Un rappel à marteler année après année : l’importance de repérer les infrastructures souterraines avant de creuser. Et ainsi éviter de s’exposer à de lourdes conséquences.
Par Marc Beauchamp
En 2011, un incident causé par un entrepreneur en excavation sur un boulevard achalandé d’un arrondissement montréalais cause d’importants dommages à la chaussée, entrave la circulation, en plus de provoquer l’inondation de plusieurs commerces et résidences, générant dans la foulée de lourds déboursés. Peu après, un bris d’aqueduc causé lors de travaux effectués dans une municipalité de la rive sud de Montréal se répercutait non seulement sur l’approvisionnement en eau des gens de l’endroit, mais aussi sur celui des communautés voisines.
Ces exemples, dont la liste pourrait s’allonger encore longtemps, ont pour dénominateur commun qu’aucune demande de localisation des infrastructures souterraines n’avait été formulée avant le début des travaux. Pourtant, une requête formulée auprès d’Info-Excavation aurait permis vite fait bien fait de creuser en toute sécurité. Et, du coup, d’éviter bien des tracas.
Au Québec, près de 30 % des entrepreneurs effectuant des travaux d’excavation ne font pas encore appel à ce service, pourtant gratuit et ouvert en tout temps, estime Marc Jr Colas, directeur des services techniques d’Info-Excavation. « Le sectionnement de canalisation cause des milliers de dollars de dommage matériel chaque année, observe-t-il. Ajoutons à cela le danger provenant de la perforation de conduites de gaz et ses impacts découlant de l’évacuation de vastes périmètres, et vous obtenez une longue liste d’inconvénients qui pourraient être facilement évités. »
On constate néanmoins que le nombre d’événements se résorbe année après année, les entrepreneurs faisant davantage appel à ce service. Selon l’Alliance pour la protection des infrastructures souterraines du Québec (APISQ), organisme dont est membre Info-Excavation, le service qui contribue à prévenir les bris d’infrastructures causés par des travaux d’excavation permet du même coup de contrôler la qualité du travail fait par des tiers sur le territoire et dans les emprises municipales. L’Alliance souligne du même souffle qu’en se prévalant du service, on crée un effet d’entraînement en centralisant l’accès à l’information.
Une campagne et ses effets
Des données révèlent que sur 1 291 événements d’excavation survenus l’an dernier, près de 460, soit 36 % des contrats accordés, n’ont pas fait l’objet d’une demande de localisation d’infrastructures souterraines. Ils surviennent le plus souvent lors de travaux relatifs aux égouts et aqueducs (20 %) ainsi qu’aux rues et routes (18 %).
« Environ 5 % de ces événements sont reliés aux municipalités elles-mêmes, alors que 22 % sont liés à des entrepreneurs qui travaillent pour des villes, observe Marc Jr Colas. Ces événements se produisent majoritairement dans les voies publiques, plus précisément dans les rues urbaines (64 %). Ils affectent principalement les infrastructures de distribution (92 %) et de branchement (63 %). Dans 83 % des cas, ce sont des pratiques d’excavation inadéquates associées à l’utilisation d’une rétrocaveuse qui causent le bris. »
La publicité et les séances d’information produites par Info-Excavation et l’APISQ contribuent néanmoins à améliorer la courbe statistique. Grâce à ces campagnes, on note depuis trois ans une baisse continue du nombre d’incidents, rapportent les deux organisations. « En 2011, indique Marc Jr Colas, on dénombrait environ 20 % moins d’accidents qu’en 2009. »
Le coût direct estimé des dommages entraîné par ces événements, soit l’intervention des équipes d’urgence des fournisseurs de services d’utilité publique et la somme des pièces de remplacement, oscille entre 1 000 et 2 500 dollars par épisode. « Mais les coûts sociaux, c’est-à-dire les frais indirects générés par ces bris sont beaucoup plus grands, fait remarquer le directeur des services techniques d’Info- Excavation. Chantiers paralysés, bouchons de circulation, déploiement des services d’incendie des municipalités, interruptions de service, risques de blessure grave, réclamations et poursuites juridiques font rapidement augmenter la facture. »
- creuser en toute sécurité et éviter de nombreux tracas, sans débourser un sou, le service étant entièrement gratuit ;
- développer de bonnes pratiques d’excavation et livrer sans délai, en réduisant le potentiel d’incidents et d’arrêts de chantier ;
- et économiser gros en évitant de provoquer des sinistres et d’engloutir des sommes pour se défendre lors de poursuites légales.
Cet article est tiré du Supplément thématique – Infrastructures et grands travaux 2012. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !
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