15 février 2018
Par Marie Gagnon

Après quelques années de baisse, l’industrie de la construction devrait voir son niveau d’activité se stabiliser en 2018 grâce au secteur du génie civil et de la voirie, estime la Commission de la construction du Québec (CCQ).

 
 

Dans ses plus récentes prévisions, la CCQ indique qu’en raison d’une croissance économique plus forte que prévu en 2017, l’industrie a connu l’an dernier une stabilisation de son volume d’activité en regard du sommet atteint en 2012.

 

Globalement, l’industrie a enregistré une hausse de 1 % de son activité en 2017 par rapport à 2016, pour un total de 146,5 millions d’heures travaillées. Bien que s’inscrivant toujours dans un cycle baissier, cette stabilité doit se prolonger cette année, malgré un recul attendu de 2 % par rapport à l’an dernier, pour atteindre 144 millions d’heures travaillées au terme de 2018.

 

« L’année 2018 sera en demi-teinte et le niveau d’activité devrait être comparable à celui de 2016, nuance Charles Brant, directeur de la recherche et de la documentation à la CCQ. Le nombre d’heures travaillées demeurera très élevé selon les données historiques, sans toutefois dépasser les 150 millions d’heures déclarées en 1975. Entre 2011 et 2012, l’activité s’était accélérée avec la mise à niveau du parc immobilier, les programmes fédéraux, les investissements dans les infrastructures routières et le Plan Nord.

 

« En 2014, l’activité a commencé à fléchir, entre autres dans le secteur des ressources naturelles en raison d’une demande moindre de la part des économies émergentes, dont la Chine, explique-t-il. L’année 2017 s’est toutefois révélée surprenante. On avait prévu que le secteur résidentiel serait impacté par le resserrement des règles hypothécaires, mais la croissance de l’emploi est venue en contrebalancer les effets, si bien que le secteur a performé au-delà des attentes. »

 

Heures travaillées par secteur - Photo de Mocaphoto

 

Pour 2018, il s’attend à ce que la remontée du taux directeur l’an dernier par la Banque du Canada modifie le comportement des consommateurs. Ce cycle haussier pourrait avoir un impact négatif sur les mises en chantier dans le secteur résidentiel, qui devrait connaître une croissance modérée. « Par contre, les tensions soulevées par la renégociation de l’ALÉNA semblent s’apaiser et la croissance économique pourrait être plus forte en 2018, ce qui serait favorable au résidentiel », tempère Charles Brant.

 

Le génie et la voirie en tête

Il observe par ailleurs un bon niveau d’activité dans ce secteur depuis les six derniers mois, mais il assure que c’est le secteur du génie civil et de la voirie, supporté par l’apogée de grands chantiers à Montréal, qui soutiendra l’activité dans l’industrie en 2018. L’augmentation de la cadence dans les projets du nouveau pont Champlain et de l’échangeur Turcot ont permis au secteur de cumuler 29,5 millions d’heures en 2017, une hausse de 6 % par rapport à 2016.

 

Ce secteur connaîtra par ailleurs en 2018 une troisième hausse d’affilée, avec 30 millions d’heures, soit 2 % de plus qu’en 2017. De son côté, le Réseau électrique métropolitain, un projet dont la valeur globale avoisine les 6,5 milliards de dollars, pourrait s’ajouter aux projets annoncés pour 2018 et pousser à la hausse les heures travaillées. Dans la région de Québec, le début des travaux de la deuxième phase de l’élargissement de l’autoroute Henri-IV (500 millions de dollars) et celui de la troisième phase du réaménagement de la route 185 en autoroute (947 millions de dollars) profiteront à l’ensemble du secteur.

 

En revanche, les autres segments, dont celui des postes et lignes électriques, reculeront en 2018 en raison de l’avancement des projets de la Romaine, sur la Côte-Nord, et de Chamouchouane- Bout-de-l’Île, qui touche les régions du Saguenay–Lac- Saint-Jean, de la Mauricie–Bois-Francs et du Grand Montréal. Enfin, le segment des centrales hydroélectriques, presque uniquement porté par le complexe de la Romaine, a amorcé son déclin avec l’inauguration de Romaine-3 en octobre dernier. L’ensemble du complexe doit être complété en 2020.

 

Variation du nombre d'heures travaillées par région - Photo de Devimco

 

L’industrie à la traîne

Quant à la construction commerciale, le volume d’activité y sera plutôt stable malgré le début de la construction du Centre de transport Bellechasse, de la STM (254 millions de dollars), de la Tour des Canadiens 3 (150 millions de dollars) et le projet Square Children’s (450 millions de dollars). Dans le secteur industriel, où aucun projet d’envergure n’est annoncé pour l’heure, le niveau d’activité reculera au niveau atteint en 2015, soit 10,5 millions d’heures prévues. L’activité sera stable dans la plupart des régions, sauf sur la Côte-Nord où le redémarrage de la mine du lac Bloom (327 millions de dollars) par Champion Iron signe la reprise d’une certaine activité, mais sans aucune mesure avec le niveau d’activité enregistré autour de 2012.

 

Enfin, tous secteurs confondus, quatre régions sur dix flirteront avec la croissance en 2018, soit la Baie-James, l’Outaouais, l’Estrie et Québec. Les autres régions connaîtront pour leur part un léger recul de 2 %, sauf la Côte-Nord, le Saguenay–Lac-Saint-Jean et la Mauricie–Bois-Francs, où la baisse sera plus importante.

 

Cet article est paru dans l’édition du jeudi le 1er février 2018 du journal Constructo. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous.