Une solution développée pour prévenir les chutes en hauteur lors de travaux de maintenance dans un poste haute tension a valu à ses concepteurs le Grand Prix santé et sécurité du travail – catégorie Innovation 2014 pour la région de la Côte-Nord.
Par Benoit Poirier
Les travailleurs à l’emploi de la Société en commandite hydroélectrique Manicouagan (SCHM) étaient constamment confrontés à des risques de chute lors des travaux de maintenance de disjoncteurs 69 kV ou 161 kV. De plus, ils devaient souvent adopter une posture contraignante susceptible de causer des blessures.
« Tous les trois ans, on fait des inspections d’entretien. On a environ 37 disjoncteurs. On les fait tous un par un », explique Kevin Simard, chef Maintenance pour la SCHM, société qui compte 18 employés et qui est la propriété à 60 % d’Hydro-Québec et à 40 % d’Alcoa. Située à l'embouchure de la rivière Manicouagan, elle gère un complexe privé qui comprend entre autres sept groupes turbine-alternateur qui assurent une production de 340 MW.
« Il y avait des problèmes d’ergonomie, relate-t-il. Ce sont des endroits qui ne sont pas faciles. Des surfaces rondes en acier. Les employés étaient debout. Ils devaient se promener là-dessus avec leurs harnais. On avait besoin de grimper sur certaines traverses où la haute tension est connectée. C’était glissant. »
Le risque n’était pas tant de s’électrocuter que celui de se blesser ou de tomber. Un escabeau ou une échelle posée sur du concassé trois quarts, par exemple, n’offre pas la meilleure stabilité qui soit. « Parce que lorsqu’on travaille, on est isolé électriquement. Il y a des zones sécuritaires de travail avec des distances d’approche. Côté électrocution, il n’y avait pas réellement de danger. C’était plutôt les risques de blessures attribuables à des chutes ou à de mauvais mouvements », précise Kevin Simard.
Méthode empirique
Il n’existait aucune solution commerciale apte à répondre aux besoins particuliers de l’équipe. En concertation, après une série d’essais divers, une plateforme de maintenance a été fabriquée de manière à ce qu’elle puisse tenir à l’intérieur de la structure des disjoncteurs et être transportée de l’un à l’autre.
« On a commencé par chercher ce qui se faisait un peu sur le marché : les échafauds, les différents systèmes d’escabeaux, d’échelles. On n’en a pas réellement trouvé, à cause de la conductivité. Ça ne prenait pas, par exemple, des systèmes en acier. Il fallait faire fabriquer des systèmes en matériaux composites. Ça se faisait, mais ça devenait compliqué », relate le responsable de la maintenance. Finalement, les employés ont demandé s’ils pouvaient développer quelque chose par eux-mêmes pour eux-mêmes.
Au final, souligne-t-il, cela n’a pas demandé un gros investissement ; surtout des idées, en fait. Entre autres celle d’adapter des éléments existants à leurs besoins particuliers. L’entreprise leur a fourni tout ce dont ils avaient besoin monétairement, ainsi que l’ingénierie et des conseils d’experts. Ils ont fait approuver leur création et hop ! En 2013 c’était réalité. « L’utilisation de la plate-forme permettait l’installation sécuritaire des systèmes antichutes, note Kevin Simard. C’était léger, il n’y avait plus de problème d’escabeaux. Ç'a réglé pas mal de problèmes. Bien qu’on n’ait jamais eu de chute auparavant. »
Les travailleurs y déambulent comme sur un échafaud. C’est plus facile d’aller de gauche à droite, de revenir, d’avoir accès aux outils et c’est plus rapide. Un gain notable en productivité et en efficacité, donc. Et, surtout, en prévention d’événements malheureux, voire tragiques.
Saluer la prévention
En tout, 11 entreprises et trois organismes publics se sont distingués lors de la remise des Grands Prix santé et sécurité dutravail – catégorie Innovation 2014, région de la Côte-Nord, pour avoir mis en oeuvre des réalisations, des projets tangibles ou des démarches proactives en santé et sécurité du travail.
Rappelons que Les Grands Prix santé et sécurité du travail sont organisés chaque année par la CSST dans toutes les régions de la province. Ils visent à reconnaître des initiatives mises en oeuvre par des employeurs et des travailleurs en matière de prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles et à faire l’éloge des gens qui s’impliquent à ce chapitre dans leur milieu de travail.
En plus d’être couronnés dans leur région, les gagnants se retrouvent en lice pour le Gala national. Le prochain aura lieu à Québec, au printemps 2015.
Cet article est tiré du Supplément thématique – Infrastructures et grands travaux 2014. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !
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