La Ville d’Ottawa est en voie de réaliser un projet d’envergure inégalée et le plus important investissement de son histoire. Construite au coût de 2,13 milliards $, un montant record dans l’histoire de la Ville, la Ligne de la Confédération constitue la première phase d’un tout nouveau réseau de train léger sur rail (TLR).
Dès le printemps 2018, les véhicules ferroviaires (Alstom Citadis) traverseront Ottawa, à partir de Westboro jusqu’à Gloucester, tout en assurant la liaison avec la ligne de l’O-Train et le réseau d’autobus actuel. Le parcours prévu inclut un tunnel de 2,5 km pour la portion du centre-ville.
Le réseau de transport en commun d’Ottawa fonctionne presque au maximum de sa capacité, soit à raison de 10 000 passagers à l’heure dans chaque direction. Par habitant, ce taux est le plus élevé en Amérique du Nord. Comme la population d’Ottawa ne cesse de croître — on s’attend à une augmentation de 30 % d’ici 2031 —, la Ville devait prévoir l’expansion du réseau.
« À ce stade-ci, un TLR est plus avantageux que l’autobus, explique Nancy Schepers, directrice municipale adjointe pour la Ville. C’est une question d’efficacité de transit, mais aussi de coût d’exploitation. Il fallait trouver une solution au goulet d’étranglement que constitue le centre-ville. En ce moment, s’il y a un blocage dans cette zone, c’est tout le réseau qui en souffre. »
Le début du projet remonte à 2008, moment où le conseil de la Ville d’Ottawa approuve le Plan directeur des transports dans lequel sont définis les fondements du TLR. Quatre ans plus tard, en février 2013, un contrat de 2,13 milliards $ est octroyé au consortium Rideau Transit Group (RTG), composé d’une quinzaine de partenaires. Ce dernier prend la forme d’un partenariat public-privé, qui inclut la conception, la construction et l’entretien jusqu’en 2038 de la Ligne de la Confédération.
RTG comprend trois importantes sociétés spécialisées dans l’aménagement d’infrastructures : SNC-Lavalin (ingénierie), ACS/Dragados (construction et gestion d’infrastructures) et EllisDon (construction). Au nombre des partenaires, figurent aussi les firmes d’architecture bbb Architects, le Groupe IBI, Adamson & Associates, de même que les firmes d’ingénierie Dr. Sauer & Partners (structures souterraines), Fast & Epp (civil), Hatch Mott MacDonald (transports), MMM Group (transports) et Thurber Engineering (géotechnique).
Selon le service des communications de la Ville d’Ottawa, plusieurs appels d’offres relatifs au projet sont actuellement en cours. À titre indicatif, au 31 décembre dernier, les contrats ayant été octroyés totalisaient 651 millions $, soit environ 31 % du budget d’ensemble.
Parmi les travaux en chantier, il y a d’abord l’élargissement de l’autoroute 417, démarré depuis le printemps 2013. L’élargissement prévu sera complété à l’automne 2015 et il permettra aux autobus rapides d’y circuler pendant la conversion sur rail d’une portion du réseau actuel. Après quoi, la voie nouvellement construite sur la 417 sera réattribuée aux véhicules routiers de tous genres.
Depuis l’été 2013, et ce, pour une période de deux ans, la construction des infrastructures d’entretien et d’entreposage pour les véhicules du TLR est aussi en cours. Situées sur la voie du chemin de fer, à la hauteur du chemin Belfast et entre les stations Tremblay et Saint-Laurent, ces infrastructures polyvalentes serviront dans un premier temps au montage des trains (automne 2015 - hiver 2017). Une fois le réseau en activité, elles seront le hub des activités d’entretien : nettoyage, inspection, profilage des roues, remisage, etc. Fait à noter, les matériaux provenant des bâtiments à déconstruire sur le site actuel seront recyclés ou réutilisés pour la construction des nouvelles installations.
En parallèle, toujours depuis l’été dernier, la construction du tunnel bat son plein sous le centre-ville. Elle se poursuivra jusqu’à l’automne 2017. Élément clé du projet, le tunnel sera excavé de manière séquentielle par le biais de trois points d’accès. Les travaux sont effectués à une profondeur qui varie entre 16 et 24 mètres.
À ce sujet, un incident a surpris l’équipe de projet en février dernier. La rencontre de la machine de traçage avec une zone de matériel non compacté a causé l’effondrement de la chaussée de la rue Waller, à l’angle de Laurier. « Nous étions très satisfaits de la réaction du consortium, commente Nancy Schepers. Il a pris en charge la gestion de l’incident sans chercher de coupable. Cela fait partie des risques et responsabilités qui lui ont été transférés. »
D’ici 2021, la Ligne de la Confédération générera des économies d’exploitation de 16 millions $ par an pour OC Transpo, sans compter les retombées économiques sur la création d’emplois, évaluées à 3,2 millions $.
En matière de développement durable, le remplacement des autobus et des voitures par le TLR électrique permettra de réduire les émissions de dioxyde de carbone d’environ 38 000 tonnes par année d’ici 2031. De plus, pour rendre son offre encore plus compétitive, RTG a proposé une technologie qui sera 40 % plus efficace que certains TLR, notamment grâce à un système de freinage avec récupération d’énergie. Notons également qu’une somme de 27 millions $ est budgétée pour améliorer le réseau des pistes cyclables.
Cet article est paru dans l’édition du vendredi 25 avril 2014 du journal Constructo. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !