Les travailleuses sont encore peu nombreuses sur les chantiers. Pour faciliter leur intégration dans l’industrie, la dirigeante de construction Dorbec leur tend la main.
Par Marie Gagnon
Encore de nos jours, rares sont les femmes qui font leur marque dans l’industrie de la construction. On peut donc dire que Rose Fierimonte fait figure de pionnière. À l’aube de la cinquantaine, cette femme énergique dirige toujours la destinée de Dorbec Construction inc. (DCI), une entreprise générale fondée en 1988, qu’elle rachètera de son partenaire en 2008.
Pourtant, rien ne la prédestine à l’industrie de la construction. Forte d’un bac en travail social, elle se spécialise en relations communautaires. « J’ai toujours été une idéaliste et je m’implique dans la communauté depuis mon adolescence, relate Rose Fierimonte. Mon travail m’a amenée à concevoir des formules d’hébergement pour des personnes présentant des besoins spéciaux et j’y ai pris goût. J’ai repris des études en gestion et j’ai cofondé DCI. »
De main de maître
Devenue l’unique actionnaire de Dorbec, Rose Fierimonte regroupe les activités propres aux secteurs médical, gériatrique et communautaire sous la bannière de Medico Construction, une filiale de Dorbec. Les contrats que décrochent ses entreprises croissent avec leur notoriété. Dorbec réalise présentement le Square des Gouverneurs, un projet de 25,5 millions de dollars. Le 3 octobre dernier, Medico récoltait pour sa part deux prix d’excellence dans le cadre du gala de l’Institut canadien de la construction en acier (ICCA). C’est dire.
Pour Rose Fierimonte, dont l’équipe administrative à prédominance féminine compte 17 employés, il importe peu que l’on soit un homme ou une femme pour réussir en affaires, même dans une industrie comme celle de la construction. Ce qu’il faut, c’est du flair et une connaissance approfondie de son secteur d’activité. Le tout, bien entendu, étayé de solides compétences techniques et administratives.
Il n’empêche, elle reconnaît que ses débuts ont été difficiles dans une industrie représentée à 98 % par des hommes. « C’est sûr qu’au début j’ai été confrontée à des préjugés, souligne-t-elle. Parce que j’étais jeune, parce que j’étais une femme, j’en faisais toujours plus pour montrer à mes clients, mes fournisseurs, que je savais de quoi je parlais. Aujourd’hui, les mentalités ont évolué, ce n’est plus pareil. Mais ça reste difficile pour les femmes de faire leur place dans l’industrie, surtout pour les travailleuses de chantier. »
Faire une différence
C’est pourquoi, le 27 août dernier, Rose Fierimonte a accepté avec plaisir la présidence des Elles de la construction, succédant ainsi à Isabelle Perron, fondatrice du mouvement et directrice des finances et de l’administration pour Construction de la Croisette. Elle entend bien sûr poursuivre la mission des Elles, qui est de promouvoir la place des femmes dans l’industrie de la construction, qu’elles soient entrepreneures, chargées de projet ou femmes de métier.
Mais elle entend aussi aller plus loin pour faciliter l’intégration des femmes. Le printemps dernier, un premier pas a d’ailleurs été franchi dans ce sens. D’abord avec la constitution du réseau en organisme sans but lucratif (OSBL). Ensuite, en signant une entente de partenariat avec l’Association provinciale des entrepreneurs en construction du Québec (APECQ). Ce partenariat, qui met à la disposition de l’organisme un bureau et le support administratif – réception, salle de conférence et équipement de bureau –, lui permettra d’amorcer sa transition.
« On est en train de former notre premier conseil d’administration, signale l’entrepreneure. Il sera exclusivement composé de femmes et on va s’assurer qu’il soit bien représentatif de l’industrie. Il faut que ça bouge. Au Québec, les femmes ne représentent que 1,3 % de la main-d’oeuvre sur les chantiers, alors que dans le reste du Canada, elles y sont représentées à 3 %. Ici, le taux d’abandon des femmes est deux fois plus élevé que celui des hommes. Il faut faire quelque chose. »
Promouvoir le changement
Elle ajoute que depuis qu’elle milite au sein de l’organisme, plusieurs femmes lui ont confié être victimes, encore aujourd’hui, de discrimination et de harcèlement sur les chantiers. Une situation que la nouvelle présidente des Elles de la construction juge inacceptable et qu’elle invite à dénoncer haut et fort. Elle considère par ailleurs que l’industrie a tout à gagner en intégrant les femmes dans ses rangs, d’autant plus qu’il lui faut assurer sa relève alors que la population active se fait vieillissante.
« Malgré tout, je suis confiante, conclut-elle. Les Elles accueillent de plus en plus d’hommes lors de leurs 5 à 7 de réseautage. Ça favorise les échanges de vues sur le sujet. Et croyez-moi, ils sont nombreux les hommes qui partagent notre vision. »
Pour aider les femmes à faire leur place dans l’industrie de la construction, la présidente de Dorbec Construction et des Elles de la construction, Rose Fierimonte, s’est fixé la réalisation de quatre objectifs au cours de son mandat :
Créer des modèles de réussite
Effectuer des tournées dans les écoles secondaires et professionnelles afin de valoriser l’industrie de la construction et ses métiers auprès des clientèles féminines.
Bâtir un bottin des femmes
Élaborer un annuaire qui recense les femmes actives de l’industrie et résume leur expérience de travail. Cet outil servira à référer des candidates à d’éventuels employeurs.
Refondre le site internet
Rajeunir le site internet des Elles de la construction afin de le rendre plus convivial et y ajouter de nouveaux services, comme la recherche d’emploi. Étudier les besoins Procéder à des sondages auprès des femmes présentes dans l’industrie afin de connaître leurs besoins réels et mettre sur pied des services à leur mesure.
Cet article est tiré du Magazine – Les Leaders de la construction au Québec 2013. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !
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