Par Marie Gagnon

Décontamination de sols, relocalisation du centre-ville, reconstruction de bâtiments et d’infrastructures… Près d’un an après la tragédie qui a ravagé son centre-ville et décimé sa population, Lac-Mégantic reprend vie au rythme des travaux entrepris sur son territoire. La facture est élevée : aux dernières nouvelles, les coûts globaux étaient estimés à près d’un demi-milliard de dollars. Jusqu’ici, le gouvernement du Québec a versé plus de 125 millions en aide directe par le biais de ses différents ministères.

 

Aussi, pour assurer la saine gestion de la relance de Lac-Mégantic, le gouvernement du Québec a formé récemment un comité interministériel. Présidé par le député de Mégantic, Ghislain Bolduc, ce comité veillera à coordonner les activités gouvernementales visant le réaménagement du centre-ville et le développement d’un nouvel axe commercial. Lors de sa première séance de travail, le 26 mai dernier, les membres du comité se sont entendus sur la nécessité de réaliser une étude de faisabilité afin de construire une voie de contournement ferroviaire.

 

Pendant que les élus cogitent sur cette question, plusieurs chantiers ont pris leur envol au cours des derniers mois. On se souviendra que, dans l’urgence, la communauté d’affaires et la municipalité avaient mis en place, dans les mois qui ont suivi le drame, un centre-ville temporaire, rue Papineau, et aménagé des copropriétés commerciales. Celles-ci ont accueilli leurs premiers occupants au cours des dernières semaines, dont le Bar-billard Mégantic, qui a rouvert ses portes le 18 mai.

 

Un complexe funéraire

D’autres entrepreneurs n’ont pas attendu l’aide gouvernementale pour se remettre sur les rails. Parmi ceux-ci, Jean-Pierre Jacques, propriétaire du Complexe funéraire Jacques et Fils. Le 1er mars dernier, M. Jacques donnait en effet le coup d’envoi de la reconstruction de son établissement, dont les coûts sont évalués à plus de 2 millions $. Les travaux, confiés à Construction Réjean Bélanger, vont bon train. À la mi-mai, la structure d’acier du bâtiment de 12 500 pieds carrés était montée et les ouvriers s’apprêtaient à fermer l’enveloppe.

 

« Le bâtiment différera de l’ancien par son architecture contemporaine et audacieuse, souligne M. Jacques. Il se démarquera entre autres par une immense marquise au-dessus de l’entrée principale et une imposante fenestration. » L’établissement sera par ailleurs composé de trois volumes. Celui du centre sera légèrement surélevé par rapport aux autres et mis en valeur au moyen d’un revêtement acrylique gris, qui tranchera avec le noir des ailes latérales. La livraison est prévue pour le début de juillet.

 

Un supermarché

Philippe Valiquette, le copropriétaire du Métro Plus Centre-Ville a emboîté le pas, dans les semaines qui ont suivi. Le 28 avril dernier, en compagnie de dignitaires et de gens d’affaires de la région, il procédait à la pelletée de terre symbolique marquant le lancement de la construction de son nouveau supermarché qui verra le jour coin Salaberry et Montcalm. D’une superficie de 34 000 pieds carrés, soit 7 000 pieds carrés de plus que l’ancien magasin de la rue Frontenac, le projet est à évalué à 12 millions $.

 

Composé d’un seul niveau et d’un seul volume, le bâtiment dessiné par ADSP Architecte répond aux exigences du Plan d’implantation et d’intégration architecturale (PIIA) de la Ville avec sa fenestration pleine hauteur et son revêtement alliant maçonnerie et panneaux métalliques. Il sera érigé au moyen d’une structure d’acier. Sa conception comprend en outre des mesures durables, comme la récupération de chaleur provenant des équipements mécaniques, une toiture blanche et des lampes à DEL. L’entrepreneur général CEH s’est engagé à livrer l’édifice pour le début d’octobre.

 

Le Musi-Café

Lancée le 13 mai, la reconstruction du Musi-Café, où une trentaine de Méganticois ont perdu la vie, marque un autre jalon important dans la relance de la ville. Il s’agit aussi d’une étape marquante pour BONE Structure, qui en assure la réalisation par l’entremise de son partenaire autorisé Dumas inc. et signe de ce fait sa première incursion dans le bâtiment commercial. Le système de BONE Structure a été retenu en raison de sa rapidité d’exécution et de la précision de son assemblage.

 

« En six jours, la structure était entièrement montée, note le fondateur et président de BONE Structure, Marc-André Bovet. Le bâtiment sera très efficace sur le plan énergétique, puisque l’enveloppe sera composée de panneaux isolants structuraux, autrement appelés SIP. Quant au toit, il sera isolé au moyen d’uréthane giclé. L’assemblage sera très étanche, on parle d’un maximum de 0,6 changement d’air à l’heure, test de thermographie à l’appui. » Le tout sera revêtu d’une combinaison de bois, de pierre et d’aluminium qui conférera un design intemporel à l’édifice.

 

Le nouveau Musi-Café, qui sera situé à l’angle des rues Papineau et Komery, occupera une superficie de 4 500 pieds carrés dans un édifice de 6 000 pieds répartis sur deux niveaux. Il offrira 150 places assises à l’intérieur. Il comprendra aussi une terrasse de 70 places avec vue sur la rivière Chaudière et une autre de 40 places donnant sur le centre-ville. Une micro-brasserie se joindra plus tard à l’édifice. Les coûts de construction sont évalués à près de 2 millions $. BONE Structure fournit les services de conception et d’accompagnement. La réouverture est prévue vers la fin de l’été.

 

La décontamination

Autre pièce de résistance, et non la moindre, la décontamination de la zone incendiée se précise de jour en jour. Selon les études de caractérisation effectuées par la firme LVM, les volumes à traiter, toutes catégories de sol confondues, sont estimés à 310 000 mètres cubes. Les procédés de décontamination feront appel à trois techniques, soit par bioventilation, par traitement physico-chimique et par désorption thermique.

 

Comme l’indique Paul Benoît, directeur adjoint du ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (DDELC), c’est la firme Aecom qui agit à titre de gestionnaire du chantier. « Le mandat est évalué à 7,5 millions $, dit-il. Présentement, l’heure est à la mobilisation, mais les travaux d’excavation devraient débuter ces jours-ci, tout comme les activités de décontamination proprement dites. D’autres appels d’offres sont prévus, entre autres pour la démolition de bâtiments et la décontamination sous les bâtiments existants. Mais ces activités ne sont pas encore planifiées. »

 


Cet article est paru dans l’édition du vendredi 13 juin 2014 du journal Constructo. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !