Brossard était le théâtre, plus tôt cette année, de la mise en place d’un pont piétonnier en aluminium sans nul autre pareil au pays. Coup d’oeil sur une réalisation innovatrice.
Par Marc Beauchamp
La firme spécialisée en ingénierie de l’aluminium MAADI Group, de Montréal, a conçu le plus long pont piétonnier en treillis pony en aluminium du Canada. Installée à Brossard, cette structure enjambe un grand fossé pour relier un nouvel ensemble résidentiel à un terminus de transport en commun, ainsi qu’à des parcs et aménagements urbains du quartier.
Environ 40 % plus léger qu’une construction d’acier, cette passerelle de longue portée s’avère plus durable et économique qu’un ouvrage traditionnel. À cet égard, une analyse récente de coût total de possession (CTP), menée par Deloitte, démontre que l’utilisation de l’aluminium comme matière première pour ce type de projet de génie civil suppose des avantages en matière de coûts, principalement parce qu’il ne nécessite aucun entretien.
Alexandre De la Chevrotière, président de MAADI Group, indique que l’analyse du CTP met l’accent sur un coût d’ensemble inférieur au fil du temps pour deux raisons. « D’abord, précise-t-il, l’aluminium ne se corrode pas. Les ponts en aluminium ne requièrent donc aucun entretien, contrairement aux ponts en acier qui doivent être constamment entretenus en raison de l’apparition de rouille avec le temps », avance l’ingénieur concepteur.
« Ensuite, poursuit-il, l’aluminium de la structure est complètement recyclable et conserve une valeur de recyclage élevée à la fin de sa durée de vie. Il peut être réutilisé ou recyclé indéfiniment sans perdre ses caractéristiques physiques. Ces avantages, conjugués avec la facilité de transport et d’installation, rendent les structures en aluminium extrêmement concurrentielles en matière de coûts en plus de représenter un choix écologique par rapport à l’acier. »
En outre, selon Pierre Achim, directeur du développement économique régional chez Rio Tinto Alcan, « environ 70 % de tout l’aluminium produit depuis 1888 est encore en utilisation, ce qui démontre son caractère durable ».
Projet novateur
Fabriquée en l’espace de deux mois, cette structure unique en son genre repose sur une idée lancée il y a un an lors d’un appel d’offres public. « Au départ, relate Alexandre De la Chevrotière, l’appel d’offres de la ville de Brossard spécifiait l’acier comme choix de matériau. Or, Congeres, l’entrepreneur général sélectionné pour exécuter le mandat, notre client, a été sensible à nos recommandations. Il nous a permis de suggérer au donneur d’ouvrage la sélection de l’aluminium. Après avoir formulé un addendum au devis technique, une nouvelle proposition a été soumise et adoptée par le conseil municipal. »
Or, ce genre de pont n’est pas monnaie courante au Québec. « Nous exportons 90 % de nos projets, indique d’ailleurs le président de MAADI Group. Des réalisations acheminées principalement en Europe et en Asie, ainsi que dans l’Ouest canadien et aux États-Unis, où ce type de matériau est convoité et sa fabrication encouragée. Chez nos voisins du Sud particulièrement, cela fait plus de 70 ans qu’on fait des tabliers de pont en aluminium. Les profilés d’aluminium sont utilisés sur une base courante dans la construction d’imposants ouvrages ».
« Or, ajoute-t-il, le ministère des Transports du Québec ne préconise pas ce matériau dans ses devis. C’est très rare de pouvoir faire un ouvrage comme celui-ci dans la province. Le Québec est pourtant un très important producteur d’aluminium. Les difficultés d’approvisionnement en matériaux d’extrusion d’aluminium aux États-Unis témoignent d’ailleurs du principal défi qu’impose un tel chantier. »
À ses yeux, l’ouvrage mis en place à Brossard permettra d’illustrer que l’aluminium est le matériau idéal pour les tabliers de ponts et les viaducs de 20 à 30 mètres de longueur. Quelque 3 000 ouvrages du genre au Québec pourraient être ainsi refaits en aluminium, selon lui.
Particularités structurelles
Ce pont piétonnier, d’une longueur totale de 44 mètres, est entièrement fait d’alliage en aluminium 6061-T6. Sa structure est appuyée sur des culées de béton aux deux extrémités. Mentionnons que le poids de la passerelle, incluant les deux tonnes de volume bois qui forment le plancher, totalise 19 450 kilos. Des glissières de sécurité horizontales de 1,37 mètre bordent les côtés de la passerelle.
Bâti au coût total de 250 000 dollars, ce projet a rassemblé plusieurs partenaires, dont l’Association de l’aluminium du Canada et Rio Tinto Alcan. Congeres a conçu et fabriqué les culées de béton qui servent d’assises au pont. La structure a été installée en moins d’une journée sur son site, à proximité de la rue Claudel, le 9 mars 2012. Les piétons et cyclistes étaient invités à y circuler dès le lendemain.
Matériau de structure : Alliage d’aluminium 6061-T6
Poids total : 19 450 kg
Longueur totale : 44 mètres
Largeur du tablier : 3,65 mètres
Composante de tablier : 2 tonnes de bois traité
Cet article est tiré du Supplément thématique – Infrastructures et grands travaux 2012. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !
Ce sujet pique votre curiosité ? Lisez tous les articles du dossier INFRASTRUCTURES ET GRANDS TRAVAUX 2012 :
- Le secteur génie-voirie au Québec survolté jusqu’en 2015
- L'autoroute 30 : un mégachantier aux multiples défis
- Le pont en arc surplombant l’autoroute 73 à Stoneham-et-Tewkesbury
- Le pont Dominion à Lévis : le plus long pont à béquilles au Québec
- La Romaine : turbiner aux défis et à l’innovation
- Le complexe Eastmain-1-A – Sarcelle – Rupert : un banc d’essai grandeur nature
- Réhabiliter de vieilles centrales hydroélectriques avec brio
- Les enjeux du secteur génie et voirie au Québec
- Infrastructures : repérer avant de creuser