Post-COVID : des défis de taille attendent l'industrie de la construction

24 mars 2022
Par Isabelle Pronovost

Même si l’industrie de la construction a vécu un essor sans précédent en 2021, elle doit affronter quelques vents contraires. Heureusement, il existe des façons d’y faire face.

Au cours des deux dernières années, l’économie a connu des bouleversements importants. Il y a d’abord eu la pandémie de COVID-19, qui a généré un arrêt complet de plusieurs secteurs d’activité, puis une forte reprise ayant entrainé une hausse marquée de l’inflation. À cela s’ajoute l’incertitude que fait planer la guerre en Ukraine sur les chaines d’approvisionnement. Quels seront les impacts de tels changements sur l’industrie de la construction?

 

C’est la question qui a été abordée lors de la cinquième table d’échange virtuel pilotée par l’Association des estimateurs et des économistes de la construction du Québec (AEÉCQ) le 3 mars dernier. D’emblée, le conférencier invité Jean-Philippe Cliche, économiste principal à l’Association de la construction du Québec (ACQ), admet que les récentes années ont été fastes, avec 197,5 millions d’heures travaillées en 2021 comparativement à 140,6 millions en 2015, un record. Presque tous les secteurs en ont profité : le génie civil et la voirie (construction de lignes électriques), les travaux routiers (réfection de tunnels), le secteur institutionnel (réfection d’écoles et construction de tours en hauteur) et résidentiel (68 000 unités d’habitation). Il prévoit d’ailleurs des taux d’activité élevés jusqu’en 2024, sauf peut-être pour le secteur résidentiel où le nombre d’unités construites est présentement plus important que la formation de nouveaux ménages. Quant au secteur industriel, il devrait continuer à stagner, à moins que la guerre actuelle ne vienne stimuler la demande pour les produits miniers.

 

Malgré une demande soutenue, l’industrie de la construction doit faire face à des défis de taille, particulièrement en ce qui a trait à la main-d’œuvre. Parmi les solutions envisagées, il y a celle d’attirer davantage de femmes. Les entrepreneurs pourraient aussi avoir recours à des travailleurs étrangers temporaires, surtout pendant les périodes de pointe. Une autre option consiste à diminuer le nombre d’heures travaillées en chantier en utilisant la préfabrication. Enfin, il serait possible d’augmenter l’efficacité en faisant appel aux outils technologiques comme c’est possible de le faire en optant pour des solutions de BIM.

 

L’autre problème qui inquiète l’industrie concerne le prix des métaux ferreux, notamment l’acier, et celui du pétrole, qui alimente une partie de la machinerie utilisée sur les chantiers. On craint également des difficultés d’approvisionnement. À cet effet, l’ACQ a demandé au gouvernement s’il ne serait pas envisageable d’être plus autonomes en matière de matériaux. Par exemple, au lieu d’expédier le fer en Chine pour qu’il soit transformé en acier, pourquoi ne pas le fabriquer ici?

 

De son côté, Pierre Hamel, directeur des affaires juridiques et gouvernementales à l’ACQ, croit que la communication s’avère une piste de solution pour améliorer les relations parfois tendues entre les différents intervenants de l’industrie. Selon lui, les donneurs d’ouvrage devraient s’impliquer dans leurs projets, et ce, à toutes les étapes. Il souligne que les success stories en construction sont souvent le fait d’individus rassemblés autour d’une même table dès le début du projet.

 

Les avenues à explorer sont nombreuses pour cette industrie plutôt conservatrice. Mais aucun des intervenants présents à cette conférence ne doutait qu’elle saura s’adapter.

Cet article est paru dans l’édition du 10 mars 2022 du journal Constructo. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous.