Sylvia Chouinard - Une entrepreneure générale tenace

7 août 2013
Par Christian Chaloux

 

Le monde de la construction regorge de parcours atypiques, familiaux ou autodidactes, qui ont mené à de fabuleuses carrières. Celui de Sylvia Chouinard, présidente des Habitations Chouinard, se démarque. L’entrepreneure générale a construit près d’une centaine de maisons au cours des huit dernières années.

 

Sylvia Chouinard est une décrocheuse qui a raccroché pour terminer avec une licence d’entrepreneure générale en construction résidentielle et un doctorat en neuropsychologie.

 

Également auteure

Métamorphose d'une femme de Sylvia Chouinard

 

Son parcours est relaté dans son livre Métamorphose d'une femme qu’elle a publié aux éditions Béliveau Éditeur en 2012. Elle explique son « adolescence difficile marquée par des problèmes de délinquance et de toxicomanie. Elle a frayé avec le monde de la criminalité, à un point tel que sa vie ne tenait plus qu'à un fil », peut-on y lire. « Si elle continuait dans cette direction, il n'y avait qu'une alternative : la prison ou la mort… »

 

À l’âge de 26 ans, elle décide de compléter ses études secondaires, ce qui lui a pris un an. Après un passage au collège (CÉGEP), elle est acceptée en psychologie à l’université à l’aube de la trentaine. Deux maîtrises et un doctorat plus tard, elle aborde la quarantaine avec à l’horizon son entreprise Les Habitations Chouinard et un poste de neuropsychologue au Centre de santé Les Moulins, sur la rive nord de Montréal.

 

Aucune référence familiale n’a influencé Sylvia Chouinard à choisir le métier d’entrepreneure générale. Pour elle, opter pour la construction a été un choix économique. Elle a bâti sa première maison en réhypothéquant sa demeure pour financer son chantier.

 

« La première raison qui m’a amenée dans le domaine de la construction était financière, mais ça s’est vite transformé en une passion. J’aime vraiment les deux. Mon travail de psychologue, c’est une vocation, tandis que mon métier dans la construction est ce que j’aime vraiment, tout autant sinon plus. J’ai préparé des projets de développement, l’aménagement et l’évolution des travaux », explique Sylvia Chouinard.

 

Une femme parmi les « contracteurs »

Sylvia Chouinard

 

Les défis auxquels elle a fait face en choisissant la construction ont été de taille à ses débuts. Parmi eux, elle soulève notamment le stress permanent et les soubresauts du marché de l’immobilier propres au métier.

 

Mais « le plus gros défi est de percer un monde d’hommes, car il y a peu de femmes. Par exemple, j’ai un chantier en cours en ce moment et c’est mon associé qui embauche les sous-traitants. Parmi eux, il n’y a qu’une seule femme », observe-t-elle.

 

Pour elle, gagner le respect des hommes tous les jours est un chantier en soi. « Ce sont majoritairement des hommes dans le milieu et ils se tiennent. C’est un défi de s’imposer. Deux hommes qui travaillent ensemble s’accordent plus rapidement. Au départ, il y a une confiance qui s’établit d'emblée. Avec une femme, on dirait qu’il faut faire nos preuves et gagner leur respect, dit-elle. Ça change, mais ça change très lentement. »

 

Les Elles de la construction

Sylvia Chouinard côtoie d’autres femmes de l’industrie dans l’association Les Elles de la construction. Ce réseau permet d’échanger sur les défis qu’elles doivent surmonter en apprenant de l’expérience des autres. Certaines utilisent l’humour pour se faire entendre sur un chantier, d’autres parlent plus fort.

 

De son côté, Sylvia Chouinard a pris la pleine mesure de travailler dans un monde masculin uniquement rendue sur le chantier. « Je l’ai constaté quand des situations plus difficiles se sont présentées et que des directives devaient être suivies. Il faut s’imposer par son attitude. Je suis plus affirmative et je parle plus fort. Il n’y a pas d’autres domaines où j'agis de cette façon. C’est un peu inconsciemment que j’ai commencé à faire ça », dit-elle.

 

Faire équipe

Ses conseils pour celles qui voudraient troquer les talons hauts pour les bottes de chantier sont qu’il ne faut pas s’en laisser imposer, tout en respectant les gens pour se faire respecter tout autant. À son avis, plus il y aura de femmes dans l’industrie, plus elles s’affirmeront. « J’aime beaucoup mon expérience de travail dans ce milieu. J'ai réussi à faire mon chemin et je ne verrais pas pourquoi d'autres ne le feraient pas », précise-t-elle.

 

« C’est également aux femmes (dans la construction), entres elles, qu’elles doivent se référer pour s’entraider dans le milieu. » Elle observe que la profession d’architecte compte maintenant beaucoup de femmes, tout comme celle d’arpenteur, entre autres.

 

Sylvia Chouinard a choisi de s’associer avec des hommes dans ses derniers projets. Cette voie lui permet de profiter de l’expérience de ses partenaires tout en n’ayant plus à gérer seule les chantiers. « Je supervise moins les chantiers. Mon associé s’en occupe. Je m’occupe de la conception et de l’administration », dit-elle.

 

Les Habitations Chouinard en bref

Groupe Chouinard Bourgouin

 

Parmi les réalisations des Habitations Chouinard, on compte entre autres le Domaine Portelance, du Groupe Chouinard et Bourgouin, un projet résidentiel de plus de 50 maisons de ville situé à Laval et complété en 2010. De plus, depuis sa fondation en 2004, Habitations Chouinard a notamment été récipiendaire d'une mention honorifique de la Palme Bronze Maître Constructeur (Garantie Abritat).


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