Bien que le Code national du bâtiment du Canada de 2020 permette les hautes structures en bois jusqu’à 12 étages, la construction en bois d’œuvre massif encapsulé (CBOME) rend certains constructeurs et assureurs inquiets et incertains. Comprendre le nouveau type de bâtiment et son impact sur les projets et ses implications en matière d’assurance est important pour tous les acteurs de la construction actuels.
La plus haute structure en bois se trouve ici-même, au Canada. La résidence étudiante Brock Commons de l’Université de la Colombie-Britannique compte 18 étages pouvant abriter plus de 400 étudiants. Construit en 66 jours seulement, le projet a permis de réduire la main-d’œuvre et de réduire les émissions de CO2 de 2 432 tonnes métriques, ce qui équivaut à retirer 500 voitures de la route pendant un an.
Le Code national du bâtiment du Canada de 2020 permet des structures plus hautes en utilisant des composants de construction en bois massif. Avec les vastes forêts gérées de manière durable chez nous, il n’y a aucune raison de ne pas le faire. Les préoccupations croissantes concernant les ressources renouvelables, de même que l’empreinte de carbone, sont des arguments en faveur d’une plus grande utilisation du bois dans la construction moderne. Le Code de 2020 se concentre de plus en plus sur la durabilité et l’industrie recherche des matériaux qui lui donneraient des crédits LEED supplémentaires. Les produits en bois massif peuvent répondre à ces critères.
Les produits en bois massif, dont le bois lamellé croisé (CLT), le bois lamellé cloué (NLT), le bois lamellé-collé (Glulam) et le bois lamellé à chevilles (DLT), deviennent de plus en plus courants dans la construction moderne. Ces produits sont considérés comme des composants structurels et les essais d’inflammabilité ont prouvé qu’ils dépassaient de loin la norme de résistance au feu de 2 heures imposée par les codes du bâtiment.
De plus, construire avec du bois est plus rapide grâce à la préfabrication hors site et à l’assemblage, ce qui réduit considérablement les délais du projet. En procédant ainsi, les sous-traitants peuvent commencer à travailler plus rapidement dans les étages inférieurs, ce qui permet d’optimiser les projets et de réduire les coûts.
L’efficacité et les réductions de coûts engendrent de nouveaux risques et de nouvelles responsabilités
Être à la pointe des avancées dans la construction de grands immeubles présente certes des avantages, mais présente également des risques. Certains des problèmes à connaître sont :
- Fournisseurs : L’offre de produits de bois massif est limitée. Il se peut qu’il n’y ait pas assez de manufactures de produits de bois massif pour fournir tous les entrepreneurs généraux voulant construire des bâtiments CBOME. Avec le Code national du bâtiment du Canada et le Code du bâtiment de la Colombie-Britannique, nous pouvons anticiper une augmentation significative de la demande de matériaux de bois massif et une offre limitée pourrait présenter des défis. Les interruptions de constructions et les délais faute d’approvisionnement créent un nouveau risque pour les entrepreneurs.
- Travailleurs : Un nombre croissant de travailleurs devront se familiariser et devront être formés dans l’installation des produits de bois massif. À court terme, il pourrait s’avérer difficile pour les entrepreneurs généraux de trouver des employés pour leurs projets. Les accidents de travail, le manque de main-d’œuvre techniquement qualifiée et la pénurie de main-d’œuvre peuvent avoir des conséquences sur les calendriers des projets et ils peuvent accroître la responsabilité et les manquements contractuels pour les entrepreneurs. D’un autre côté, les diminutions potentielles de la circulation sur les chantiers et le processus de préfabrication pourraient amener des améliorations dans la sécurité des travailleurs sur les sites CBOME.
- Problèmes de rendement : Votre bâtiment est aussi fort que chacune de ses parties. En d’autres mots, il est impératif que les produits du fabricant soient de la plus haute qualité. Si le fabricant ne rencontre pas les spécifications de conception, les composants risquent de subir une défaillance. Dans un projet récent, un défaut de fabrication a entraîné un effondrement nécessitant le remplacement de nombreux composants en bois massif. Cela a retardé le projet, entraîné une augmentation des coûts et a engendré de coûteux problèmes juridiques. Pour réduire leur responsabilité, les entrepreneurs doivent tenir compte des normes de contrôle de la qualité et de la responsabilité du fournisseur en cas de défaut de construction. C’est une étape clé dans la réduction du risque.
Assurance
Du côté des assurances, la question importante est le tarif. Ces hautes structures en bois constituent une nouvelle catégorie de construction. Elles ne sont pas des constructions à ossature en bois, incombustibles ou en béton. La tarification d’un nouveau type de construction (pendant la phase de certification de conformité et une fois que le bâtiment est occupé) peut être difficile.
De plus, comme il n’y a pas une longue histoire de réclamations associées aux hautes structures en bois, il y a beaucoup d’inconnus. En quoi les réclamations pour dommages causés par l’eau ou par le feu des bâtiments CBOME seront-elles différentes des processus de réclamation actuels? Avec quelle facilité peut-on réparer ou remplacer des composants par rapport à un autre type de matériaux de construction? Les demandes d’indemnisation dans les immeubles CBOME feront l’objet d’une étroite surveillance dans un proche avenir.
Bien que les produits en bois massif existent depuis un certain temps, l’industrie canadienne de la construction verra de plus en plus de ces grands immeubles CBOME en raison des récents changements apportés aux codes. Bien que certains assureurs hésitent devant ce risque, avec le bon courtier, vous pouvez adopter ce nouveau type de bâtiment et viser plus haut.
Les experts en construction de HUB International sont à votre disposition pour vous aider à comprendre les risques associés aux hautes structures en bois, pendant et après la construction.
* Par Dave Barthel, expert-conseil principal en services de gestion de risques chez HUB