Deux têtes valent mieux qu’une, une expression qui a été multipliée par deux chez Drolet Construction. Car préparer son entreprise face à un avenir incertain nécessite de faire foisonner un grand nombre d’idées et la capacité de porter plusieurs chapeaux à la fois. Une belle plus-value pour une entreprise, puisque ce choix stratégique fait appel à des forces complémentaires.
La passation de la gouverne de cette entreprise de construction de la région de Québec a officiellement été mise en chantier en mars dernier. C’est ainsi que son président et fondateur, Marc Drolet, a jeté les bases et entamé le processus visant à transmettre son expertise non pas à un successeur, mais à quatre jeunes aspirants aux talents diversifiés.
« Aujourd’hui plus que jamais, il faut que tu sois multidisciplinaire, affirme Marc Drolet. Il faut que tu aies de bonnes ressources dans chaque département. C’est ça la clé. Nous avons une personne en estimation, une autre en gestion de projets, puis en surintendance de chantiers et qui peut superviser les autres contremaitres, et quelqu’un au développement, mais qui est polyvalent et qui se trouve être mon fils. »
Un pour tous et tous pour un
À l’image du célèbre roman d’Alexandre Dumas, Les trois mousquetaires, les quatre équipiers se soutiennent mutuellement dans leurs différences, mais toujours vers un but commun. « Cette équipe-là, ensemble, touche à toutes les sphères. Autrement dit, même si l’entreprise, pour une raison quelconque, se réorientait, les équipes de base en auraient toujours plein les bras. Elles sont complémentaires et autonomes, avec un spécialiste dans chaque domaine dont on est certain qu’il sera là pour plusieurs années. »
Le président explique sa stratégie par le fait que transmettre trois décennies d’expérience à une seule et même personne peut s’avérer à la fois exigeant et risqué. D’autant que, depuis ses premiers pas dans l’industrie, celle-ci a grandement évolué et s’est complexifiée.
Au cours des années qui ont précédé cette décision, divers scénarios se sont succédé dans son esprit, dont ceux de s’associer à d’autres entrepreneurs ou de fusionner avec une autre société. Mais quelque chose lui disait que ce ne serait pas la bonne solution. Car il faut que la personne, explique-t-il, ait les capacités de non seulement prendre la relève, mais également d’assurer la progression de l’entreprise pour tirer profit de sa plus-value.
Il a d’ailleurs vu certains concurrents « vivre des histoires d’horreur », déplore-t-il. Les uns quittant trop rapidement leur entreprise puis, assistant au déclin de celle-ci, ont dû finalement mettre fin à leur retraite pour retourner à la barre de leur compagnie afin de sauver leur patrimoine. D’autres, encore moins chanceux, ont fini aux oubliettes.
Une question d’engagement
Témoin de ces mésaventures, Marc Drolet préfère, pour plusieurs années encore, demeurer près du gouvernail. Du moins, le temps requis pour bien transmettre son savoir aux plus jeunes. Bien que ceux-ci n’occupent leurs nouvelles fonctions que depuis quelques mois, il les sent déjà plus solides. Comme ces quatre associés oeuvraient déjà dans l’entreprise, ces derniers désirent que tout se déroule pour le mieux.
« Il ne s’agit pas juste d’une carotte, d’un boni. C’est un engagement. Bien qu’ils soient associés, tant qu’ils n’ont pas tout le contrôle, ils demeurent des employés. Pour eux, l’avantage est de se dire : "J’ai des parts dans une entreprise établie qui peut encore progresser, sans que j’aie à partir de zéro"’. C’est à la fois motivant pour eux, mais aussi sécurisant. »
Le parfait équilibre
La clé de la longévité, selon Marc Drolet, réside moins dans la réussite que dans l’engagement. « J’ai eu trente années de rentabilité. Je touche du bois, mais je ne suis pas à l’abri de rien. » Le chiffre d’affaires n’est qu’un des vecteurs de la progression d’une entreprise, estime-t-il, d’autant qu’il peut fluctuer d’une année à l’autre.
« Je ne mise pas que sur le résultat. Bien sûr, nous faisons des budgets. Mais l’objectif n’a jamais été d’atteindre telle ou telle rentabilité. Le soir, je suis plus fier de partir lorsque tout le monde est de bonne humeur, que de partir satisfait parce qu’on vient d’obtenir un projet. D’ailleurs, ceux qui sont associés tout comme ceux qui ne le sont pas, tout le monde participe aux profits », assure Marc Drolet.
Cet article est tiré du Magazine – Les Leaders de la construction 2020. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !
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