L’enveloppe du bâtiment à l’heure de la mondialisation

29 octobre 2019
Par Marie Gagnon

L’ouverture des marchés mondiaux offre de nouvelles perspectives d’affaires aux entreprises d’ici, notamment en matière d’exportations. En témoigne l’exemple du 11 Hoyt à New York.

Quatrième secteur en importance au Québec en termes d’emploi et de PIB (produit intérieur brut), l’industrie de la construction est aujourd’hui confrontée à de nombreux défis, dont celui de la mondialisation des marchés. Pour faire face à cette nouvelle donne, de nombreux dirigeants d’entreprise choisissent de miser sur l’internationalisation de leurs activités comme solution. Notamment dans le domaine de l’enveloppe du bâtiment, où les produits les plus novateurs dominent le marché. Une tendance bien ancrée, mais soumise aux aléas de l’offre et de la demande.

 

C’est du moins le constat que fait Mario Gonçalves, directeur principal Amériques et International pour UL science du bâtiment, un guichet unique d’essais et de consultation en enveloppe du bâtiment. « La tendance est là depuis toujours, mais elle s’accélère depuis une dizaine d’années, observe-t-il. En fait, elle dépend beaucoup du marché. À New York, par exemple, l’activité est forte, mais le marché local ne suffit pas. On se tourne donc vers les marchés extérieurs pour s’approvisionner en produits novateurs de grande qualité, notamment en provenance d’Europe, ou par souci d’économie, vers les marchés asiatiques pour des matériaux à faible cout. »

 

Vendre une solution

Il ajoute qu’à l’heure actuelle, la faiblesse du dollar canadien par rapport à la devise américaine, tout comme la proximité géographique, représente un atout pour les fournisseurs québécois, dont les produits sont reconnus pour leur qualité. Cependant, si d’offrir un produit novateur de qualité est une condition minimale pour percer dans son marché, cela ne suffit pas pour se distinguer sur l’échiquier international, nuance-t-il. Ce produit, aussi novateur soit-il, devra être accompagné d’une plus-value que l’on retrouve dans la qualité, le service et la capacité du fournisseur à répondre rapidement aux besoins exprimés. Bref, il faut vendre une solution, pas seulement un produit.

 

Mario Gonçalves, Directeur principal, Amériques et International pour UL science du bâtiment.

 

« Les fournisseurs québécois de produits spécialisés pour l’enveloppe sont bien positionnés sur le marché américain, où leur bonne réputation les précède, signale Mario Gonçalves. Ils sont reconnus pour la qualité de leurs services, leur rapidité à répondre à la demande, mais aussi parce qu’ils possèdent une expertise incontestée en conception et en installation. Sans oublier l’influence de notre climat, qui les pousse à développer des produits performants, peu importe les écarts de température. »

 

Connaitre et être reconnu

Autre facteur à considérer avant de se lancer sur les marchés extérieurs : la préparation. En effet, on ne va pas en France ni aux États-Unis sans un minimum de recherches pour mieux connaitre le marché, la culture ou le système financier, si on veut éviter certains risques. C’est pourquoi la participation à des missions commerciales est ici tout indiquée. Bien entendu, les différences culturelles sont également à prendre en compte.

 

« Pour une petite entreprise, c’est plus difficile de faire sa marque sur les marchés extérieurs, note celui qui est également ingénieur. Pour exporter, il faut d’abord être capable de communiquer dans la langue du pays visé. Il faut aussi être familier avec les aspects juridiques de l’exportation et structurer son entreprise en conséquence. Enfin, il faut aussi disposer d’une certaine capacité financière, sinon on se dirige droit dans le mur. Parce que ça prend des capitaux pour soutenir ses opérations de production et de commercialisation sur les marchés étrangers. »

 

Enfin, pour réussir son projet d’exportation, il faut se faire connaitre. Entre autres des cabinets d’architecture, car ce sont eux qui développent les concepts et qui spécifient les produits qui serviront à leur donner forme. Pour ce faire, le fournisseur québécois devra assurer une présence active dans le marché vers lequel il souhaite exporter ses produits et services, et multiplier les présentations dans les bureaux d’architectes comme dans les foires commerciales.

 

L’exemple du 11 Hoyt

C’est d’ailleurs ainsi que Béton préfabriqué du Lac (BPDL), un fabricant québécois de béton préfabriqué architectural qui compte à son actif plusieurs projets d’envergure à New York, a réussi à se positionner en tête dans le projet du 11 Hoyt, à Brooklyn, un des cinq arrondissements de la Grosse Pomme. Signée Studio Gang, la tour d’habitation de 57 étages se distingue de prime abord par ses fenêtres en saillie qui forment une vague se propageant en diagonale sur les façades. Toutes les fenêtres, y compris celles qui feront saillie, seront intégrées dans un cadre de béton préfabriqué conçu par BPDL à son usine d’Alma.

 

« Les fenêtres sont fournies par un fabricant italien, puis intégrées dans un panneau de béton préfabriqué avant d’être expédiées à New York par transport routier, où elles sont mises en oeuvre par BPDL, indique Mario Gonçalves. Pour s’assurer que les panneaux satisfont aux critères de performance établis, leur conception a été validée au préalable au laboratoire de UL science du bâtiment, à Varennes, sur un prototype grandeur nature. Des essais de contrôle et de qualité ont également été effectués en usine et sur le site. Parce que respecter les normes locales, c’est le billet d’entrée sur les marchés extérieurs. Sinon, il n’est pas possible d’exporter. »

 


Cet article est tiré du Supplément thématique – Bâtiment 2019. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !