Dans le quartier Saint-Sacrement, à Québec, près des axes de transport en commun, un complexe d’une quarantaine d’unités d’habitation en copropriété communautaire suscite beaucoup d’enthousiasme. Ce concept de village en ville touche l’écologie, le bon voisinage et un certain art de vivre. Il répond à une initiative de citoyens souhaitant freiner l’étalement urbain et reconstituer la convivialité, repensant leur mode de vie sur le plan humain et environnemental. Issu d’un premier jet en 2004, puis né dans sa seconde version fin 2009, Cohabitat Québec devrait être prêt pour le 1er juillet 2012.
Selon le concepteur Michel Desgagnés, cet ensemble architectural, propice au regroupement intergénérationnel, est une adaptation du cohousing. Les premières percées reviennent aux Scandinaves et furent suivies par les Américains à la fin des années 80. L’une des démarches préliminaires fut de prendre contact avec l’architecte américaine Mary Kraus, de Kraus-Fitch inc., spécialiste du cohousing et qui réside dans un de ses projets. Elle est venue travailler avec les fondateurs de Cohabitat pour la réfection du site et la conception fondamentale du projet, afin de s’assurer que les principes de base soient bien respectés.
18 unités sur trois étages
Portant la griffe de Pierre Thibault, architecte vivement intéressé par le cohousing, cet ensemble immobilier se greffe autour d’une ossature de béton dont on a fait le curetage, prête à être restaurée. Cet ancien édifice de deux étages sans sous-sol sera rehaussé d’un niveau et comprendra 18 appartements.
Dans un esprit d’architecture bioclimatique utilisant beaucoup de bois (cèdre du Québec), et de grandes cursives extérieures donnant belle allure, Pierre Thibault devait répondre à des besoins familiaux de manière collective. Le plus grand défi de sa petite équipe professionnelle était de « satisfaire à la fois une quarantaine de couples, avec un concept novateur ». Chaque famille aura son unité. Chacune donnera, d’une part sur une cour intérieure et à l’opposé, sur un balcon intime, et profitera d’espaces communs (salle de jeux, atelier, salle à manger pour 50 personnes), aménagés au rez-de-chaussée et au sous-sol d’un nouveau bâtiment de 800 m2, au-dessus duquel se dresseront deux étages de copropriétés.
Entre autres éléments de construction durable, l’architecte opte pour le solaire passif, ouvert au sud, le toit vert, la récupération de l’eau, une fenestration optimale de grande qualité et l’isolation thermique la plus élevée. La firme d’ingénieurs Martin Roy et associés, spécialiste en bioclimatique, complète actuellement les études sur la géothermie.
Quant aux visées de certification LEED (dont s’occupe l’équipe d’Écobâtiment, spécialiste du bâtiment durable), Paul-Henri April, membre du C.A., confirme : « Nos habitations seront LEED-Or ou peut-être même Platine. En fait, le décompte démontre qu’on est à l’Or et, avec la géothermie, on est beaucoup plus près du Platine ! » Enfin, l’aménagement paysager des allées piétonnières et espaces verts se fera par corvées.
La construction doit débuter cet automne. Lys Construction inc. est actuellement en soumission pour sélectionner les divers sous-traitants. Le coût sera de 7,1 millions $, sur un projet global de 10,2 millions $. Tous les changements de zonage ont été autorisés et les permis sont en voie d’être délivrés. Depuis l’étude de faisabilité jusqu’à la construction, ce projet se sera échelonné sur 30 mois. Avec quatre bâtiments et 10 maisons de ville (de 3 à 5 chambres), l’ensemble proposera à ses membres l’autopartage (avec 20 places de stationnement, en périphérie du site). « Un projet d’exception », au dire de l’architecte Thibault.
Cet article est paru dans l’édition du mardi 23 août 2011 du journal Constructo. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !