La construction scolaire bat son plein en Montérégie

Les centres de services scolaires (CSS) y multiplient les projets de construction et profitent de ce vent de changement pour innover. Regard sur la construction scolaire au sein de la région.

Nous ne pouvons pas soumissionner sur tous les appels d’offres! », s’exclame Chantal Gouin, présidente de Marieville Construction, à propos de la multiplication des projets. L’industrie de la construction met la main à la pâte pour répondre aux demandes des centres de services scolaires, qui voient leurs besoins en construction immobilière augmenter – voire exploser – depuis la dernière année. Les écoles ont atteint leur pleine capacité, conséquence directe d’une démographie qui ne cesse de croitre.

Construire et innover

Une forte augmentation de la clientèle est effectivement observée depuis les deux dernières années au CSS MarieVictorin (CSSMV), qui chapeaute une vingtaine de projets en cours de réalisation dans les villes de Brossard, de Saint-Lambert et de Longueuil. Ces derniers visent à pallier l’augmentation de la demande, qui surpasse les prévisions antérieures.

Le Département des infrastructures scolaires, créé expressément il y a deux ans par le CSSMV afin de répondre aux besoins en immobilier, s’affaire à la planification et à la construction des infrastructures. Y est né le concept avant-gardiste de l’école primaire Vauquelin dans le Vieux-Longueuil. Lors de sa mise en service l’automne prochain, celle-ci consistera en la première école au Canada à être construite en structure de bois apparent dans sa quasi-totalité : « Au niveau purement technique, c’est une école très, très innovatrice, souligne Christian Couloume, directeur au développement des infrastructures scolaires du CSSMV. On y utilise le bois de manière architecturale, mais aussi structurale, ce qui est majeur pour l’industrie ». Construite sur trois étages grâce à une modification au Code du bâtiment, cette école possèdera aussi une classe extérieure sur sa terrasse.

Une autre exclusivité à venir dans le paysage scolaire montérégien, cette fois plus à l’est : la construction d’une nouvelle école primaire innovante de 24 classes par le CSS Saint-Hyacinthe (CSSSH). Cette école, dont la construction est prévue à l’automne 2022, sera la toute première de la province à répondre aux normes de la certification WELL. « Cette certification atteste la présence et la qualité des aménagements ayant des impacts positifs sur le confort des personnes qui utilisent un bâtiment », rappelle Jean-François

Soumis, directeur du Service des ressources matérielles du CSSSH. En plus de la construction de ce nouveau bâtiment, est en cours de réalisation l’agrandissement de quatre écoles primaires et d’une école secondaire. Ces travaux permettront de répondre à l’affluence de nouveaux citoyens : « Dans la MRC des Maskoutains, surtout autour de Saint-Hyacinthe et des municipalités avoisinantes, il y a présentement une effervescence à ce niveau », souligne Jean-François Soumis.

Même constat dans le district voisin du CSS des Patriotes (CSSP), qui bâtit sur l’ensemble de son territoire. L’utilisation du bois et d’autres matériaux nobles a également la cote du côté de ce centre de services scolaire, qui mise sur le concept de la biophilie pour deux de ses nouvelles constructions. Ainsi, au-delà de l’utilisation du bois comme structure et comme revêtement intérieur, on vise par ce concept architectural à harmoniser une infrastructure à un environnement naturel. L’intérieur du bâtiment est lui aussi repensé, évacuant par le fait même l’aménagement standard. On y regroupe, par exemple, les classes par maisonnée. Porte-étendard de la rentrée scolaire 2023-2024, la future école primaire Carignan sera construite selon ce concept novateur.

Une multitude de projets

L’ampleur des travaux au sein du parc immobilier du CSSP est telle qu’ils s’échelonneraient sur un horizon de dix ans. Plus de 300 millions de dollars (M$) y seront investis, pour les seules demandes présentement à l’étude si elles sont autorisées. On cherche par ces investissements à bonifier les actifs de pas moins de 131 salles de classe, par le biais de neuf projets qui comprendront quatre nouvelles constructions. Bien que ces projets visent principalement le niveau primaire, le secteur secondaire n’est pas en reste : une réalisation d’envergure pourrait avoir lieu grâce à l’agrandissement de l’école OziasLeduc, à Mont-Saint-Hilaire. Estiméà près de 50 M$, celle-ci prévoit accueillir les élèves de Chambly et de Varennes, où les écoles secondaires ont déjà atteint leur pleine capacité, et ce, malgré des travaux d’agrandissement antérieurs.

Du côté du CSSMV, on prévoit livrer deux nouveaux établissements scolaires chaque année afin de répondre à la demande. Le Département des infrastructures scolaires prévoit neuf ajouts d’espaces, dont trois nouvelles infrastructures pour le secteur primaire et deux pour le secteur secondaire. Conscient que sa position géographique – à proximité de la métropole et des ponts d’accès à l’ile – l’expose à l’exode des Montréalais et à l’accueil de nouveaux citoyens, le CSSMV n’anticipe pour l’instant aucun retour vers la situation observée il y a quelques années, lors de laquelle des écoles devaient fermer, faute de clientèle.

L’horizon est vaste également au CSSSH, où on a déposé des demandes de projet auprès des instances concernées. Une école primaire agrandie et une nouvellement construite pourraient marquer la rentrée scolaire 2023-2024. La construction d’une nouvelle école secondaire est également dans la mire de ce centre de services scolaire.