Bien planifier son chantier en simultané

4 octobre 2019
Par Aurélie Beaupré

Les entrepreneurs affectés à des travaux dans des endroits publics doivent souvent composer avec la présence des personnes utilisant ces espaces. Que ce soit sur le chantier d’une station de métro, d’une école ou d’un hôpital, des mesures doivent être prises afin d’assurer la santé et la sécurité des travailleurs, mais aussi des occupants et des usagers. 

Lorsque l’accès à un bâtiment touché par des travaux est permis au public, il s’avère d’abord essentiel de s’assurer que celui-ci respecte en tout temps le Code national du bâtiment. « Pour maintenir les accès aux issues, on doit souvent installer des protections piétonnes ou des corridors de circulation aménagés pour des clients qui ne sont pas équipés ou habitués de marcher dans des chantiers », décrit Laurence Kerr, chargée de projet chez St-Denis Thompson pour la rénovation du musée du Château Dufresne. Un parcours sans obstacles doit donc être mis en place pour assurer la circulation à partir de l’entrée du bâtiment jusqu’à la partie occupée dans le but d’éviter tout risque physique pour les usagers.

 

Laurence Kerr, chargé de projet chez St-Denis Thompson. Photo : Sophie Sirois

 

Des exigences en matière de bruit sont aussi déterminées par le donneur d’ouvrage. Ainsi, des mesures d’atténuation du bruit doivent souvent être mises en place afin d’éviter de nuire aux activités quotidiennes. « Pour réduire le bruit, on installe des cloisons antibruit dans les parties du tunnel où station de métro Mont-Royal. Des horaires peuvent aussi on peut réaliser des travaux pendant la journée », explique être déterminés afin de signaler aux entrepreneurs quels Steve Cloutier, directeur de projet chez Construction sont les moments les moins opportuns pour la réalisation Demathieu et Bard, responsable du réaménagement de travaux bruyants.

 

Les travaux de démolition génèrent d’ailleurs beaucoup de bruit, mais aussi une grande quantité de poussière. Des mesures de prévention et de contrôle des infections sont donc généralement entreprises pour ce type de travaux : « On doit aménager des murs temporaires étanches pour maintenir une pression négative ou utiliser des outils de captation à la source. On utilise aussi des tapis collants et parfois des couvre-bottes pour éviter de transporter de la poussière à l’extérieur de la zone de chantier », précise pour sa part Philippe Jean-Fortin, vice-président aux opérations chez Construction Gesmo, responsable des travaux de réaménagement aux hôpitaux Général Juif et St. Mary.

 

Philippe Jean-Fortin, vice-président aux opérations chez Construction Gesmo. Photo : Laurent Canigiani

 

Le temps : un défi avec lequel composer

Le respect des échéanciers et des plages horaires destinées aux travaux semble représenter la plus grande difficulté lorsqu’il est question de travaux simultanés. Certains chantiers, en raison d’exigences ayant trait au bruit et à la poussière, sinon en raison des activités usuelles de la structure à rénover, ne peuvent être en action qu’à un certain moment de la journée : « On tente de planifier les travaux les plus bruyants lorsque les usagers ne se trouvent pas dans le bâtiment. Ça nécessite une grande capacité d’adaptation pour l’équipe sur place, car on doit répondre aux besoins du client », souligne Laurence Kerr.

 

L’obligation de remettre les lieux en état entre les différentes périodes de travaux ajoute aussi une étape supplémentaire : « On prend toujours du temps pour faire le ménage, même à l’intérieur de la zone de chantier, afin d’éviter la propagation d’infections, explique Philippe Jean-Fortin. Le temps passé à nettoyer engendre des couts que l’on doit prévoir avant de réaliser les travaux ».

L’installation et le démantèlement des équipements, tels que des échafaudages, peuvent aussi prolonger la durée des chantiers. « On perd généralement près de 50 pour cent du temps pour l’installation et le démantèlement des équipements », affirme Steve Cloutier.

 

Une préparation nécessaire

La réalisation de travaux dans un bâtiment occupé nécessite donc une importante préparation pour assurer le respect du budget et des échéanciers, tout en diminuant le risque au minimum pour les usagers. La compréhension du chantier permet de mieux planifier les travaux. « D’abord, le client identifie ses problèmes et ses contraintes, témoigne Steve Cloutier. L’entrepreneur, lui, doit bien comprendre les enjeux et définir les risques liés aux travaux, afin de déterminer les méthodes à utiliser pour les minimiser. On prévoit ensuite les mesures pour atténuer les désagréments liés à nos activités. Tout ça, ça se planifie d’avance. »

 

Le type de clientèle peut aussi déterminer la façon dont on se prépare au chantier en simultané. « Plusieurs non-voyants empruntent le métro. On devait prendre ce facteur en considération pour l’installation des cloisons à la station Mont-Royal, pour éviter que ces personnes ne sachent plus où aller », mentionne Steve Cloutier. « Dans un hôpital, par exemple, il est important d’organiser une rencontre avec le client afin de savoir à quels endroits on doit installer les cloisons et quel espace on doit laisser entre celles-ci et les murs du corridor, car il arrive qu’on doive laisser plus d’espace pour laisser passer des civières », ajoute Philippe Jean-Fortin.

 

Bien que les mesures à mettre en place pour respecter les normes de sécurité nécessitent une plus grande planification et davantage de ressources, ces étapes demeurent cruciales dans l’exécution d’un chantier en simultané. Il n’y a cependant pas de recette magique : l’unique moyen de développer une expertise sur ce type de chantier est d’acquérir de l’expérience de terrain afin de mieux anticiper les risques.

 

LE FEU, UN DANGER DE TAILLE

L’obligation d’installer un système de détection et d’alarme incendie dépend principalement des dimensions du bâtiment, de son usage et du nombre d’occupants. Dans les bâtiments en cours de construction ou de transformation, si un système de détection et d’alarme incendie est requis, il doit être fonctionnel au moins dans la partie occupée et un service de surveillance doit être assuré dans les parties qui n’en sont pas encore pourvues.

 


Cet article est tiré du Supplément thématique – Santé et sécurité 2019. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !