux heures. »
À titre indicatif, l’édifice District 03, qui s’élève sur six étages dans le quartier Saint-Roch, possède une résistance au feu d’une heure. Sur le point d’être parachevé, il s’agit du bâtiment en bois qui se rapproche le plus de celui projeté à Pointe-aux-Lièvres. Jean-Claude Baudry explique : « Nous appliquerons plusieurs principes développés sur le chantier de District 03. De plus, nous développons des méthodes pour faciliter l’arrimage entre les structures légères et massives, ce qui permet de gagner du temps. »
Il rappelle que le bois est contrôlé très rigoureusement, notamment parce que c’est un matériau plus hétérogène que l’acier. Des tests de résistance en flexion et en traction sont effectués en usine de manière systématique et régulière. Ce qui l’amène à poser son diagnostic par rapport à la construction multiétage en bois : « C’est surprenant que l’édifice en bois le plus haut au Québec soit de six étages. Le bois est un matériau qui pourrait être utilisé pour construire des gratte-ciel. »
- Budget : 25 millions de dollars
- Hauteur : 38 mètres
- Étages : au moins 10
- Planchers et murs : bois lamellé-croisé
- Poutres et colonnes : bois lamellé-collé
- Isolation des murs : R-35
- Isolation de la toiture : R-45
Cet article est tiré du Supplément thématique – Bâtiment 2013. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !
Ce sujet pique votre curiosité ? Lisez tous les articles du dossier BÂTIMENT 2013 :
- Cure de durabilité pour le Cégep de Sherbrooke
- Vers des bâtiments à haut rendement
- Construire un centre des loisirs autrement
- Le programme Novoclimat gagne de la hauteur
- Convertir une vieille église en bâtiment durable
- Faire le plein d’économies d’énergie
- Une toiture unique en Amérique du Nord
- Nettoyer la maçonnerie sans agents chimiques