Ce n’est pas tous les jours qu’un projet fait autant l’objet de discussions quant à son implantation et à la forme qu’il doit prendre. HEC Montréal peut dire mission accomplie à la veille de la mise en chantier de son nouveau campus au coin de Beaver Hall et De La Gauchetière.
Les premiers jalons pour l’élaboration de ce projet évalué à 183 millions de dollars ont été posés en 2017. Non seulement l’institution s’est souciée de bien s’établir en plein centre-ville, mais elle avait à coeur d’assurer la meilleure intégration possible de son nouveau campus dans un quartier existant, et de surcroit, sur un site patrimonial à la topographie complexe.
De prime abord, le choix du terrain était très important pour l’institution qui tenait à retourner sur l’avenue Viger, où elle a vu le jour en 1907. Le terrain, acquis par la Fondation HEC Montréal sur le site patrimonial de la basilique Saint-Patrick, s’avérait être un choix stratégique pour l’accessibilité du nouveau campus au coeur de la communauté d’affaires francophone montréalaise. L’acquisition de deux autres terrains sur la côte du Beaver Hall aura aussi permis de concevoir un édifice sur un terrain en pente de cinq étages du côté de cette même rue, de huit étages à sa façade d’entrée sur la rue De La Gauchetière et de six étages donnant sur le boulevard René-Lévesque. Le tout incluant un stationnement public souterrain d’une centaine de places sur deux étages.
« HEC Montréal est une école, et on voulait avoir un “feeling” de campus vert », confie Loretta Cianci, architecte et directrice du développement du campus. Elle estime que tous les ingrédients ont été réunis pour assurer une conception intégrée de ce futur bâtiment public, puisqu’elle tient compte de la canopée du site et des espaces verts, notamment par l’ajout des toits-terrasses et d’un lien piétonnier entre la rue De La Gauchetière et le boulevard René-Lévesque.
Pour arriver à un résultat aussi probant, un atelier de codesign supervisé par l’équipe de Mosaic HEC Montréal, un groupe multidisciplinaire de formation et de recherche spécialisé en management de l’innovation et de la créativité, a été retenu. De plus, plusieurs intervenants concernés par le projet ont été consultés, à savoir les professionnels en architecture, en génie et en urbanisme, les responsables de la Ville et de l’Arrondissement ainsi que divers ministères, les membres du personnel et les étudiants, sans oublier les résidents voisins et la Fabrique de Saint-Patrick.
Développer en conservant l’histoire
Même si le lieu d’implantation du projet n’est pas classifié au titre de site patrimonial, HEC Montréal a tenu à mettre en valeur la place occupée autrefois par le refuge St. Bridget, démoli dans les années 1970. Le nouveau campus intégrera donc des pans d’histoire, notamment par le traçage des anciennes fondations sur les sols intérieurs et extérieurs de l’édifice et la reconstruction partielle des murs à leur emplacement original.
Loretta Cianci mentionne à ce propos que des fouilles archéologiques ont été effectuées l’été dernier sur le site afin de récupérer, d’inventorier et de conserver plusieurs artéfacts des anciennes résidences, de l’orphelinat Saint-Patrick et de la maison Rocheblave. Une surveillance sera aussi assurée dans certains secteurs du site pendant les travaux d’excavation.
Mesures écologiques et style épuré
Avec son architecture moderne aux lignes sobres, le futur édifice mettra en valeur des matériaux nobles et des revêtements clairs et légers comme l’aluminium et le verre. Il s’intégrera ainsi de façon harmonieuse à un environnement chargé d’histoire tout en contribuant à la revitalisation du quadrilatère. Son enveloppe sera également conçue pour être performante et durable.
« La configuration en angle et en hauteur du bâtiment à structure de béton de 23 000 mètres carrés de superficie aura une empreinte plus petite au sol », souligne pour sa part Gilles Desrochers, responsable de la gestion du projet chez WSP. La forme particulière du bâtiment préservera ainsi la vue de la basilique tout en tenant compte des aires de protection d’immeubles patrimoniaux comme l’édifice Unity et la maison William-Dow.
En ce qui concerne les infrastructures, Gilles Desrochers explique qu’une trentaine de puits géothermiques seront forés jusqu’à 500 pieds dans le roc sous le pavillon pour alimenter les systèmes de chauffage et de climatisation.
D’une capacité de 94 tonnes, ceux-ci seront complétés par des bouilloires à haute efficacité, diverses installations de récupération de chaleur, ainsi que par deux condensateurs de refroidissement dissimulés avec d’autres équipements mécaniques dans un enclos sur l’un des toits. Fait à noter, le futur campus de HEC Montréal est déjà inscrit auprès du Conseil du bâtiment durable du Canada et visera l’obtention de la certification LEED Or.
Somme toute, ajoute le gestionnaire du projet, « le campus assurera un équilibre entre la biomasse et l’aménagement du site, notamment par une combinaison de toitures vertes et blanches pour réduire les ilots de chaleur et compenser la perte de certains arbres brisés ou malades, et par le réaménagement du stationnement actuel de la basilique en un espace vert. Une vingtaine de pommetiers ont déjà pu être sauvegardés et replantés temporairement à Terrebonne pour la durée des travaux de construction. Ils seront replantés sur le site au moment des travaux paysagers du parvis de la basilique et de l’espace piétonnier menant au boulevard René-Lévesque ».
La première pelletée de terre soulignant la mise en chantier du futur campus est prévue ce printemps. Un délai de 30 mois à partir de la date de l’adjudication du contrat à l’entrepreneur sera nécessaire pour la livraison du bâtiment. Le campus HEC devrait donc être fin prêt en grande partie pour la rentrée de la session d’automne 2021 et complété de manière définitive pour la session d’hiver 2022.
- Architecture : Provencher Roy Associés Architectes
- Génie civil et structure : Consortium SDK / MHA
- Génie électromécanique : Consortium Pageau Morel / Bouthillette Parizeau
- Gestion du projet : WSP Canada
- Modélisation BIM du projet :Groupe Schéma
- Programme fonctionnel, technique et opérationnel : Consortium CIM Conseil / DMA Architectes
- Études de sol : Groupe Qualitas
L’équipe sera bientôt complétée par le choix de l’entrepreneur en construction. Trois firmes ont été préqualifiées et invitées à remettre leur soumission avant le 28 février 2019. Le choix se fera entre EBC, Pomerleau et Magil Construction.
Cet article est tiré du Supplément thématique – Projets 2019. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !
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