Là n’est pas la question. Pour trancher ce noeud gordien, il faut d’abord procéder à l’analyse de ses besoins.
La location d’équipement de chantier connait une popularité croissante. Du petit outillage à la machinerie lourde, tout se loue. Il est vrai que les arguments en faveur de la location sont nombreux : elle permet notamment de répondre à un besoin ponctuel, de maitriser ses flux de trésorerie et de bénéficier d’un équipement de pointe sans pour autant augmenter son parc d’équipements. Mais est-ce vraiment la solution universelle à tous les besoins du chantier?
L’analyse de vos besoins et de vos objectifs devrait vous mettre sur la voie. S’agit-il d’un besoin récurrent ou ponctuel? De travaux coutumiers ou spécialisés ? L’entreprise fait-elle face à des enjeux financiers ? Selon Jean-Marc Dallaire, président de Lou-Tec, certains facteurs vont tantôt justifier la location, tantôt l’achat d’équipement. « Ça dépend surtout de l’utilisation, dit-il. Lorsque l’équipement est utilisé moins de 65 pour cent (%) du temps ou que le projet dure moins de six mois, c’est plus avantageux de louer. »
La location est également préférable lorsqu’on ne veut pas grever son fonds de roulement par un achat important et, éventuellement, s’exposer à des difficultés financières en période creuse. Elle permet aussi de faire l’essai d’un engin de chantier avant de l’acheter et de faire ainsi des choix plus éclairés. Sans compter qu’elle libère de certaines obligations, comme l’entretien périodique, l’entreposage et le transport de l’équipement.
Rendement garanti
Louer un équipement signifie en outre avoir accès à un équipement récent et fonctionnel. En cas de bris, une unité de service sera dépêchée au chantier et l’équipement sera réparé ou remplacé sans plus de délai. On réduit de cette manière les pertes de productivité et les retards sur les échéanciers qui peuvent gruger rapidement une marge bénéficiaire. En d’autres mots, le rendement de l’équipement est garanti, sinon celui-ci est remplacé.
C’est d’ailleurs ce qui incite Wilfrid Melançon à louer des nacelles et des chariots télescopiques. Contremaitre pour Structures Universelles, une entreprise qui fait sa marque dans l’assemblage de charpentes d’acier, il dispose de six grues, parfois louées à des tiers, et de trois chariots élévateurs. « Dans 80 % des cas, c’est des nacelles qu’on loue, dit-il. C’est un équipement qui brise facilement, c’est pour ça qu’on préfère le louer. Quand il y a un problème, on a juste à placer un appel de service. »
Équipement adapté
Autre avantage de la location : celui de disposer d’un équipement parfaitement adapté à la réalité du chantier. Par exemple, votre nacelle articulée de 60 pieds (pi) vous permet de réaliser la plupart de vos contrats, mais vous avez occasionnellement besoin d’une nacelle de 85 pi. Mieux vaut alors louer l’équipement, sinon vous risquez de ne pas rentabiliser votre achat.
C’est du moins ce que préconise Maryse Poupart, présidente d’Isolation Algon. Son entreprise détient en propre sept camions-usines équipés de pulvérisateurs ainsi que des appareils de levage pour les travaux en hauteur, dont une nacelle. Pour combler ses besoins, elle loue régulièrement des nacelles et des plateformes ciseaux. « On ne sait jamais de quel type d’équipement on va avoir besoin, c’est pourquoi on préfère recourir à la location pour les équipements de levage », indique-t-elle.
Elle dit par ailleurs privilégier d’abord l’usage de ses propres équipements. Mais lorsqu’elle se tourne vers la location, c’est pour une durée minimale d’un mois. « On travaille sur l’enveloppe et on est souvent pris en sandwich entre les différents corps de métiers, note-t-elle. On fait parfois beaucoup d’allers-retours sur un chantier avant de compléter un contrat. Dans les temps morts, on rentabilise la location en déménageant l’équipement d’un chantier à l’autre. »
Si la location de gros équipements a la cote auprès des entrepreneurs en construction, en revanche, louer du petit outillage est moins populaire au sein de cette communauté. La raison en est simple : les outils à main font partie du quotidien du chantier et leurs couts d’acquisition sont moindres. Il reste qu’il peut être plus avantageux de louer une foreuse à diamant, un petit équipement qui se détaille entre 3 000 et 4 000 dollars, que de l’acheter pour répondre à un besoin ponctuel.
Durée variable
Pour ce qui est de la durée de la location, elle variera en fonction du chantier. Si le besoin est récurrent, on peut envisager une location à l’année. « Mais quand on fait tous les calculs, on constate que l’achat reviendrait moins cher à la longue, souligne Jean-Marc Dallaire. Pour une location à l’année, on parle d’un surcout d’environ 10 à 15 %. Lorsque le taux d’utilisation le justifie, on peut aussi envisager un crédit-bail. Les mensualités seront moindres et on peut acheter l’équipement au terme du contrat. Sauf qu’il faudra prendre en charge l’entretien, les frais de crédit et les couts de transport. »
Le crédit-bail, c’est justement la formule que privilégie Annie Coderre lorsqu’elle envisage l’achat d’un équipement. Directrice générale d’Excavation F. Dumouchel, elle possède au total une trentaine d’équipements de terrassement – camions et remorques à benne, excavatrices, chargeurs sur roues, bouteurs. « C’est d’abord une décision fiscale mais dans le but de garder l’équipement, mentionne-t-elle.
« Et les couts de location sont trop élevés. Une pelle 460 neuve, c’est autour de 300 000 dollars à l’achat. La louer, ça coute environ 15 000 dollars par mois. En plus, il faut anticiper les besoins et réserver l’équipement pour s’assurer de sa disponibilité. On a parfois de mauvaises surprises aussi. Par exemple, si on n’a pas fini le contrat au terme de la location et que le locateur s’est engagé ailleurs, on risque d’être mal pris. On préfère donc acheter, comme ça, on n’est à la merci de personne. »
- Aucune mise de fonds requise
- Couts prévisibles et frais refacturables
- Transfert de la responsabilité civile au locateur
- Aucune dépréciation de la valeur des équipements
- Certificat d’inspection conforme aux exigences de la CNESST
- Accès possible à un portail-client et à la géolocalisation pour gérer les équipements
Cet article est tiré du Supplément thématique – Équipement de chantier 2020. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !
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