Depuis novembre 2016, un rapport de ronde de sécurité doit être rempli quotidiennement pour tous les véhicules lourds circulant sur les routes du Québec.
En remplacement de la procédure intitulée « vérification avant départ » (VAD), la nouvelle réglementation avait été réclamée par l’industrie québécoise du camionnage afin d’harmoniser les pratiques québécoises avec celles du reste de l’Amérique du Nord. « Il s’agit d’un condensé des meilleures pratiques pour rendre les véhicules plus sécuritaires, explique Samuel Laverdière, conseiller en prévention chez Via Prévention. Par rapport à la VAD, des éléments ont été ajoutés, supprimés ou modifiés, principalement pour refléter l’évolution de la mécanique des camions. »
La nouvelle procédure sert également à clarifier les responsabilités des chauffeurs et exploitants de véhicules lourds dans la prévention et la prise en charge des problèmes mécaniques. L’exploitant est maintenant tenu de fournir une liste de défectuosités dans la forme prescrite par le Règlement sur les normes de sécurité des véhicules routiers. Celle-ci comporte vingt éléments qui doivent faire l’objet d’une ronde d’inspection quotidienne. Le chauffeur doit faire lui-même la vérification, ou encore consulter et contresigner le rapport produit par un tiers.
L’observation d’irrégularités est consignée au rapport et signalée rapidement à l’exploitant, qui doit corriger les défectuosités mineures dans les 48 heures. Les défectuosités majeures doivent être réparées avant que le véhicule puisse reprendre du service. Pour connaitre les détails de la nouvelle procédure, on peut consulter le guide La ronde de sécurité disponible sur le site web de la Société de l’assuranceautomobile du Québec.
« Quiconque était à son affaire avant l’entrée en vigueur de la nouvelle réglementation n’a pas eu à changer beaucoup de choses dans l’organisation du travail », affirme Samuel Laverdière. En effet, la vérification avant départ a toujours été obligatoire. L’essentiel de la grogne suscitée par le changement dans la réglementation vient de l’obligation systématique de produire un rapport écrit.
Auparavant, on n’exigeait pas de rapport dans le cas où la VAD était effectuée par le chauffeur lui-même, si aucune défectuosité n’était observée et que le véhicule se déplaçait à moins de 160 km de son point d’attache. Plusieurs petits exploitants ont longtemps confondu l’obligation d’effectuer la vérification avec celle de rédiger le rapport : « On se disait : je réponds aux critères, donc je suis exempté de la vérification. »
Samuel Laverdière concède que la nouvelle procédure peut avoir des conséquences financières, notamment sur les chauffeurs dont le travail est rémunéré au kilométrage. Cependant, les quelques minutes additionnelles passées à s’assurer que le véhicule est en bon état de fonctionnement préviendront à long terme de nombreux bris et problèmes mécaniques, autrement plus fâcheux une fois sur la route. Selon lui, la mise à jour de la procédure améliore la sécurité de tous les usagers de la route.
Lors des campagnes ciblées de vérifications « Roadcheck », on trouve encore au Québec des camions qui roulent en dépit de défectuosités et bris en lien avec les systèmes de freinage, les pneus, les roues et les attelages. « On constate que, globalement, il y a moins d’accidents mortels impliquant des véhicules lourds. Mais des pièces de fixation manquantes, le manque de lubrifiant ou des pneus usés, ça peut rendre les routes dangereuses », dit Samuel Laverdière. « Le fait qu’on soit plus sévère est certainement un gain, spécifiquement par rapport au freinage pneumatique. Ça reste une des lacunes les plus préoccupantes. »
La mise hors service d’un véhicule et les coûts de réparations devraient décourager les récalcitrants, de même que la mauvaise publicité occasionnée lors d’un accident impliquant un camion lettré. Dans le cas contraire, les pénalités salées imposées aux contrevenants achèveront de convaincre les transporteurs : l’amende est de 350 $ pour une première offense liée à une défectuosité mineure et s’élève à 530 $ avec les taxes et les frais. Tout cela considéré : « Pour le chauffeur, la première raison de faire une bonne vérification est d’assurer sa propre sécurité. Tous les chauffeurs veulent rentrer chez eux avec tous leurs morceaux et personne ne veut causer d’accident ». Une période de transition de six mois a par ailleurs été accordée pour permettre aux entreprises et aux chauffeurs de s’adapter entre l’entrée en vigueur de la nouvelle loi et l’application de la réglementation.
Samuel Laverdière rappelle que la ronde de sécurité est une vérification de base qui s’applique à tous les véhicules routiers ayant un poids nominal brut de 4 500 kg ou plus, ainsi qu’aux autobus, minibus et dépanneuses. Cependant, elle ne concerne que la sécurité des conducteurs et des autres usagers de la route. La fonctionnalité et l’opération sécuritaire des bennes, appareils de levage et de tous les autres équipements installés sur des camions porteurs font l’objet de procédures de vérifications additionnelles qu’il importe également de respecter.
Cet article est tiré du Supplément thématique – Santé et sécurité 2017. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !
Ce sujet pique votre curiosité ? Lisez tous les articles du dossier SUPPLÉMENT THÉMATIQUE – SANTÉ ET SÉCURITÉ 2017 :
- Quand l’alcool et la drogue s’invitent au chantier
- Environnements bruyants : plus besoin de choisir entre protection et communication
- Démolir sans incident ni accident
- L’inspecteur, un allié dans la prévention des accidents de travail
- Liberté et sécurité en hauteur
- Des paliers pour pallier le risque de chute