Donner une seconde vie à de vieux radiateurs

7 février 2014

Une entreprise de Saint-Jean-Port-Joli donne une seconde vie aux vieux radiateurs de fonte grâce à un procédé unique de restauration et de conversion.

Par Rénald Fortier

 

Dans la seconde moitié des années 70, Pierre Lemieux se découvre une passion : le recyclage de vieux radiateurs à eau chaude en appareils de chauffage radiant à l’électricité. Un passe-temps qui, de fil en aiguille durant près de trois décennies, mènera à la fondation d’EcoRad en 2007. L’entreprise est établie à Saint-Jean-Port-Joli, à mi-chemin entre Québec et Rivière- du-Loup.

 

« À l’époque, relate l’entrepreneur originaire de Montréal, on sortait les calorifères à eau chaude des bâtiments pour les remplacer par du chauffage électrique. De là, l’idée m’est venue de les restaurer de façon à ce que ces appareils puissent être réutilisés. Non seulement parce qu’ils ont une valeur patrimoniale, mais aussi parce que leur recyclage pur et simple n’est pas sans conséquence environnementale. La refonte de 100 kilogrammes de fonte génère 44 kilogrammes de gaz à effet de serre, c’est énorme. »

 

L’idée de Pierre Lemieux a fait beaucoup de chemin depuis. EcoRad restaure désormais quelque 1 200 radiateurs bon an mal an et s’active tant au Québec qu’ailleurs au Canada et aux États-Unis. L’entreprise en récupère un peu partout afin de les recycler et de les remettre sur le marché. Par exemple les quelque 500 en provenance des anciennes installations de la Congrégation des soeurs du Bon-Pasteur à Québec – site où se développe aujourd’hui l’écoquartier La Cité verte. Ou encore les 600 dans un immeuble de 18 étages de Détroit.

 

« On cherche surtout des radiateurs datant d’avant les années 50 », précise Pierre Lemieux, en soulignant qu’EcoRad voit également à la restauration d’appareils en vue de leur réutilisation sur place. Comme à la Citadelle de Québec, à l’église de Sainte-Anne-de-la-Pérade, à la gare Union Station de Toronto ou au Thornton’s Garden de San Marino, en Californie.

 

Si le concept développé par Pierre Lemieux se démarque, c’est notamment parce qu’il permet de remettre en état et de réutiliser des radiateurs économes sur le plan énergétique, réduisant du coup les émissions de gaz à effet de serre. Ceci grâce à un procédé sans nul autre pareil d’électrification des appareils – le système de tuyauterie est remplacé par un élément électrique en cuivre à basse intensité, combiné avec un système de contrôle adapté.

 

En témoigne d’ailleurs une étude réalisée par la firme Ecoloner à la suite de la restauration et de la conversion des radiateurs de l’église de Sainte-Anne-de-la-Pérade, en Mauricie. Pour la période mesurée, soit de mars 2012 à mars 2013, l’économie d’énergie s’est établie à 29 %. « C’est du chauffage à basse température, note Pierre Lemieux. Notre procédé permet d’optimiser l’effet de dissipation de la chaleur accumulée dans la masse de fonte et de limiter la puissance appelée. »

 

Soulignons que le processus menant à la restauration et à la conversion des radiateurs consiste à les nettoyer de l’intérieur, à les décaper au jet d’eau haute pression, à les remplir d’un mélange d’eau et de glycol (un antigel récupéré de l’industrie automobile), à y insérer le dispositif électrique et un système de sécurité, puis à appliquer une peinture sans composés organiques volatils.

 

« Les radiateurs sont décapés au jet d’eau pour éviter d’égratigner la patine qui se forme sur la fonte avec le temps, signale le président d’EcoRad. On veut conserver cette surface parce que ça permet d’optimiser la capacité des appareils à émettre de l’énergie radiante. »

 


Cet article est tiré du Supplément thématique – Environnement 2013. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !

 

 

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