En service depuis près de 175 ans, les écluses du Canal-de-Chambly ont récemment fait l’objet d’une cure de rajeunissement.
Annoncés en août 2015 sous l’ancien gouvernement Harper, des investissements de plus de 131,1 millions de dollars ont été alloués à plusieurs projets d’infrastructures de Parcs Canada au Québec. Ces investissements majeurs comprennent des travaux de réfection dans des canaux de l’ensemble du Québec, y compris les canaux de Lachine, de Sainte-Anne-de- Bellevue et de Chambly, ainsi que des travaux de protection de rivage et de stabilisation de la maçonnerie au lieu historique national du Fort-Chambly.
Celui qui était alors ministre de l'Infrastructure, des Collectivités et des Affaires intergouvernementales et ministre de l'Agence de développement économique du Canada pour les régions du Québec, Denis Lebel, avait justifié ces investissements comme étant des mesures de soutien au Plan national de conservation des parcs et des lieux historiques partout dans le pays à l’approche des célébrations du 150e anniversaire du Canada, qui aura lieu en 2017.
Avec la venue du nouveau gouvernement libéral, ces investissements ont toutefois été majorés à 170 millions de dollars, comme nous l’indiquait en mars dernier une communication de la ministre de l'Environnement et du Changement climatique, Catherine McKenna. Et, avis aux intéressés, Parcs Canada a décidé d’investir une somme record de 3 milliards de dollars sur cinq ans afin de soutenir des travaux d’infrastructures dans les installations patrimoniales, celles destinées aux visiteurs ainsi que dans les voies navigables et les routes situées dans les lieux historiques nationaux, les parcs nationaux et les aires marines nationales de conservation dans l'ensemble du Canada.
Tavaux de restauration
En avril dernier, Constructo a visité l’un de ces chantiers, dont les travaux consistaient à remplacer les quatre portes de l’écluse no 5 du Canal-de-Chambly au coût de 800 000 dollars. Les travaux de remplacement de l’écluse no 8, eux, ont été effectués l’an dernier.
Entrepris à la fin d’octobre 2015, les travaux de l’écluse no 5 visaient la réfection complète de ses quatre portes situées en aval et en amont, puisqu’elles avaient atteint la fin de leur durée de vie utile depuis leur dernier remplacement en 1978. Des travaux rendus inévitables dans un contexte où Parcs Canada doit assurer la sécurité des usagers et la pérennité des installations.
Concrètement, les anciennes portes ont d’abord été retirées et placées sur le côté de l’écluse n° 5, a précisé l’ingénieur René Bernard, chargé du projet chez Parcs Canada. Des travaux de réfection ont par la suite été effectués sur le mur de bois à l’intérieur du canal asséché. Les vannes et les puits de crémaillères ont été remplacés et de nouvelles plaques d’ancrage ont été installées.
Tout cela s’est déroulé pendant que les nouvelles portes étaient construites en atelier par l’entrepreneur Construction Jessiko, de Lavaltrie, qui a remporté l’appel d’offres lancé à cette fin en août 2015. C’est la firme d’ingénierie SNC-Lavalin qui a fait un relevé des mensurations et des formes de chacune des 20 pièces constituant ces portes pour la préparation des plans de préfabrication.
Chaque pièce a été usinée par la compagnie Goodfellow en sapin Douglas de la Colombie-Britannique. Il s’agit de portes busquées, c’est-à-dire que les deux battants s’appuient l’un contre l’autre pour former un « V ». Ce concept, dont l’origine remonterait à Léonard De Vinci, fait en sorte que la pression de l’eau garde les portes fermées.
Comme nous l’a mentionné la gestionnaire des relations externes de Parcs Canada, Isabelle Savoie, « chaque porte pèse environ cinq tonnes, soit le poids d’un éléphant adulte ». Les travaux de remplacement ont donc consisté à monter les portes sur leur socle, morceau par morceau, à l’aide d’une grue mobile Mammoet. Un travail tout en minutie compte tenu de l’exiguïté du chantier.
Par la suite, des travaux mineurs ont été effectués pour permettre la mise en service de l’écluse pour la saison de navigation qui s’est ouverte, le 20 mai dernier. Entre autres, toute la quincaillerie utilisée sur les anciennes portes a été nettoyée et apposée sur les nouvelles portes, et les anciennes passerelles ont été réinstallées à leur place.
Rappelons que le canal de Chambly est situé sur la rive gauche de la rivière Richelieu, au sud-est de Montréal, et qu’il s’étire sur près de 20 kilomètres entre les municipalités de Chambly et de Saint-Jean-sur-Richelieu. Ouvert en 1843, le canal de Chambly a joué un rôle fondamental dans l’industrie des produits forestiers du Québec et dans leur exportation vers les États-Unis. Huit des neuf écluses et un pont fonctionnent encore manuellement.
- Recapitalisation urgente du pont 1 : 725 000 $
- Remplacement des portes des écluses 8 et 5 : 1 700 000 $
- Réhabilitation du pont 1 : 2 400 000 $
- Ponts 1, 3, 4, 7 et 10 – travaux électriques : 600 000 $
- Ponts 1, 3, 4, 7 et 10 – travaux mécaniques : 850 000 $
- Réhabilitation partielle du quai fédéral : 6 600 000 $
- Réhabilitation du site : 7 800 000 $
- Réhabilitation de sections de tablier du barrage Fryer : 7 400 000 $
- Réhabilitation des murs de soutien (secteur Saint-Jean) : 4 000 000 $
La répartition initiale de l’investissement de 32 075 000 $ alloué à la restauration des écluses du Canal-de-Chambly se décline comme suit :
Source : Parcs Canada
Cet article est tiré du Supplément thématique – Infrastructures et grands travaux 2016. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !
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