Dans un marché en perte de vitesse, la location à court terme pourrait bien être une solution crédible pour soutenir le segment de la copropriété.
Les nouvelles technologies de l’information ont donné un second souffle à l’économie collaborative. Elles ont aussi favorisé l’éclosion de plateformes numériques, comme Airbnb, qui proposent aux particuliers de louer leur logement à des tiers pour des séjours de courte durée tout en s’assurant un revenu d’appoint. La formule est à ce point lucrative que l’entreprise de San Francisco a récemment décidé de donner un tournant à sa stratégie en investissant dans la construction de ses propres logements.
Pour ce faire, le géant de la location entre particuliers s’est créé une nouvelle filiale, Samara, afin de diversifier son catalogue et de proposer de nouvelles offres d’hébergement dans des zones peu pourvues d’installations touristiques. Son premier projet a été inauguré l’été dernier, dans la commune rurale de Yoshino, au Japon. Baptisé Yoshino Cedar House, le bâtiment en bois de cèdre comprend à la fois des chambres pour les voyageurs et des espaces communs.
Le Québec pourrait-il devenir une terre d’accueil pour ce genre de projet ? Cela reste à voir, tempère Guillaume Hébert, chercheur à l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS) du Québec. « Le phénomène de la location entre particuliers est souvent observé sous l’angle de l’économie du partage ou du mode collaboratif, mais ce n’est pas la même chose, nuance-t-il. Ici, on parle plutôt de capitalisme connexionniste pour désigner cette nouvelle économie via des plateformes numériques, comme Uber et Airbnb. Et ce qui favorise le succès de ces colosses et leur permet de dégager des marges de profit appréciables, c’est qu’ils échappent bien souvent à la réglementation locale. »
Dans l’air du temps
Un bémol qui ne semble pas freiner l’enthousiasme de Louis et Denis Bolduc, les promoteurs derrière le LB9, un projet immobilier de 150 millions de dollars sur le point de voir le jour dans le quartier Lebourgneuf, à Québec. Le complexe, qui comptera trois édifices de 12 étages et quelque 675 unités d’habitation, comportera dans sa deuxième phase un volet locatif de très court terme, une première canadienne, selon ses promoteurs.
« C’est une formule qui est dans l’air du temps et qui s’inscrit dans une tendance lourde, note Louis Bolduc. D’un côté, on veut donner un plus aux acheteurs. On voit de plus en plus de gens qui achètent pour investir, mais qui ne peuvent pas louer leur copropriété à très court terme, parce que ça prend un volet hôtellerie et pour ça, il faut un changement de zonage pour être réglementaire. De l’autre, ça nous ouvre à d’autres marchés, à d’autres types de projets. On ne se le cachera pas, le marché de la copropriété est plus difficile depuis quelques années. »
Selon lui, la région de la Capitale-Nationale dispose d’un fort potentiel pour la location de très courts séjours. La Ville de Québec est en effet une destination touristique très prisée, à l’échelle régionale comme à l’international. Les statistiques de l’Office du tourisme de Québec en font foi. Les hôtels, les boutiques et les restaurants ont tous enregistré des hausses de fréquentation l’an dernier, faisant grimper de 9,5 % l’indice d’achalandage global par rapport à 2015. À lui seul, le secteur hôtelier a connu une hausse de fréquentation de 10,4 % au cours de cette période.
« À Québec, le marché est très propice à ce type de location, insiste Louis Bolduc. Par exemple, la petite famille qui veut skier à la station Mont-Sainte-Anne n’a pas nécessairement les moyens de s’offrir l’hôtel et le resto pour la durée de son séjour. Dans ce cas, la location à très court terme d’un studio tout équipé reste une solution très abordable, qui permet de limiter les dépenses. Dans ce sens, Québec offre un très grand potentiel de location aux investisseurs. »
Portrait de l’investisseur
Ces investisseurs, les Bolduc père et fils les identifient surtout parmi les retraités. Entre autres, ceux qui passent leur hiver en Floride ou leur été dans leur maison de campagne. La formule hôtelière du LB9 leur permet de conserver un pied-à-terre en ville, tout en finançant leur copropriété par le biais de locations de moins de 30 jours. Preuve que la formule fonctionne, les promoteurs rapportent déjà 37 réservations depuis la mise en vente du projet, l’automne dernier.
« On n’impose aucune plateforme aux copropriétaires, ils sont libres de choisir la formule qui leur convient, signale Louis Bolduc. L’important, c’est qu’ils soient en règle et pour ça, ils doivent s’inscrire, soit à titre d’entreprise, soit à titre individuel, à l’Office du tourisme. De notre côté, on s’occupe d’inclure le volet hébergement dans la convention de copropriété. On en a déjà établi les grandes règles et dès que le changement de zonage sera officialisé, on va compléter la convention avec notre notaire. Ce n’est pas plus compliqué que n’importe quel autre projet de copropriétés. »
Tout établissement qui offre un logement en location pour une période de moins de 31 jours est obligé de détenir une attestation de classification. En revanche, les établissements offrant de l’hébergement sur une base occasionnelle ne sont pas assujettis à la règle. Sur ce point, la loi reste floue : le mot « occasionnel » n’y est pas défi ni en termes de jours, mais comme un acte fortuit, accidentel et/ou qui ne se produit pas à répétition.
Cet article est tiré du Supplément thématique – Projets 2017. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !
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