Fabriquer et optimiser des équipements spécialisés, voilà une stratégie gagnante pour diversifier ses activités et pénétrer de nouveaux marchés. Témoignage.
La nécessité est mère de l’invention, dit le proverbe. Et l’innovation est un puissant levier de croissance pour qui sait en user, ajoutent les experts. D’abord parce qu’elle permet de créer de la valeur et de s’ouvrir à de nouveaux marchés. Ensuite parce qu’elle permet de se différencier de ses compétiteurs et d’assurer la pérennité de son entreprise. C’est vrai pour toutes les industries, y compris celle de la construction.
En effet, au chantier, les défis et les contraintes peuvent être à l’origine de percées technologiques importantes. Les dirigeants de l’entreprise Les Équipements Gaétan (LEG), en savent quelque chose : la PME de Lac-aux-Sables en Mauricie qui, en 1984, oeuvrait dans le secteur forestier, s’est rapidement taillé une place de choix dans le domaine des lignes de transport d’énergie en mettant au point des équipements spécialisés destinés, entre autres, au forage et à la mise en place de fondations de pylônes.
Son fondateur, Gaétan Genest, raconte. « C’était en 1987, on travaillait au déboisement sur un chantier de ligne électrique quand un représentant d’Hydro-Québec est venu me voir. Il cherchait un équipement pour faire des sondages de sol. Avec mon équipe, on a adapté une rétrocaveuse sur une débusqueuse. On pouvait aller partout avec. C’est avec ça qu’on a réalisé notre premier contrat de sondage de sol pour la Société d’énergie de la Baie James (SEBJ). On peut dire qu’il nous a servi de tremplin. »
Innovations productives
Au fil des sondages, Gaétan Genest cerne mieux les besoins en machinerie du secteur du transport d’énergie. Il observe notamment que les équipements et les techniques de forage employées par Hydro- Québec pour mettre en place les fondations de pylônes sont archaïques. En 1993, il se met à la conception d’une foreuse hydraulique à partir d’une abatteuse forestière.
Ce prototype se révèle deux fois plus efficace que les foreuses alors vendues sur le marché. La même année, l’entrepreneur développe une unité d’injection de coulis, en complémentarité aux activités de forage. À ce jour, LEG a fabriqué quatre foreuses et autant d’unités d’injection pour les besoins de ses contrats.
Parmi elles, la foreuse ParaLEG conçue en 2012 se déplace à près de 30 kilomètres/ heure et peut creuser plus de 200 pieds. Son marteau sur mesure, de type Top Hammer, assure des forages rectilignes même sur les terrains les plus difficiles.
Retombées positives
Grâce à ces équipements performants, LEG devient rapidement un important sous-traitant d’Hydro-Québec. En 2006, Gaétan Genest soumet à la société d’État une nouvelle méthode de construction pour les fondations de type « colonne au roc ». « Cette méthode réduit considérablement les coûts, le temps d’exécution et les impacts environnementaux, affirmet- il. Elle permet en moyenne de réaliser une fondation par jour, là où la méthode conventionnelle pouvait demander jusqu’à une semaine. »
Cette approche est tellement rentable et efficace qu’elle est devenue la norme pour les fondations au roc des tours haubanées. Gaétan Genest estime en effet à près de 6 millions de dollars les coûts épargnés sur 75 bases grâce à sa méthode. Inventeur fertile, Gaétan Genest ne s’est pas arrêté là : il a récemment conçu un nouveau banc d’essai pour les tests de résistance à l’arrachement des ancrages. Encore là, les gains de temps et de productivité sont énormes : cette innovation peut jusqu’à quadrupler la production d’un équipement conventionnel.
Au fil des décennies, cette approche innovante a fortement influencé la trajectoire de l’entreprise. S’éloignant peu à peu du secteur forestier, LEG est devenue un joueur majeur du secteur du transport de l’énergie au Québec. Forte de son expérience, en 2015, elle décroche un important contrat dans le cadre de la construction de la ligne à haute tension qui reliera le complexe hydroélectrique de Muskrat Falls, au Labrador, à Saint-Jean, à Terre-Neuve. La courbe de ses effectifs a également suivi cette tangente : de quatre employés à ses débuts, elle en compte plus de 65 aujourd’hui.
Avenir prometteur
Et l’avenir s’annonce tout aussi prometteur, maintenant que la relève est bien en place. « On a toujours su s’ajuster aux besoins de nos clients et aux conditions des chantiers, soit en adaptant nos façons de faire, soit en modifiant notre machinerie, souligne Cynthia Genest, aujourd’hui la directrice générale de l’entreprise familiale. L’innovation aura toujours sa place et on va continuer à développer des produits gagnants, entre autres sur le plan de l’environnement, de la santé et de la sécurité, de la qualité et de la productivité.
« Nos équipements consomment peu de carburant, ils produisent donc moins de gaz à effet de serre et sont moins coûteux à l’utilisation, ajoute-t-elle. Ils permettent aussi de minimiser les impacts sur le milieu naturel, en optimisant les opérations au chantier et en réduisant le nombre d’interventions. On a aussi toujours en tête la santé et la sécurité de nos travailleurs lorsqu’on fabrique un outil ou un équipement, ajoute-t-elle. Notre but, c’est d’optimiser le travail en le rendant plus facile et moins dangereux. »
Cet article est tiré du Supplément thématique – Équipement de chantier 2017. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !
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