Conscientisées par les enjeux environnementaux, plusieurs entreprises en construction misent davantage sur le développement durable et l’écoresponsabilité.
Le président d’Eurovia Québec, Marc Joncas, l’a pleinement réalisé durant un récent voyage en France, où il a assisté à la convention du leader mondial de la construction, Vinci. Signe que les temps changent, la question des changements climatiques a pris presque toute la place durant cet événement.
« Les premières entreprises qui vont prendre le virage vert vont créer de nouvelles opportunités d’affaires grâce aux innovations. Je suis convaincu que l’on peut créer de la valeur en étant plus vert. Certains affirment que cela coute plus cher. Moi, je crois désormais que c’est une nouvelle économie », s’enthousiasme Marc Joncas. Cette création de valeur passe notamment par une force d’attraction plus importante auprès de candidats potentiels, mais également une force de rétention auprès des employés, un facteur non négligeable dans un contexte de pénurie de main-d’oeuvre.
Plus d’attractivité, mais aussi plus de motivation chez les employés, estime Cécile de Villemeur, directrice des opérations chez ALTO2, une société de consultants en construction et stratégies durables. « Un employé motivé est plus productif et plus impliqué dans son travail. Il est également plus fier, plus heureux ». Depuis une dizaine d’années, cette consultante en développement durable aide les entreprises à déterminer les actions concrètes bénéfiques à la fois pour l’environnement, la société et leur portefeuille.
« Lorsque je rencontre une entreprise pour la première fois, je réfléchis d’abord avec elle sur la façon d’aligner ses valeurs avec ses services. Lorsqu’il est question d’environnement, les gens vont parler d’efficacité énergétique et d’émission de carbone. Mais, il faut également voir comment on peut améliorer le bienêtre des employés, notamment par l’amélioration des bâtiments », explique-t-elle.
Passer à l’action sur le chantier...
À cet effet, Vinci, qui possède Eurovia Québec et plusieurs autres entreprises à travers le monde, a ciblé trois pôles d’intervention : agir pour le climat, optimiser les ressources et préserver les milieux naturels.
Dans le premier pôle, Vinci promet de réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES) de 40 % d’ici 2030, une cible qui s’annonce ambitieuse chez Eurovia Québec, qui produit chaque année 84 000 tonnes de C02, dont la moitié est produite par ses 22 usines d’asphalte et 30 % par ses véhicules lourds. « Jusqu’à présent, nous envisagions de réduire de 28 % nos GES, mais bien honnêtement, nous ne savons pas comment nous allons nous rendre à 40 %. La solution passera par l’innovation, sinon nous n’y arriverons pas », concède Marc Joncas. Pour y arriver, Eurovia Québec prévoit rénover ses usines pour faire des enrobés à plus basse température et consommer moins d’énergie ainsi que sensibiliser les équipementiers à la mise en marché de véhicules lourds électriques ou à hydrogène.
Le deuxième pôle cible la récupération des matériaux, plus particulièrement l’asphalte. À l’heure actuelle, ce matériau termine sa vie utile dans les sites plutôt que d’être transformé et réutilisé sur les routes. Il faudra toutefois convaincre le ministère des Transports du Québec et les villes, les deux principaux donneurs d’ouvrage, qui sont encore réticents à réutiliser de l’asphalte.
Eurovia n’est pas la seule entreprise en construction à favoriser l’économie circulaire. Construction Longer le fait aussi en triant ses matières résiduelles sur ses chantiers, dont le bois, le béton, le carton et les métaux. « Dans nos trois projets pilotes, au-dessus de 300 tonnes de matières résiduelles ont été détournées de l’enfouissement. C’est vraiment significatif. De plus, les redevances obtenues pour les métaux viennent combler les dépenses liées à l’achat de plusieurs conteneurs nécessaires au triage », explique Julie Fouquet, directrice de projet chez Construction Longer.
Pour son troisième pôle, Eurovia souhaite poser des gestes favorisant la préservation des milieux naturels. Cette année, l’entreprise a redonné un de ses sites à la communauté, qui l’a transformé en jardin et a signé un bail emphytéotique avec une association afin d’assurer la protection des tortues de rivière, une espèce en voie d’extinction.
L’entreprise souhaite également encourager ses employés à s’engager dans le virage vert. En effet, chaque année, elle octroie 15 000 dollars à chacun de ses 16 bureaux régionaux pour la réalisation d’actions environnementales.
… sans négliger ses bureaux
Devenir plus vert signifie également construire des bâtiments plus écoresponsables, avance pour sa part la consultante en développement durable Cécile de Villemeur. Celle-ci a une image bien spéciale pour illustrer la façon dont les constructions devraient être réalisées.
Plusieurs actions peuvent être entreprises pour y arriver. Par exemple, on peut faire en sorte que le bâtiment produise plus d’énergie qu’il n’en consomme. Pour ce faire, une entreprise pourrait mettre en place un système de ventilation naturelle ou utiliser la chaleur du soleil pour chauffer les pièces. Il est aussi possible d’intégrer le bâtiment à l’environnement en respectant la nature ou d’en dépolluer le terrain, ou d’en réduire la consommation d’eau.
Finalement, on peut améliorer la santé physique et psychologique ainsi que le bien-être des employés en offrant un accès à de la lumière naturelle et un air propre, par exemple. Parce qu’un bel environnement de travail rend les employés plus détendus et moins stressés et, au final, plus productifs.
Cet article est tiré du Magazine – Les Leaders de la construction 2021. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !
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