Le Mouvement québécois des minimaisons veut favoriser l’intégration d’habitations minimalistes dans le paysage québécois. Son tout premier président voit grand pour ces petites maisons.
Au Québec, les habitations minimalistes – mini et micromaisons – suscitent un engouement marqué auprès d’une certaine frange de consommateurs. À preuve, les deux premières éditions du Festival des minimaisons, tenues en 2015 et 2016, ont attiré pas moins de 13 000 visiteurs selon Habitat Multi Générations, l’organisme à l’origine de la première communauté de minimaisons du Québec, à Lantier, dans les Laurentides.
Malgré cette tendance, ces habitations hors normes restent marginales en raison de la réglementation qui prévaut dans la plupart des municipalités québécoises. C’est pourquoi une poignée d’irréductibles fondait, à la fin janvier, le Mouvement québécois des minimaisons (MQMM). Leur objectif : soutenir les municipalités désireuses de voir cette nouvelle formule se développer sur leur territoire.
Sobriété et durabilité
« C’est un marché qui s’adresse avant tout aux gens soucieux de “faire une différence”, signale d’entrée de jeu le président du nouveau mouvement, Benoît Tremblay. En fondant l’association, on souhaite d’abord promouvoir un mode de vie sobre et durable en rendant accessible une option de logement adaptée aux défis de l’heure. »
La minimaison se présente en effet comme la réponse idéale aux enjeux sociaux et économiques auxquels le Québec doit aujourd’hui faire face. D’abord sur le plan environnemental, en limitant l’étalement urbain et en réduisant l’empreinte écologique des ménages. Ensuite sur le plan démographique, en permettant aux aînés de conserver leur autonomie dans une maison plus facile à entretenir et, aux plus jeunes, d’accéder à la propriété sans contracter une hypothèque importante.
Nouvel usage, nouveau zonage
« On veut aussi amener le ministère des Affaires municipales à modifier ses orientations pour que les MRC intègrent ce nouvel usage dans leur schéma d’aménagement, mentionne Benoît Tremblay. Sauf que les villes ne savent pas dans quelle case mettre les minimaisons puisqu’il n’est pas permis actuellement d’implanter des résidences de moins de 700 pieds carrés. Et ce n’est pas par manque d’intérêt. »
En effet, pas moins de 32 municipalités ont signifié leur intention de faire place à ce nouveau type d’habitation dans les limites de leur territoire, à l’occasion du premier colloque québécois sur l’avenir de la mini et de la microhabitation, qui s’est tenu en juin 2017 à Sherbrooke. La Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) et des institutions financières, Desjardins en tête, se sont également montrées prêtes à investir ce créneau.
Mais le MQMM souhaite aller plus loin encore. « Pour les unités sur roues, c’est encore pire, note son porte-parole. Présentement, les seules règles qui s’appliquent sont les normes ULC et NFPA pour les véhicules récréatifs, mais elles ne sont pas adaptées à notre climat. Il faut une norme pour les unités fabriquées en usine afin de prévenir les malfaçons et de protéger les consommateurs. »
Contraintes et embûches
Benoît Tremblay ajoute que les promoteurs et les autoconstructeurs tentés par l’aventure se butent toujours aux règlements de zonage. Ce sont ces derniers qui dictent, en plus de la superficie des habitations, les marges de recul et certains éléments architecturaux, comme le revêtement extérieur. Chaque projet de minimaison s’inscrit donc dans une démarche dérogatoire longue et fastidieuse.
Instigateur du premier quartier de minimaisons en zone urbaine, Le Petit Quartier de Sherbrooke, Richard Painchaud en sait quelque chose. Pour aller de l’avant avec son projet, qui prévoit 73 maisonnettes de 480 pieds carrés d’aire au sol, il a dû faire jouer les règles du PPCMOI – projet particulier de construction, de modification ou d’occupation d’un immeuble –, cet outil discrétionnaire permettant d’autoriser des projets non conformes à la réglementation municipale, mais respectant les objectifs du plan d’urbanisme.
« C’était la façon la plus simple de faire accepter le projet, note Richard Painchaud. Le PPCMOI donne beaucoup de latitude dans l’élaboration d’un projet spécifique pour un endroit spécifique. C’est plus facile à négocier avec la Ville, parce qu’on arrive avec un projet bien défini. Sauf que c’est aussi très rigide. Une fois le projet approuvé, on ne peut plus rien changer. Par exemple, en façade, on avait spécifié des fenêtres à carreaux, puis on a voulu retirer les carreaux : impossible, il aurait fallu recommencer le PPCMOI.
« Mais le nerf de la guerre, dans le moment, c’est d’adapter les schémas d’aménagement des municipalités afin qu’elles prévoient des zones pour ces projets hors normes, poursuit-il. Et je crois que la création du MQMM va faciliter les choses, en améliorant l’acceptabilité de ces projets et en suscitant les changements réglementaires nécessaires. »
Micromaison : maison sur remorque d’une superficie d’environ 300 pieds carrés; elle favorise la mobilité, l’autonomie et une empreinte environnementale minime.
Minimaison : maison sur fondation (blocs, béton, pieux ou pilotis) dont la superficie varie entre 300 et 600 pieds carrés; elle contribue à diversifier l’offre en habitation et à faciliter l’accession à la propriété, tout en limitant l’étalement urbain.
Cet article est tiré du Supplément thématique – Projets 2018. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !
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