Présentation d’un nouveau mode de réalisation de projets développé par la SQI, la conception-construction progressive (CCP), sous le signe de la collaboration, de la gestion du risque et de l’innovation.
Alors que, sous le mode de conception-construction classique, trois proposants développent parallèlement leur proposition complète et définitive, le mode de conception-construction progressive se décline différemment. En effet, les proposants déposent d’abord une proposition préliminaire et un seul d’entre eux se fait sélectionner pour développer une proposition complète, détaillée et définitive. « Le mode conception-construction classique avec ou sans financement implique un processus qui est très long, qui peut facilement durer un an. À ce moment-là, on mobilise tous les proposants pendant cette période. Dans le contexte actuel de rareté de main-d’oeuvre, ça n’a pas de sens de mobiliser des équipes », explique Guy Paquin, directeur général des stratégies et des projets spéciaux de la SQI. Le mode de réalisation conception-construction progressif tel que proposé par la SQI présente donc, par rapport aux autres modes alternatifs, un allégement du processus d’octroi par la sélection rapide d’un proposant unique sur la base d’une proposition préliminaire.
Bien que ce mode de réalisation de projets soit nouveau à la SQI, il en existe déjà différents modèles proposés par Infrastructures Ontario, Infrastructures BC et Défense Canada, par exemple. Il ne s’agit cependant pas exactement de la même chose, la SQI ayant bonifié ce qui se fait ailleurs afin de l’adapter à ses besoins : « On construit et on développe le projet ensemble. On en est arrivés là car on voulait trouver une autre formule pour bénéficier des compétences de tout le monde dans nos projets et afin d’optimiser la gestion des risques. »
Une gestion des risques optimisée
La SQI souhaite effectivement que ce nouveau mode de réalisation de projets permettra, avant tout, de mieux gérer les risques auxquels sont confrontés tous les acteurs de l’industrie. D’abord, il permettrait d’atténuer les risques pour les entrepreneurs liés à l’issue de l’appel de propositions. En évitant une mobilisation importante des ressources, et ce, sur une longue période, la CCP réduirait les risques de perte d’éventuelles occasions d’affaires et les couts liés à cette mobilisation des ressources : « On sélectionne rapidement un seul proposant, ce qui permet aux autres de perdre moins de temps sur un projet pour lequel ils ne seront pas retenus. D’ordinaire, l’indemnité donnée aux équipes qui ne sont pas retenues avec le mode de conception-construction classique atteint environ 30 % des dépenses engendrées par l’élaboration d’une proposition.
Ça coute donc très cher aux entrepreneurs qui ne sont pas retenus. Les entrepreneurs, dans ces conditions, choisissent généralement les projets qui comportent le moins de risque et c’est bien normal », concède le directeur général des stratégies et des projets spéciaux. La conception-construction progressive permettrait aussi d’offrir un cadre plus transparent, plus neutre et plus ouvert pour échanger sur la gestion des risques lors de la conception des projets. « En discutant avec un seul proposant, on est en mesure d’aborder tous les risques liés au projet, et ce, en profondeur. Comme donneur d’ouvrage par exemple, je peux penser que je connais très bien un risque encouru, mais je ne connais pas nécessairement toutes les facettes de ce dernier. En discutant, ma compréhension ou celle de l’entrepreneur peut changer. Ensemble, on communique et on connait mieux les risques, donc on est mieux préparés et on est en mesure de décider qui est le mieux placé pour les prendre. »
Encourager la collaboration
Mais ce qui différencie d’autant plus ce mode de réalisation de projet, c’est sans doute la façon dont les propositions sont évaluées. On n’évalue plus, désormais, selon la soumission la plus basse, mais en fonction de la cohérence et de la collaboration : « On demande quand même des éléments financiers, comme la marge bénéficiaire nette et le pourcentage des couts d’administration, mais on ne donne pas nécessairement le plus de points à ceux qui ont la plus basse marge bénéficiaire. On calcule les points en fonction de la cohérence de la proposition, de la capacité à livrer le meilleur projet et de la collaboration. » La collaboration serait effectivement évaluée à l’aide, dans un premier temps, d’entrevues réalisées avec le chef de projet, par exemple, mais aussi grâce à la tenue d’ateliers avec les équipes réelles qui seront sur le projet. Cela donne l’occasion de mesurer la collaboration entre ces dernières. « On souhaite développer le projet ensemble, ce qui demande une grande collaboration », souligne Guy Paquin.
Et cette collaboration ouvrirait la porte à l’innovation. En sélectionnant un seul proposant et en maximisant les échanges avec celui-ci, le mode de conception-construction progressif permettrait effectivement d’amener de nouvelles idées et des façons de faire innovantes : « Lorsqu’on a plusieurs proposants, en discutant individuellement avec eux, on peut moins facilement changer les spécifications, et ce, même si on nous présente une très bonne idée qui le demande. Sinon, il faut les changer pour tout le monde. On a donc une plus grande flexibilité pour faire de la place aux idées nouvelles auxquelles on n’aurait pas pensé, comme l’intégration du préfabriqué par exemple », illustre Guy Paquin.
Cette plus grande collaboration exigera sans doute un changement de culture au sein d’une industrie où la compétition fait partie des us et coutumes. Mais c’est possiblement cette collaboration qui permettra de stimuler l’innovation et, de ce fait, de faire progresser une industrie qui ne demande qu’à se surpasser.
Cet article est tiré du Supplément thématique – Bâtiment 2022. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !
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