Depuis la reprise, la CNESST exige que chaque travailleur qui entre sur un chantier remplisse un formulaire en lien avec la COVID-19. Dès l’annonce de cette nouvelle mesure, quelques entreprises spécialisées en logiciels de gestion de projets ont pris la balle au bond afin d’innover en ces temps de changement.
Un contrôle serré est dorénavant effectué à l’entrée de chaque chantier de construction au Québec. Afin de limiter les contacts physiques et d’économiser du temps, plusieurs compagnies qui offraient déjà des outils technologiques de gestion ont élaboré une nouvelle fonctionnalité pour remplir les formulaires à même une application. Ceux-ci sont directement acheminés à l’entrepreneur général qui peut ensuite les rediriger vers les sous-traitants ou le donneur d’ouvrage.
Le formulaire est composé de trois questions qui veillent à vérifier l’état de santé des travailleurs. On demande à chacun s’il présente des symptômes de la COVID-19, s’il a voyagé dans les quatorze derniers jours et si une personne a été contaminée dans son entourage immédiat.
Une solution qui va de soi
« Les gens ont [déjà] de la misère à donner leur feuille de temps le vendredi, j’avais de la difficulté à m’imaginer comment ce questionnaire-là serait bien rempli, cinq jours par semaine, expose Jérôme Guay, président de Mobile Punch, une des premières entreprises à avoir offert les formulaires santé en ligne. Dans les gros chantiers il y a cent, cent cinquante, deux cents travailleurs à deux mètres l’un de l’autre pour remplir un formulaire papier [alors que] tu ne peux même plus payer en argent liquide à l’épicerie », ironise-t-il.
Même son de cloche chez Robert Meunier, président de Maestro, une entreprise qui propose une solution technologique de gestion exhaustive et précisément conçue pour les entrepreneurs en construction. « Ça n’a pas de sens, on ne veut pas échanger des bouts de papier avec potentiellement des virus dessus », s’exclame-t-il. Pour pallier le problème, Maestro, en collaboration avec Spiria et Oriso, a lancé Sentinel, une application gratuite pour remplir le formulaire à partir d’un appareil intelligent.
En général, les applications sont très faciles d’usage. Dans le tableau de bord de celles-ci, l’utilisateur peut voir le nom des entreprises sous-traitantes qui ont rempli le formulaire. Si un travailleur répond positivement à une des trois questions, une alerte le signale à l’entrepreneur. Il est ensuite possible de réagir rapidement, les informations étant transmises en temps réel. Preuve que cette nouvelle fonctionnalité plait aux entrepreneurs, Mobile Punch affirme avoir 20 000 formulaires remplis, et ce, seulement pour les chantiers résidentiels prioritaires.
Comme un écosystème
Évidemment, les formulaires en ligne ne représentent qu’une petite fraction des services offerts par ces entreprises. De fait, en adhérant à leurs services, l’entrepreneur acquiert un logiciel pouvant effectuer toute la paperasse, autrement longue et fastidieuse, en quelques clics. Par-dessus tout, le produit est une formidable plateforme de collaboration pour les divers acteurs impliqués dans le projet.
Avoir accès à une plateforme de collaboration qui permet d’échanger sans nécessairement être côte à côte s’avère le grand avantage des outils technologiques, postule Annie Chantelois, présidente-fondatrice de l’entreprise Dreeven, elle aussi spécialisée en logiciels de gestion pour l’industrie de la construction. « Les gens qui doivent travailler de la maison, ils accèdent en tout temps à toutes leurs données de tous leurs projets », précise-t-elle.
Ces nouvelles bibittes que sont les outils technologiques de gestion donnent effectivement une multitude de possibilités aux entrepreneurs en construction. À partir d’un tableau de bord élaboré, l’utilisateur peut administrer chaque projet dans les moindres détails, en passant bien sûr par la gestion du budget et le partage de toute la documentation. Il peut échanger avec tous les acteurs impliqués dans chaque projet tout en étant au fait des derniers avancements en temps réel. Toute la solution technologique de ces logiciels et applications est conçue expressément pour servir l’industrie de la construction.
« On veut créer une espèce d’écosystème, compare M. Meunier. C’est ça la transformation numérique, c’est d’optimiser les échanges d’information et de données. Les plateformes collaboratives entrent là-dedans, toutes les approches BIM aussi, on ramène tout le monde ensemble dans un même environnement avec des échanges et du partage de données. Les compagnies ont résisté hyper longtemps à ça. »
Plus rapide et plus rigoureux
C’est une évidence, l’utilisation de la technologie fait économiser beaucoup de temps à l’entrepreneur. Par exemple, pour la fameuse feuille de temps, le travailleur entre lui-même dans l’application son heure d’arrivée sur le chantier et les données sont immédiatement compilées. « Toute la gestion des feuilles de temps, elle [passait] par le contremaitre, l’autre l’approuve au bureau et finalement une employée la traite », rappelle M. Guay. Le recours aux outils technologiques de gestion accélère indéniablement ce processus autrement fastidieux.
De plus, ces applications et logiciels de gestion permettent notamment une plus grande rigueur dans le suivi des heures travaillées. « Le travailleur qui entre en retard le lundi matin, il le sait qu’il est arrivé en retard. Mais se souvient-il de l’heure précise à laquelle il est rentré? [L’application] assure une assiduité d’avoir les bonnes heures, y’a une économie certainement là-dessus », suggère M. Guay.