Le projet de réaménagement de la rue Jacques-Cartier, fruit des efforts conjugués de la Ville de Gatineau et de la Commission de la capitale nationale du Québec, voit finalement le jour. Le nombre d’intervenants à satisfaire et la proximité du milieu bâti ont fait de sa réalisation un véritable défi.
L’aménagement du secteur riverain de la rue Jacques-Cartier, visant un tronçon d’une longueur de 3,2 kilomètres en bordure de la rivière des Outaouais, s’articulait autour de six axes distincts. À l’objectif de redonner à la bande riveraine ses lettres de noblesse s’ajoutaient ainsi la stabilisation des berges, la modification de la géométrie de la rue, la saine gestion des sols contaminés, l’intégration d’un sentier multifonctionnel ainsi que l’amélioration de l’accès à la rivière par le biais de l’aménagement de quais, de belvédères et de marinas.
C’est à CIMA+ qu’ont été confiées la planification et la conception des plans et devis du projet d’une valeur de 43 millions de dollars. La tenue d’audiences publiques tout comme la définition des besoins concrets des usagers du secteur et des instances impliquées ont permis d’établir un plan d’action approprié. S’il a fallu plus de dix ans pour consulter, élaborer, conceptualiser, dessiner et procéder aux travaux, c’est que les défis et les contraintes étaient nombreux.
« Il fallait procéder à des interventions majeures tout en arrimant nos objectifs avec de nombreux intervenants. En plus des résidents permanents du secteur et des services d’utilité publique, le projet comprenait des aspects qui impliquaient aussi les entités municipales, la Commission de la capitale nationale, le MDDELCC (ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques), le BAPE (Bureau d’audiences publiques sur l’environnement), Transports Canada, Pêches et Océans Canada, l’Agence canadienne d’évaluation environnementale, le ministère de la Culture et des Communications ainsi que les communautés autochtones, explique André Chaumont, ingénieur associé, vice-président principal aux infrastructures chez CIMA+. Il a donc fallu travailler de concert avec beaucoup de personnes différentes; cela demande énormément d’organisation et de communication. »
Entre rivière et milieu bâti
La configuration du secteur, majoritairement un milieu bâti, comportait aussi sa part d’enjeux, surtout avec la présence des maisons et des commerces, en plus des irrégularités du terrain du côté de la rive. Il fallait donc manoeuvrer à l’intérieur d’un couloir étroit.
« Il fallait trouver un juste équilibre entre l’empiètement sur les terrains et l’empiètement vers la rivière, ajoute Luc Séguin, ingénieur associé, directeur de projets chez CIMA+. On a pu relocaliser les stationnements des résidences à l’arrière vers un parc qui servait anciennement de dépotoir. Il a donc fallu installer des conduites et des bassins de rétention, tout en s’assurant de rendre le réseau pluvial entièrement étanche pour éviter l’écoulement de lixiviat. Il y avait également un milieu humide à conserver et le lien hydrique devait être maintenu perpétuellement pour permettre le passage de la faune aquatique. »
Une rive pour tous
Un des objectifs au coeur du projet était de redonner l’utilisation de la rive à tous les usagers. Ainsi, ceux qui parcourent le tronçon de route peuvent désormais y retrouver différents quais aménagés selon des besoins précis.
« On retrouve un quai adapté aux bateaux de croisière, un autre aux bateaux de plaisance et un autre aux kayaks ou aux canots, souligne Martine Beaulieu, ingénieure responsable des ponts chez CIMA+. À ce sujet, la remise en forme du Quai des artistes a représenté un défi de taille, puisque c’est une structure qui datait d’une quarantaine d’années et qui reposait sur une installation déjà existante arrivée en fin de vie utile. Il a fallu replanter des pieux et stabiliser les pentes avec de l’enrochement et des murs de soutènement. »
Les efforts déployés par CIMA+ tout au long de ce projet ont été récompensés lors de la 16e soirée des Grands prix du génie-conseil québécois dans la catégorie Infrastructures urbaines.
Le chantier du projet d’aménagement du secteur riverain de la rue Jacques-Cartier a connu certains retards à la suite de la découverte de vestiges archéologiques. Les fouilles ont permis la récupération de milliers d’artéfacts d’origine autochtone. Une évaluation a suggéré que certains de ces éléments dataient de 3 600 à 7 000 ans. Ces découvertes ont mené à la création de la Place Abinan, comme témoignage de la présence des autochtones à cet endroit par le passé.
Cet article est tiré du Supplément thématique – Infrastructures et grands travaux 2018. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !
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