Et s’il était possible de mettre à profit l’intelligence artificielle pour sauver des vies? L’idée n’est pas utopiste. Une entreprise du Saguenay s’y affaire depuis 1986 avec le logiciel CONFORMiT.
«CONFORMiT tient son nom de sa fonctionnalité principale, soit de soutenir les entrepreneurs en temps réel dans leur obligation à se conformer aux exigences des lois et normes applicables pour la santé, la sécurité et l’environnement », explique Éric Desbiens, président et directeur général de l’entreprise du même nom. Ce logiciel intègre notamment une série de formulaires et de procédures liés à la santé et la sécurité des travailleurs, qui servent à réduire les risques de blessure ou d’accident grave. Dans le fonctionnement du logiciel, quelques étapes cruciales permettent de protéger davantage les travailleurs : (1) la collecte de données, (2) l’analyse par intelligence artificielle des données confidentielles, puis (3) l’automatisation de communications pertinentes pour les gestionnaires et travailleurs, telles les causes potentielles d’incidents/accidents, les mesures préventives et les mesures correctives.
Comme le logiciel couvre la gestion SSE (santé, sécurité, environnement) de la stratégie jusqu’aux opérations, une foule de données utiles y sont consignées et donc disponibles pour l’analyse.
Au fur et à mesure que les renseignements SSE sont intégrés dans l’outil, la base de données est nourrie et les corrélations se multiplient. Ce processus permet de détecter certaines tendances, telles une augmentation d’un certain type d’évènement, des blessures fréquentes sur une partie du corps en particulier ou encore un moment critique propice aux incidents. C’est alors que l’image donnée par le président directeur général de l’entreprise frappe : « Si l’occurrence de blessures légères aux mains sont récurrentes, un jour ou l’autre, il y aura un accident grave ou une fatalité en lien avec ces évènements. » C’est pourquoi les fonctions de collecte et d’analyse du logiciel sont si pertinentes. Leur systématisation et l’automatisation des suivis permettent de sauver des vies.
D’autres données sont également collectées pour alimenter l’intelligence artificielle développée par CONFORMiT. Les procédures d’inspection d’équipement, les fiches de cadenassage et les répertoires de risques en sont quelques exemples. Cependant, si la consignation de l’information est omise, des éléments pertinents à la SSE ne seront pas mis en lumière.
Voilà l’amélioration majeure sur laquelle planche l’équipe d’Éric Desbiens, mais aussi des chercheurs universitaires et des clients qui testent présentement une version pilote du logiciel. « Nous développons la reconnaissance d’évènements par imagerie », dit-il. Concrètement, ce sont les collisions ou encore les collisions évitées de peu qui sont actuellement détectées par caméra et ensuite calibrées. L’imagerie peut également déceler des énergies dangereuses ou des équipements pour fournir au travailleur, au moment opportun, les procédures applicables et les risques qui l’entourent. On parle alors de réalité augmentée.
« Il est vrai que tout ce monde d’intelligence artificielle et d’imagerie peut faire peur ou susciter une certaine résistance au changement, indique M. Desbiens. Or, l’objectif demeure de sauver des vies et de protéger les travailleurs. Ultimement, affirme-t- il, nous souhaitons que les utilisateurs se sentent en confiance par rapport aux normes de santé et de sécurité au travail. La clé du succès réside dans une approche graduelle et bien expliquée auprès des personnes principalement concernées. »
Avec un brin de philosophie, il ajoute : « Foncièrement, l’humain n’aime pas perdre son temps ou être inefficace. CONFORMiT permet de nourrir ce désir d’efficacité sans pour autant négliger la sécurité des travailleurs. » À cet effet, on peut d’ailleurs lire à plusieurs reprises sur le site web de l’entreprise que cet outil logiciel sert à optimiser l’efficacité et la productivité, tout en servant l’objectif de la santé et la sécurité au travail.
Selon M. Desbiens, le rendement de l’investissement de l’implantation d’un tel outil peut être de quelques années seulement. Et ce, parce qu’il permet à la fois de réduire les risques d’accident, d’améliorer la productivité, d’assurer une conformité législative ainsi que de créer une culture SSE.
L’outil développé au Saguenay est notamment utilisé dans les domaines miniers et pétroliers. En ce qui a trait au domaine de la construction de bâtiments, Éric Desbiens a une vision bien précise quant à la protection des travailleurs et des exploitants : « Pourquoi l’information sur la santé, la sécurité et l’environnement ne serait-elle pas Livrée avec l’ensemble du bâtiment ? »
Cette perspective rejoint celle d’exploiter le BIM (Building Information Modeling) non seulement pour la construction, mais également pour l’opération des bâtiments. Ainsi, il n’y aurait pas, ou très peu, de perte d’information cruciale au début de la phase d’exploitation d’un bâtiment neuf ou entre les phases de construction.
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Cet article est tiré du Supplément thématique – Santé et sécurité 2018. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !
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