Quand on rencontre Linda Marchand, directrice générale de l'Association patronale des entreprises en construction du Québec (APECQ), pour la première fois, on remarque immédiatement dans le pétillement de ses yeux une fougue, un enthousiasme qui l’anime. On se dit que cette femme a trouvé sa place. En lisant son parcours professionnel, on se rend compte qu’elle a eu des obstacles à surmonter durant ses 30 ans de carrière. Des difficultés qu’ils l’ont amenée à tirer des leçons de vie.
Elle se décrit elle-même comme une femme passionnée à la recherche constante de nouveaux défis. Tout en privilégiant le travail d’équipe, ses objectifs sont axés sur les résultats.
Sa carrière : un monde de femmes vers un monde d’hommes
Au départ, rien ne la destinait à une carrière de gestionnaire dans le milieu de la construction. Avec l’obtention d’un DEC en soins infirmiers en 1979, elle s’orientait plutôt vers un métier traditionnellement féminin. Après quelques années, elle décide d’entreprendre des études en administration jusqu’à l’obtention d’un MBA en 2002 à Montréal, puis un autre avec l’Université Dauphine à Paris l’année suivante.
Son introduction dans un monde d’hommes
Son entrée dans un monde où les hommes occupent une très grande place s’est faite lorsqu’elle a obtenu un poste à la Fédération des producteurs de porcs du Québec, une association qui représente et défend près de 3 000 membres. Elle y a agi d’abord à titre de directrice des opérations, directrice générale adjointe, puis comme directrice générale pendant quatre ans.
Mais sa plus belle réussite, selon elle, fut son entrée en fonction à titre de directrice générale à Agri-Traçabilité Québec, un organisme ayant pour mission de développer, mettre en œuvre et opérer un système de traçabilité pour préserver la salubrité alimentaire. Un autre monde d’hommes où elle a dû sans cesse travailler fort pour y faire SA place !
Son entrée dans l’industrie de la construction
En 2012, Linda Marchand était prête à relever d’autres défis. Un poste de directrice générale pour une association du milieu de la construction lui est offert. En acceptant ce poste à l’APECQ, elle continue son parcours dans une industrie qui l’amène à continuer à transiger avec des hommes. Mais Linda Marchand « s’est fait les dents » grâce à son bagage antérieur et elle est prête à y faire sa place comme femme dans un milieu d’hommes dans cette industrie.
Ses conclusions
Après près de 30 ans sur le marché du travail, endroit où elle a passé la plus grande partie de sa vie à transiger avec des hommes, elle se permet de tracer son bilan personnel :
Les femmes en construction : une valeur ajoutée
Le monde de la construction n’est pas différent des autres milieux. Qu’on soit dans n’importe quel secteur de la vie économique, les femmes doivent d’abord et avant tout faire leur place. Et de la place il y en a pour les femmes dans l’industrie de la construction! Elle ajoute aussi que les femmes doivent être embauchées d’abord et avant tout pour leurs compétences. Elles doivent devenir une valeur ajoutée, un incontournable pour les employeurs. À compétences égales, ils choisiront la femme pour « le plus » qu’elle apportera sur le chantier.
Viser l’équilibre
Linda Marchand croit que l’équilibre homme-femme dans une entreprise est une combinaison gagnante. « Nous, les femmes, avons notre façon de penser, de réagir, de gérer qui nous est propre. Malheureusement, dans l’industrie de la construction, on constate un déséquilibre flagrant en faveur des hommes », affirme-t-elle. Et ce fait ne date pas d’hier ! Beaucoup de facteurs expliquent la quasi-absence des femmes en construction. Jusqu’aux années 60, les femmes sont passées du statut de femmes à la maison à femmes sur le marché du travail où les choix de carrière n’étaient pas illimités : infirmière, professeur, secrétaire. Rares étaient les femmes qui optaient pour d’autres choix de carrière. La construction c’était « une job » d’homme ! Aujourd’hui c’est différent. Il y a beaucoup de formations qui sont offertes ! Il faut donc ne pas hésiter à saisir cette opportunité.
Faire le bon choix
Selon Mme Marchand, l’important c’est d’aimer ce que l’on fait. C’est de choisir un métier qui nous convient, avec lequel on se sent bien. C’est la première chose à laquelle les femmes doivent penser en choisissant un métier. On ne fait pas juste quelque chose pour gagner notre vie. Il est impératif de choisir un métier qui nous anime, qui nous fait vibrer !
Devenir « un incontournable »
Linda Marchand ajoute : « Mesdames, ayez la passion de votre métier ! Prenez votre place, démontrez-leur vos compétences et assurez-vous que vous êtes maintenant un incontournable. Ne laissez rien vous arrêter ! Oui, vous allez avoir à vivre des irritants mais je demeure convaincue que c’est à travers les obstacles que vous vous réaliserez. »
Son dernier conseil
Linda Marchand invite les femmes à se joindre à un réseau de femmes de la construction. Les Elles de la construction offre à ces dernières un lieu privilégié pour partager et s’entraider. Malheureusement, ce ne sont pas tous les milieux masculins qui offrent ce service ; en tout cas, il n’y en avait pas en agriculture. Si un tel réseau avait existé, elle en aurait sûrement profité. Elle ajoute en guise de conclusion : « Vous avez la possibilité d’adhérer à une association qui vous ouvre les portes pour un soutien, alors impliquez-vous ! »
Longue vie aux Elles de la construction !