Câblage structuré – Un métier de beau-frère devenu high-tech

13 février 2012
Par Benoit Poirier

Être en bonne forme physique, ne pas avoir le vertige, avoir le sens de l’observation et de l’organisation, une bonne dextérité ainsi qu’une excellente capacité d’analyse et de résolution de problèmes. Voilà autant de qualités essentielles, mais s’avérant insuffisantes pour qui veut pratiquer le métier de technicien en câblage structuré.

 

« On dit souvent à la blague qu’avant, c’était un métier de beau-frère. Mais, maintenant, le câblage structuré c’est très technique. Il y a des normes à connaître, des standards à suivre », explique Dany Potvin, président de LP Télécommunications, de même qu’ex-président et actuel vice-président de l’Association des entrepreneurs en réseaux de câblage structuré (AERCS).

 

Aujourd’hui reconnu et régi par le BICSI, organisme international regroupant des membres d’une centaine de pays, le métier de technicien en câblage structuré est devenu complexe, ses normes strictes et les techniciens compétents qui le pratiquent recherchés.

 

« On n’a jamais installé autant de fils que depuis qu’on installe des réseaux sans fil ! », s’exclame celui dont l’entreprise familiale plus que trentenaire se spécialise dans le câblage structuré et la fibre optique. L’entreprise assure aussi la gestion d’une grande portion du parc de téléphones publics de Bell Canada au Québec.

 

Formation sur mesure et continue

C’est ainsi que le Comité sectoriel de main-d'œuvre en technologies de l'information et des communications (TIC), TECHNOCompétences, lançait officiellement, le 10 novembre 2011, pour la région de Montréal, le programme d’apprentissage en milieu de travail (PAMT) dédié au métier de technicien en câblage structuré.

 

Le nouveau programme a été mis sur pied de concert avec les entreprises du secteur, l’AERCS et le Syndicat canadien des communications, de l’énergie et du papier (SCEP-Québec), à l’aide d’un financement de la Commission des partenaires du marché du travail (CPMT).

 

Maintenir et accroître le niveau de compétences

Le projet est né à la suite de deux études de pertinence menées par TECHNOCompétences. La première, effectuée en 2003, a permis au métier de technicien en câblage structuré d’être officiellement reconnu. La seconde étude, réalisée en 2009, a confirmé l’intérêt du secteur du câblage structuré pour l’implantation d’un PAMT.

 

L’établissement d’une norme professionnelle et de ses outils afférents vient assurer le maintien et le rehaussement des compétences des techniciens et techniciennes en câblage structuré, croient les intervenants du secteur.

 

« On est maintenant à même de prendre des nouveaux arrivants dans l’industrie et de les former pour qu’ils deviennent de bons techniciens », s’enthousiasme Dany Potvin.

 

« Le gros avantage de ce nouveau PAMT ce sont, pour les employeurs, les crédits d’impôt qui sont liés aux salaires de l’apprenti, avoir accès à des outils de formation complets, obtenir la reconnaissance de ses employés, de ses compagnons. Ça permet d’uniformiser la formation, qui se faisait de toute façon sur une base informelle », plaide pour sa part Geneviève Brouillette, responsable du projet de PAMT chez TECHNOCompétences.

 

Geneviève Brouillette, TECHNOCompétences

En concertation avec les partenaires de l'industrie, l’organisme a comme mission de soutenir et de promouvoir le développement de la main-d'œuvre et de l'emploi dans le secteur des TIC afin que son expertise soit reconnue mondialement. Il a comme objectifs d’améliorer la connaissance, d’accroître les compétences et le bassin de la main-d'œuvre en plus de celui d’optimiser les pratiques de gestion des ressources humaines dans les entreprises du secteur des TIC.

 

Parallèlement à ce nouveau programme, l’AERCS et le Centre de formation professionnelle Léonard-de-Vinci (Commission scolaire Marguerite-Bourgeoys) sont à développer un programme de formation de 735 heures. Ce programme d’études permettra à des personnes sans emploi d’intégrer ou de réintégrer le marché du travail par l’acquisition de compétences techniques liées au métier de technicien en câblage structuré.

 

Il s’ajoutera à l’actuel programme de perfectionnement de 150 heures destiné à des techniciens et techniciennes d’expérience.

 

Un secteur en croissance

Au Québec, on dénombre moins d’une centaine d’entreprises spécialisées dans le domaine du câblage structuré. La majorité sont de taille modeste — 85 % d’entre elles emploient moins de 10 travailleurs. Au nombre d’un millier, leur moyenne d’âge se situe entre 25 et 30 ans.

 

L’évolution technologique et les vagues d’acquisitions et de rationalisation amènent souvent les petites, moyennes et grandes entreprises à réaménager leurs lieux de travail, voire à déménager dans de tout nouveaux locaux. Il en est de même pour les organismes privés et publics.

 

En découle une croissance constante des besoins en infrastructures liées aux télécommunications, secteur qui offre de bonnes perspectives d’emplois.

 

Les entreprises de câblage structuré agissent souvent comme sous-traitants pour des transporteurs de données, de voix ou d’images. Ainsi, ils travaillent fréquemment en étroite collaboration avec les fabricants, auprès desquels les installateurs doivent s’accréditer.

 

« C’est constamment en renouveau et en formation. Les manufacturiers vont même jusqu’à obliger les entreprises qui sont certifiées à venir suivre les mises à niveau des connaissances de leurs produits pour s’assurer que ce soit installé de façon adéquate », indique le vice-président de l’AERCS.

 

Télécommunication câblée et câblage structuré : ne pas confondre

Le technicien en service de télécommunication câblée — métier avec lequel il arrive de confondre celui de technicien en câblage structuré — installe, entretient et répare des câbles et des fils dans des résidences ou, dans le cadre de projets d’envergure, effectue des branchements, ajuste des tonalités, etc. Il arrive, pour ainsi dire, en bout de ligne.

 

Mais c’est au technicien en câblage structuré que revient le soin d’installer, de réaménager et de réparer des fils et des câbles « non vivants » (fibre optique, câblage coaxial, cuivre torsadé). Une fois branchés, ceux-ci seront reliés à des postes téléphoniques, des ordinateurs, des caméras de surveillance, aux innombrables périphériques d’un hôpital ou d’un campus, etc.

 

« Nous, on s’occupe de l’infrastructure du câble et, eux, de faire les branchements. Nous on fournit l’autoroute, eux fournissent le bolide », image Dany Potvin.

 

Les techniciens œuvrent souvent en équipe, principalement dans les secteurs industriel, commercial ou institutionnel, sur des chantiers de construction neuve ou lors de travaux de rénovation ou de réaménagement. Les installations de câbles sont intérieures, souterraines ou aériennes.

 

Un métier captivant et en demande

À l’instar de tout métier, celui de technicien en câblage structuré pose divers défis, le principal étant de jumeler créativité et travail manuel, souligne Dany Potvin : « Passer un câble peut être très manuel ; on peut travailler avec des outils, on doit faire des percements, des choses spécialisées. Mais, en même temps, ça prend des gens qui sont créatifs, parce que les chemins de câbles ne sont pas toujours évidents à trouver ! »

 

Le travail s’avère en effet bien différent selon que l’on soit affecté à une construction neuve ou plutôt à un projet de rénovation ou de réaménagement de bureaux. « Parfois, ils peuvent passer 100 câbles dans une journée, mais dans une vieille bâtisse, ils vont en passer que deux ou trois ! »

 

Des conseils à ceux et celles que le métier intéresse ?

« D’aller de l’avant ! Parce que c’est un métier qui est de plus en plus en demande, signale Dany Potvin. Ce n’est pas un métier qui est endormant, routinier. Les défis sont constants, les horaires de travail sont changeants. C’est quelque chose de pas mal le fun. Et on a besoin de relève ! »

 

« C’est un métier qui est intéressant, stimulant, qui offre de nouveaux défis, où tu changes beaucoup d’environnements de travail, où il y a de la résolution de problèmes. C’est à la fois physique et minutieux », fait pour sa part valoir la porte-parole de TECHNOCompétences.

 

Mais, contrairement aux techniciennes en télécommunication — autre secteur non traditionnel qui n’exige pas de devoir trimbaler beaucoup d’équipement, souvent lourd et encombrant —, le métier de câbleuse ou de tireuse de fils, comme on le nommait autrefois, attire peu les femmes.

 

« Il y en a, mais pas beaucoup. C’est vraiment marginal. Oui, il y a de la place pour les femmes ; tout le monde est ouvert ! Mais il faut savoir que c’est un métier qui est physiquement exigeant et les horaires sont souvent atypiques », observe Geneviève Brouillette.

 

Pour en savoir plus :

 

Profil du métier de technicien en câblage structuré, incluant une capsule vidéo


Capsule vidéo sur les PAMT développés par TECHNOCompétences


Programme d’apprentissage en milieu de travail chapeauté par Emploi-Québec

 


Pour tout comprendre sur le PAMT, lisez aussi notre article Info+ Partir gagnant grâce au PAMT disponible dans la section Ressources humaines et affaires du Portail Constructo.