En 2020, l’annonce de la formation continue rendue obligatoire signe le début d’un nouveau chapitre dans le secteur de la construction. À compter du 1er avril 2022, cette mesure touchera l’ensemble des entrepreneurs généraux et spécialisés qui devront suivre des formations spécifiques sur une période de référence de deux ans. Car la réalisation de projets réussis passe aussi par la mise à jour de nos compétences.
Avec cette nouvelle résolution, la Régie du bâtiment du Québec (RBQ), la Corporation des maitres mécaniciens en tuyauterie du Québec (CMMTQ) et la Corporation des maitres électriciens du Québec (CMEQ) rejoignent la trajectoire des ordres professionnels, déjà rodés sur l’encadrement normatif de leurs membres. Et l’objectif est simple : mobiliser les répondants d’une licence en construction autour de bonnes pratiques. Cette collaboration vise à renforcer la sécurité du public et le savoir-faire des entrepreneurs manipulant de la technologie de pointe.
Sylvain Lamothe, porte-parole de la RBQ, met en lumière la progression du secteur: « On ne construit plus un bâtiment comme il y a vingt ans. À titre d’exemple, les matériaux et les connaissances en efficacité énergétique et résistance thermique évoluent constamment. Cette mise à jour profite aux entreprises pour préserver leur compétitivité et cela rehausse la valeur de leur licence.
Colmater les lacunes
Durant la première phase, plus de 27 000 entreprises sont visées sur les 48 734 détenteurs de licence. Les catégories de licence concernées par cette période détermineront l’obligation de commencer les formations durant celle-ci. Sitôt son entrée en vigueur, seuls les entrepreneurs en exécution de travaux de construction (ETC) répondront à un total de 16 heures de formation reconnues par la RBQ pour conserver leur qualification. D’autres devront acquérir 24 ou 32 heures de formation selon le nombre de sous-catégories détenues ou s’ils possèdent une licence dans plusieurs sous-catégories visées par le règlement.
« Dans deux ans, les répondants ciblés auront suivi leurs heures de formation obligatoires, assure Sylvain Lamothe. Il s’agit d’une première phase, mais nous visons à l’élargir à d’autres répondants. D’où l’importance d’assimiler cette mesure et de l’élargir par la suite à un plus grand nombre de catégories de licence. »
Plus loin, le directeur général de la CMMTQ, Steve Boulanger, offre un éclairage intéressant sur ces exigences de formation inhérentes aux sous-catégories de licence des maitres mécaniciens en tuyauterie du Québec. Le répondant en plomberie ou en chauffage aura 16 heures de formation à déclarer tous les deux ans, alors que celui qui est répondant à la fois en plomberie et en chauffage devra suivre 24 heures de formation, minimalement 8h dans chacune des spécialités. La CMMTQ sera attentive à la formation disponible pour ses membres et s’assurera d’offrir des formations diversifiées.
Une mesure bien accueillie
Concernant l’acceptabilité, les instigateurs affichent leur optimisme, car le milieu était favorable aux conditions du règlement lors de sa publication en 2020. Les entrepreneurs concernés par l’aspect concurrentiel suivaient déjà des formations, bien que rien n’encadrait cette initiative. Steve Boulanger rappelle qu’auparavant les formations étaient suivies sur une base volontaire. L’entrepreneur exerçait sa profession en passant par un processus de qualification pour obtenir sa licence. Par la suite, il maintenait sa licence sans conditions concernant la qualification et sans l’obligation de mettre à jour ses connaissances, alors que les codes et les technologies évoluent sans cesse.
Depuis toujours, la CMEQ, la CMMTQ et la RBQ fournissent des renseignements et s’assurent que les entrepreneurs accomplissent leur travail dans les meilleures conditions en vue d’assurer la sécurité du public. Malgré ce travail d’appui, un écart existait entre les connaissances des personnes exécutant les travaux sur les chantiers et les exigences de la réglementation. Cette mesure représente donc un tournant décisif, non seulement dans le respect des normes, mais également dans la garantie de la qualité de l’ouvrage.
Où trouver les références ?
La RBQ constitue un catalogue de références dans lequel les entrepreneurs trouveront les formations qui les concernent. Disponible à partir du 1er avril 2022, ce répertoire présentera quelques centaines de programmes accessibles en ligne ou donnés en présentiel. Un minimum de 50 % de leur formation devra être lié à leur domaine d’expertise. La RBQ constitue ainsi le répertoire des formations reconnues et proposées par des organismes offrant de la formation professionnelle, tels que corporations, associations, écoles des métiers de la construction ou autres établissements d’enseignement.
Pour apparaitre dans cet inventaire, chacun des programmes doit être analysé et évalué au préalable par la RBQ, la CMMTQ et la CMEQ. Une fois accrédité comme dispensateur de formation, l’organisme achemine à la RBQ le programme détaillé de ses cours. Ce processus de soumission assure la pertinence du répertoire, véritable « Bible » de l’entrepreneur en construction. Steve Boulanger préconise pour ses membres un accompagnement sur mesure. Selon leur statut et les spécialités pour lesquelles ils sont répondants, la CMMTQ mentionnera les démarches à adopter. Lorsque les normes vont entrer en vigueur, ils recevront une correspondance personnalisée leur indiquant le nombre d’heures et la spécialité qu’ils devront suivre.
Les formations accréditées seront disponibles sur le portail développé avec la RBQ. En consultant le répertoire, le répondant s’assurera que la formation qu’il veut suivre est reconnue dans son domaine ou en entrepreneuriat général. Une fois la sélection faite, celui-ci aura la possibilité de s’inscrire auprès du formateur. Puis après avoir assisté aux cours (en ligne ou sur place), il recevra son attestation de participation. À l’intérieur de cette période de deux ans, l’entrepreneur déclarera à la RBQ les heures de cours qu’il a suivis en y joignant son attestation de participation. L’enregistrement des heures de formation sera centralisé. À l’échéance de la période de référence, si l’entrepreneur n’a pas mis à jour ses connaissances, sa licence sera suspendue.
« Dès son arrivée en 2018, la ministre Andrée Laforest était déterminée à apporter des changements dans l’industrie de la construction afin de rehausser la qualité des travaux et de mieux protéger les consommateurs québécois. La formation continue obligatoire devenait alors une priorité pour la RBQ et ses collaborateurs. D’ailleurs, il existe un consensus sur le fait que la qualité de la construction passe naturellement par la compétence des entrepreneurs et sur l’importance de maintenir à jour ses connaissances pour y arriver. L’entrée en vigueur des exigences de formation n’est qu’une étape de cette réelle volonté, car nous avons l’intention d’aller encore plus loin par la suite. »
- Michel Beaudoin, président-directeur général de la RBQ
Cet article est tiré du Supplément thématique – Projets 2022. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !
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