Hydro-Québec à l'aube d'un nouveau plan stratégique

25 avril 2016
Par Louis Delagrave, économiste

Malgré la réduction de ses investissements, Hydro-Québec continuera à amener beaucoup d’eau au moulin des constructeurs oeuvrant dans le secteur de l’énergie.

Le Plan stratégique 2016-2020 d'Hydro-Québec, qui sera déposé d'ici la fin de juin prochain, permettra d’y voir plus clair du côté des projets de construction liés à la production et au transport de l'énergie électrique. D'ores et déjà, le gouvernement a demandé à la société d’État de mettre en valeur sa contribution au Plan Nord, à l'électrification des transports ainsi qu’au développement de l'énergie éolienne, de l'efficacité énergétique et de l'exportation.

 

Il faudra sans doute s'habituer à de plus modestes ambitions d’Hydro-Québec sur le plan de la construction, vu les surplus d'électricité, comme l’illustre la réduction de ses investissements à 3,4 milliards de dollars en 2015. Il s’agit d’une baisse de 20 % par rapport aux 4,3 milliards investis en 2013, année où les travaux sur les centrales de la Romaine, les lignes de transport et les parcs d'énergie éolienne battaient leur plein. Et alors, rappelons-le, que s'achevait le projet Eastmain-1-A-Sarcelle-Rupert.

 

Mais la société d’État n’en demeure pas moins un donneur d'ouvrage majeur au Québec. De nombreux contrats restent à octroyer pour la Romaine, comme l'indiquait Paul DesRoches, directeur principal – Projets de production d’Hydro-Québec, devant les membres de l'Association des constructeurs de routes et grands travaux du Québec (ACRGTQ) réunis en congrès à Québec en janvier dernier.

 

Des appels de soumissions majeurs sont notamment prévus à la mi-2016 pour l'aménagement de la Romaine-4 : construction du barrage, bétonnage de la centrale, etc. Le mégaprojet de 6,5 milliards de dollars, entamé en 2009, générera donc des travaux de 500 à 600 millions de dollars par année d'ici 2018.

 

Ailleurs au Québec, des travaux de réfection − 200 à 300 millions de dollars annuellement − toucheront aussi plusieurs installations du parc d’équipement de l’entreprise : Carillon, Rapides-des-Quinze, Rapide-2, Rapide-7, Mercier, Manic-5, LG2...

 

C’est sans compter que les perspectives apparaissent encore prometteuses dans le transport d'énergie. Toujours à l’occasion du congrès de l'ACRGTQ, Guy Côté, directeur principal – Projets de transport et construction chez Hydro-Québec, prédisait même une accélération des travaux d'ici 2018.

 

Au menu : expansion du réseau en Minganie et raccordement de la Romaine, poursuite des travaux sur la ligne à 735 kV Chamouchouane – Bout-de-l'Île (du Saguenay à Montréal), qui entraîneront à eux seuls des appels de soumissions pour 200 à 300 millions de dollars. Des dizaines d'autres projets de construction ou de réfection de postes, ainsi que de nombreux projets de pérennité et de construction de lignes de transport, figurent également à l'agenda.

 

Du côté de l'énergie éolienne, 31 parcs sont déjà en service et Hydro-Québec a retenu trois nouveaux projets dans son dernier appel d'offres de 2013 : Nicolas-Riou, dans le Bas-Saint-Laurent ; Roncevaux, en Gaspésie ; et Mont Sainte-Marguerite, dans Chaudière-Appalaches. Un appel de propositions est aussi en voie de se conclure pour les Îles-de-la-Madeleine, projet qui s’ajoutera à la construction actuellement en cours des parcs de Mesgi’g Ugju’s’n en Gaspésie, de Roncevaux et de Pierre-de-Saurel, en Montérégie, et bientôt de Belle-Rivière au Saguenay − Lac-Saint-Jean.

 

Pas olé olé pour l'oléoduc

Toujours dans le domaine de l’énergie, les dés sont loin d'être jetés en ce qui concerne le controversé projet Énergie Est, de TransCanada Pipelines, maintenant évalué à 15,7 milliards de dollars – 4 milliards seraient dépensés au Québec – selon la nouvelle version déposée en décembre 2015 à l'Office national de l'énergie.

 

Le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement étudie également le projet. Il n'est maintenant plus question d'un port à Cacouna, mais 625 km du nouvel oléoduc reliant l'Alberta au Nouveau-Brunswick seraient construits au Québec entre la fin 2017 et la fin 2020.

 

La construction fournirait environ 2 000 emplois par année en moyenne au Québec, selon le promoteur. Le projet rencontre beaucoup d'opposition des groupes environnementaux ou de citoyens, ainsi que des milieux politiques québécois, quoiqu'il recueille également beaucoup d'appuis des acteurs économiques ou sur le plan canadien. Ne fait pas non plus l'unanimité l'exploration pétrolière sur l'île d'Anticosti. À suivre…

 


Cet article est tiré du Supplément thématique – Projets 2016. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !

 

 

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