Susciter le changement - Revoir la définition des métiers de la construction

Par Rénald Fortier

En révisant la définition de certains métiers de la construction, la CCQ pousse encore plus avant la modernisation de l’industrie.

Trente. C’est le nombre d’années durant lesquelles la définition des métiers dans l’industrie québécoise de la construction est demeurée figée dans le temps, ou presque. De là à penser que le moment est aujourd’hui venu de se poser des questions sur l’attribution des activités dévolues à chacun sur les chantiers, il n’y a qu’un pas qu’a résolument entrepris de franchir la Commission de la construction du Québec (CCQ).

 

Comment ? Tout d’abord en menant plus tôt cette année une consultation visant à évaluer neuf sujets touchant plusieurs métiers et occupations. Une démarche dans la foulée de laquelle pas moins de 84 mémoires et 88 commentaires lui ont été soumis, la plupart en provenance d’associations patronales et syndicales ainsi que d’entreprises et de groupes de la société interpellés par la question.

 

« La Loi R-20 nous enjoint désormais d’étudier la définition des métiers tous les cinq ans, ceci de façon à nous assurer que les activités comprises dans chacun d’eux correspondent le mieux possible aux besoins de l’industrie de la construction au Québec », souligne Sophie Matte, directrice -- Application des conventions collectives à la CCQ.

 

Et il y a aujourd’hui à l’évidence une inadéquation de plus en plus marquée entre la définition de certains métiers et la réalité de l’industrie, notamment en regard des technologies et des techniques de construction qui n’ont cessé d’évoluer au fil des ans. Tout comme les exigences du marché d’ailleurs, notamment sur le plan de l’amélioration de la productivité.

 

Un exemple parmi les sujets soumis à la consultation entre le 9 juin et le 14 août : l’installation du gazon synthétique. C’est là une tâche qui, dans la pratique, s’effectue souvent par les poseurs de revêtements souples, qui sont d’ailleurs formés pour l’accomplir, mais que le règlement réserve pourtant aux charpentiers menuisiers. Elle devra donc être attribuée soit à l’un ou l’autre de ces métiers, soit aux deux, mais il semble bien que la question doit être tranchée.

 

« L’idée derrière notre démarche, note Sophie Matte, c’est d’en arriver à proposer des changements réglementaires qui favoriseront l’employabilité des travailleurs et qui simplifieront l’organisation du travail sur les chantiers. »

 

Elle souligne que ce n’est pas le fruit du hasard si la CCQ a, dans un premier temps, décidé de se pencher sur neuf sujets, pour lesquels elle estime que des aménagements sont souhaitables, plutôt que sur l’ensemble des activités liées aux métiers et occupations. « Nous avons choisi d’y aller pas à pas pour nous assurer de mener à bien notre démarche, dit-elle. Nous avons aussi retenu des sujets avec lesquels nous estimons être en mesure de faire progresser les définitions de métiers. Il faut se mettre en marche si nous souhaitons avancer. »

 

Pour l’heure, la CCQ est à analyser toute l’information disponible, dont celle recueillie lors de la consultation. Au cours de l’année qui vient, soit après que son Conseil d’administration aura été saisi des rapports d’étapes au début 2016, elle s’engagera dans l’élaboration d’un programme de changements réglementaires qui sera proposé au gouvernement.

 

 

NEUF SUJETS SOUS LA LOUPE
  1. Activités relatives à la restauration et à la protection du patrimoine bâti
  2. Attribution des activités concernant la pose de gazon synthétique
  3. Attribution des activités en lien avec le montage et l’assemblage de structures d’acier « léger »
  4. Distinction entre le métier d’électricien et la spécialité d’installateur de systèmes de sécurité
  5. Opération des ascenseurs sur les chantiers de construction
  6. Opération d’équipement lourd et de pelles mécaniques
  7. Opération d’engins de chantier polyvalents
  8. Regroupement des activités portant sur les travaux d’isolation et d’étanchéisation de l’enveloppe du bâtiment
  9. Recoupement des activités entre les métiers de plâtriers et de peintres

 


Cet article est tiré du Magazine – Les Leaders de la construction 2015. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !