Trop de travailleurs de la construction décèdent accidentellement

Communiqué

La gestion déficiente de l'employeur et du maître d'œuvre quant à l'utilisation d'une nacelle figure parmi les causes de l'accident ayant provoqué, le 10 février 2010, le décès de M. Guillaume Boudreault sur le chantier d'agrandissement du Manoir Notre-Dame à Roberval. On se souviendra que le travailleur a été éjecté de la nacelle qu'il opérait lorsque l'engin a glissé au bas d'un talus en bordure de l'édifice en construction.

 

La CSST rappelle aux employeurs et aux maîtres d'oeuvre leur obligation prévue à la Loi sur la santé et la sécurité du travail (LSST) d'assurer la sécurité et l'intégrité physique de leurs travailleurs, notamment en s'assurant que les méthodes et techniques de travail soient sécuritaires. Cela comprend, entre autres, le choix d'équipements adéquats et l'analyse des risques reliés au lieu de travail. Rappelons qu'au Québec, en 2009, 16 travailleurs de la construction sont décédés accidentellement.

 

La nacelle glisse dans le talus ; l'opérateur éjecté percute un mur

À l'aide d'une nacelle à mât télescopique, deux travailleurs posent du bardeau en bordure du toit de l'édifice en construction. Pour terminer cette tâche, ils doivent avancer la nacelle d'environ 60 cm. Le mât abaissé, l'opérateur tente d'avancer vers le bâtiment, mais deux roues tournent sur elles-mêmes puisque le sol est glacé. Pour se donner un élan, il recule d'environ 30 à 60 cm et repart vers l'avant. Le signaleur lui indique d'arrêter la nacelle dès qu'elle atteint l'endroit prévu. Au freinage, les roues se bloquent et glissent.

 

La nacelle dérape dans le talus situé devant l'appareil. Dans sa descente, elle pivote et frappe le mur du bâtiment en construction. Le mât subit un coup de fouet. L'opérateur est alors éjecté du panier de la nacelle, il heurte la façade du bâtiment existant et tombe au sol d'une hauteur d'environ 3,5 m.

 

La CSST retient trois causes pour expliquer l'accident

D'abord, le travailleur est éjecté du panier de la nacelle sous l'effet d'un coup de fouet. Le port du harnais aurait permis d'éviter sa chute au sol, mais le travailleur aurait quand même percuté le bâtiment existant situé à un mètre. L'impact contre le mur à une vitesse de 30 à 40 km/h était suffisant pour provoquer des blessures graves, voire mortelles.
   
Ensuite, la gestion est déficiente quant à l'utilisation d'une nacelle.

Ni l'employeur ni le maître d'œuvre n'avaient à leur programme de prévention de protocole de vérification pour le travail à l'aide d'une nacelle, incluant notamment le sablage des aires de circulation.

 

Enfin, les capacités de traction et de freinage d'une nacelle à deux roues motrices sont limitées sur un sol glacé. En effet, l'utilisation d'une nacelle à deux roues motrices a nécessité un élan pour avancer. L'effet de cet élan, combiné à une capacité de freinage moindre et à un sol glacé, expliquent sans doute l'incapacité de stopper l'engin à l'endroit prévu.

 

La CSST exige une procédure de vérification

À la suite de l'enquête, la CSST a exigé de Construction Habitat 2000 et de Construction Techno-Bois qu'ils incluent à leur programme de prévention respectif une procédure de vérification préalable à l'utilisation d'une nacelle, comprenant par exemple l'analyse des risques sur les lieux de travail tels les trous, les fils électriques, les talus, la glace, etc.

 

Tout faire pour qu'il n'arrive rien !

Au Québec, le secteur de la construction demeure l'un des plus touchés par les accidents et les maladies du travail. Pourtant, ces lésions professionnelles peuvent être évitées par une gestion permanente de la santé et de la sécurité sur les chantiers. Pour ce faire, l'employeur, le maître d'œuvre et les travailleurs doivent faire équipe et participer à l'identification et au contrôle des dangers. Bref, il faut Tout faire pour qu'il n'arrive rien !

 

Source : Gouvernement du Québec