Rédaction

Resserrement des règles d’éthique, remodelage de la structure organisationnelle, révision des pratiques administratives et des processus d’affaires… Un véritable vent de changement souffle sur la Commission de la construction du Québec (CCQ) depuis l’arrivée de Diane Lemieux à la tête de l’organisme, le 25 janvier dernier.

 

Il faut dire que la nouvelle présidente-directrice générale est entrée en poste alors que la CCQ était plongée dans la tourmente, heurtée au passage par les allégations de corruption, de fraude et de collusion qui secouaient au plus fort le milieu de la construction. Celle qui est reconnue pour son fort tempérament et son franc-parler devait donc rapidement poser des gestes visant non seulement à redorer le blason de l’organisme, mais aussi à le repositionner pour qu’il puisse pleinement veiller au bon fonctionnement de l’industrie.

 

« Depuis un an et demi, pour ne pas dire deux ans, l’industrie de la construction se faisait brasser pas mal, ne manque pas de rappeler l’ex-ministre provinciale en entrevue avec Constructo. Des questions de fond ont été soulevées, des exemples concrets ont été mis en évidence, problématiques évidemment. Il y a aussi des exemples concrets de situations problématiques qui ont été illustrés au sein et à partir de la CCQ.

 

« Cette organisation un peu déroutée m’a donc vu débarquer avec le profil qu’on me connaît, poursuit-elle, en laissant tomber dans un grand éclat de rire qu’elle est pourtant ״plus gentille que ce que les gens pensent״. Il fallait s’apprivoiser l’un et l’autre, sachant que l’on était dans un contexte difficile (…). Et je n’avais pas tant de temps que ça devant moi pour qu’on puisse se comprendre. »

 

C’est ainsi que seulement trois semaines après son arrivée, elle décide de faire parvenir aux 1 000 employés de la Commission le code d’éthique adopté quelques mois auparavant par le conseil d’administration, en plus de donner son aval à la mise en œuvre du plan de formation l’accompagnant. « C’était pour moi un geste plus que symbolique, commente-t-elle, mais une manière de marquer que la CCQ peut et doit aller ailleurs. »

 

Sous sa houlette, d’autres gestes significatifs sont vite posés pour insuffler une nouvelle crédibilité à la CCQ, notamment en matière de prévention des conflits d’intérêts. Comme l’envoi à tout le personnel d’un formulaire de déclaration d’intérêt ou la mise en place d’un programme d’habilitation sécuritaire à l’intention des employés oeuvrant à l’inspection. Ou encore la décision de retirer au conseil d’administration le choix final des inspecteurs au profit d’un processus de dotation standard.

 

Diane Lemieux ne tarde pas également à s’engager dans une révision de la structure organisationnelle de la CCQ, histoire de se doter d’une ligne de commande plus fluide et plus proche d’elle. « Actuellement, observe-t-elle, c’est une structure qui est très verticale. Moi, je préfère des plus petites directions, mais plus opérationnelles. On a des services à rendre et il faut s’assurer que la manière dont on s’y prend nous permet d’avoir les meilleurs résultats. »

 

C’est qu’aux yeux de la nouvelle pdg, la CCQ doit en venir à se positionner à l’avant-garde des meilleures pratiques de gestion pour soutenir le développement de l’industrie, d’autant plus dans un contexte où l’activité de construction s’annonce à la hausse pour les prochaines années. Elle entend donc amener l’organisation à voir comment elle pourrait livrer ses services aux employeurs et aux travailleurs le plus efficacement possible et au meilleur coût de revient, notamment en recourant à de nouveaux outils technologiques.

 

Adresser les problèmes

Diane Lemieux n’hésite pas non plus à adresser « les problèmes qui traînent », selon son expression, par exemple le système de référence de la main-d’œuvre. Elle explique : « La question du placement syndical, elle est dans l’air depuis bien longtemps. La ministre du Travail a annoncé un certain nombre de chantiers pour essayer de revoir un certain nombre d’éléments importants de la loi R-20. Sur le placement syndical, moi je dis qu’on est capable d’en parler. Je vais mettre les énergies et je vais challenger les partenaires à ce niveau-là. On va arrêter de tourner autour du pot, puis on va comprendre c’est quoi le problème et on va trouver la solution appropriée.

 

« J’ai essayé de m’attaquer à une série de petites et grandes choses qui traînent, qui contaminent et qui, surtout, ne nous donnent pas le sentiment d’avancer, ajoute-t-elle. Si on veut garder nos gens mobilisés (à la CCQ), il faut qu’ils sentent que ce sur quoi ils travaillent va quelque part. »

 

La pdg souhaite bien sûr que les changements qui s’opèrent à la CCQ aient des effets positifs sur le milieu de la construction. Mais elle note qu’en même temps, elle a le devoir d’observer ce qui se passe dans l’industrie et de pointer ce qui peut la rendre vulnérable à la collusion et à la corruption. Et en ce sens, elle avance notamment que les patrons vont devoir mieux s’organiser pour rétablir un rapport de force avec les syndicats. « Moi, je crois à l’équilibre, dit-elle. Si c’est déséquilibré, ça aussi ça nous rend vulnérables. »

 

Pour Diane Lemieux, il est clair que l’industrie doit avoir le courage de regarder ce qui, dans les faits, la rend si vulnérable aux accusations qui ont été portées envers elle dernièrement. « S’il y a des gens qui pensent que c’est juste une tempête, que c’est un peu superficiel tout ça et que ça va se placer tout seul, eh bien, ils se trompent », conclut-elle.  

 


Cet article est paru dans l’édition du vendredi 27 mai 2011 du journal Constructo. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !