Sur un chantier, le micro-dynamitage permet de concasser rapidement les couches de roches naturelles, accélérant ainsi le processus d’excavation qui, avec l’utilisation seule du marteau-piqueur, serait plus chronophage et plus dispendieux. C’est d’ailleurs la technique utilisée à l’heure actuelle sur le chantier de l’Îlot Rosemont, situé au-dessus de la station du même nom, à Montréal. Zoom sur un processus efficace et sur l’encadrement nécessaire pour le mener à bien.
Dans l’inconscient collectif, la dangerosité du dynamitage se trouve d’abord dans les jets de débris occasionnés par la force de l’explosion. Mais le premier risque auquel les professionnels et les riverains doivent faire face se veut en fait le monoxyde de carbone (CO) dégagé par le souffle de l’explosion. Ce gaz incolore et inodore, qui reste mortel s’il est inhalé, peut se déplacer au gré des lignes de faiblesse dans le sol et rejoindre des habitations avoisinantes pour s’y concentrer. Afin de prévenir une telle éventualité, les riverains se voient remettre un détecteur de monoxyde de carbone et sont amenés à suivre une courte formation pour en connaitre le fonctionnement.
Cette mesure n’en est qu’une parmi tant d’autres, comme l’explique Isabelle Garon, directrice de projets à l’Office municipal d'habitation de Montréal (OMHM) : « Sur chaque forage (dans lesquels la dynamite est installée) on met un lit de pierre concassée. [...] On ajoute à cela des matelas de pneus recyclés, chaque matelas pèse 5000 livres et on en met 14 pour recouvrir chaque micro-dynamitage.»
Déroulement du dynamitage
Un coup de sirène retentit systématiquement pour annoncer le dynamitage sur le chantier. Une sirène au son de laquelle toutes les machines et tous les ouvriers doivent s’arrêter et sortir à l’extérieur du périmètre préalablement préparé par le boutefeu (la personne chargée du dynamitage). Une fois le chantier stoppé, 12 coups de sirène retentissent, l’explosion étant déclenchée exactement 30 secondes plus tard.
Le 1er dynamitage, un test de structure et de coordination
La première détonation sur un chantier permet de vérifier si tous les services sont aptes à réagir et à se coordonner en cas d’incident. Concernant le chantier de l’Îlot Rosemont, qui entoure l’édicule de la station Rosemont, le service de métro a été arrêté lors de la première explosion entre les stations Laurier et Beaubien de la ligne orange. Il fallait vérifier si la structure de l’édicule pouvait absorber le choc du dynamitage, ce pourquoi plusieurs sismographes ont été installés un peu partout dans la structure et dans l’immeuble adjacent. Les services Incendie de la Ville de Montréal étaient alors présents et encadraient cette première explosion. Notons qu’en cas d’explosion à moins de huit mètres du trottoir, la fermeture de ce dernier est requise tout au long du processus de dynamitage.
Pour toutes les explosions suivantes, le surintendant du chantier ainsi que le responsable de la santé sécurité au travail ont accès aux résultats obtenus par les sismographes installés sur le chantier et aux alentours à partir de leur cellulaire. Le gérant de chantier reçoit quant à lui un rapport de chaque sautage pour vérifier si tous les critères de sécurité ont été respectés.
Ce sont près de 3 700 mètres carrés sur le chantier de l’Îlot Rosemont qui ont fait l’objet de dynamitage tout au long du mois de décembre 2019. Les explosions ont engendré 14 000 tonnes de roc qui ont été transportées dans une carrière pour être ensuite réutilisées.